Ils sont bien différents les uns des autres les jeunes que je côtoie, des élèves des 5ème-3ème de Beauvais aux jeunes catéchumènes, des détenus en prison, des jeunes, des enfants, des adultes de l’association Rosalie et de la colo vécue en juillet avec 45 enfants aux « regardantes » de la vie des Filles de la Charité…
Et pourtant ils ont bien des points de ressemblance.
Qu’en dire ?
Je suis émerveillée de voir à quel point ils sont sensibles aux témoignages de ceux qui vivent la proximité avec les exclus de notre société, ou des adultes qui croient en eux.
Beaucoup de jeunes aspirent à un monde de fraternité, de justice, de paix et de bonheur ; ils regardent alors l’avenir avec espoir.
S’ils sont capables du pire (drogue…), ils sont aussi capables d’espérance, mais à condition que nous les laissions être acteurs. Accompagnons-les, qu’ils deviennent « prophètes » dans le monde associatif comme dans l’Eglise.
Ils nous regardent, ne trouvent pas de cohérence entre nos «dire» et nos « faire » qui ne sont donc pas témoignage pour eux, me semble-t-il.
Sommes-nous audacieux pour aujourd’hui ?
Avec les 5ème, les 3ème … je m’éloigne de « leur livre »et je pars de leur vie… çà roule… çà vit.
Le jeune, je le rencontre sur le trottoir, dans la rue, le bus, derrière les barreaux, en équipe… il a soif d’affection et d’estime ; je m’y investis.
Une pastorale d’évangélisation en 2018 est à inventer. Le Pape François invite les Filles de la Charité à créer du neuf comme l’a fait St Vincent. J’ose et j’ « avance en eau profonde ». Le jeune de la ZUP de me dire « mon bonheur serait de réussir ». Leur vie aujourd’hui se déroule hors des murs et de la famille. Le mot « foi » ne veut plus rien dire pour eux, je m’interroge : le mot « confiance » résonne… alors « est-ce que je fais confiance » ?
Ce mot, je suis convaincue recouvre une réalité dont je suis convaincue et, en même temps, il me fait peur… j’écoute celui qui « tue », celui qui comme Samuel dit « me voici » et les jeunes qui viennent frapper chez les Filles de la Charité.
Ecouter, accompagner tous les jeunes c’est un Cadeau de Dieu ; que ce soit le tueur ou les regardantes (au nombre de 5 actuellement). Il me faut les écouter et les regarder avec des « lunettes roses », leur vécu est une longue histoire, ce n’est pas la mienne, mais elles m’apprennent à voir que le monde est sans cesse en mouvement avec ses valeurs ; que la création est audacieuse : regardons les femmes dans l’Evangile, cette audace quand elles racontent la Résurrection de Jésus ; les Apôtres disent qu’elles radotent. Cette audace demande du temps, de la patience et du courage, « OSONS » dit le document inter-assemblée.
Ma foi n’est pas un leurre, elle est une dynamique intérieure et extérieure.
Croire en l’autre, j’en suis convaincue quand j’accompagne un détenu, un jeune, une regardante ; je dois croire en eux, ils peuvent faire bouger le monde ; je dois espérer avec eux et les aimer tels qu’ils sont.
En un mot : avoir « confiance » et avancer.
Je dois faire confiance et prendre du temps pour écouter celui qui vient à ma rencontre. Me convertir à l’aujourd’hui dans ce milieu des jeunes où la Compagnie m’envoie. Etre dérangée et persévérer dans ma mission, dans ma prière et celle de la communauté locale.
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