MONTDIDIER 1825-1980: 155 ans de présence
Montdidier est une commune française située dans le département de la Somme
qui appartient aujourd’hui à la Région « Hauts-de-France ».
L’Hospice est établi à la fin du XVIIème siècle. Mademoiselle Geneviève LEMPEREUR (noble de Paris, originaire de Montdidier) achète une propriété au faubourg de Roye, lieu-dit « La Métairie », pour y fonder un Hôpital-Hospice.
Quelques années après sa nièce, Mademoiselle Anne-Marguerite RALLU, attache à la direction de l’Hospice des religieuses dites de la Sainte Trinité. Elle appelle un chapelain, crée une apothicairerie, rétablit un orphelinat et une Maison de Retraite pour des Dames pensionnaires.
Elle obtient de Louis XV des lettres patentes, qui confirment celles reçues de Louis XIV 25 ans avant.
L’organisation primitive de l’Hospice subsiste jusqu’à la période révolutionnaire.
Le début du XIXème siècle marque une étape nouvelle dans le fonctionnement des Services hospitaliers.
En 1825, l’Hôpital est rénové et confié aux Sœurs de Saint Vincent de Paul. Le Contrat de 1861 fixe à dix Sœurs leur nombre.
L’œuvre prend un nouvel essor, soutenu par des dons et legs de Bienfaiteurs. En ce XIXème siècle, les hospitalisés sont de toutes conditions et de tous métiers : chapeliers, cordonniers, faiseurs de bas, maraîchers, tanneurs, vanniers, vignerons… Il en vient de toutes les communes voisines de la Somme et de l’Oise, mais les Montdidériens sont en majorité.
La seconde moitié du XIXème siècle connaît des jours tranquilles jusqu’en 1914 avec la guerre qui bouleverse cet asile de paix. Les premiers jours d’avril 1918, plus de 200 civils restés à l’Hospice sont privés de nourriture. Comme toute la Ville, l’Hôpital-Hospice est totalement détruit les 8 et 9 août 1918.
Les vieillards et les enfants orphelins occupent de vastes baraquements construits dans le jardin de l’Etablissement hospitalier durant deux ans. La reconstruction est commencée en 1920 ; le bâtiment central et l’aile droite, sont terminés en 1924 et l’aile gauche, les dépendances terminées en octobre 1930. La chapelle est reconstruite sur l’emplacement de l’ancienne. Ainsi réorganisé, l’Hospice continue de vivre sur les bases de sa fondation : un Conseil d’Administration présidé par le Maire et le fonctionnement des services confié aux Sœurs de Saint Vincent de Paul.
Depuis les origines et jusqu’en 1945, la Supérieure et les Sœurs étaient chargées de tout le détail intérieur de l’Hôpital (y compris des recettes et dépenses) et de la surveillance de tout ce qui se faisait dans la maison.
Après la Seconde Guerre Mondiale, la Supérieure est chargée du Personnel. Les Sœurs ont chacune la responsabilité des Services : Médecine, Chirurgie, Vieillards Hommes et Femmes, Infirmerie. Les besoins des pauvres requièrent de plus en plus de compétence et qualification. Plusieurs Sœurs ont acquis connaissance et diplômes : Cadres, Surveillantes, Aides-soignantes.
De 1945 à 1948, la modernisation de l’Hôpital est entreprise. Un Service Chirurgical est ouvert sous l’influence d’un chirurgien résident.
En 1946, la création d’œuvres Sociales apporte des modifications dans la vie de l’Etablissement, notamment en ce qui concerne l’orphelinat. Petit à petit les familles reprennent ou gardent leurs enfants, de sorte que bientôt, il n’en reste plus que quelques-uns ; aussi l’orphelinat est fermé.
En 1954, l’Hôpital compte 63 hommes et 38 femmes, recevant les soins des Sœurs de Saint Vincent de Paul.
Le Conseil d’Administration décide de créer un jardin d’agrément en bordure de la route, devant l’Hôpital, avec un cèdre de vingt mètres de haut, importé des Indes il y a trois siècles !
En 1959, de nouvelles constructions permettent la création d’un Service de Médecine Générale. Les Services de Chirurgie et de Médecine répondent à de réels besoins et permettent de soigner les malades de la région en leur évitant l’éloignement de leur famille.
En 1971, l’Hôpital compte huit Sœurs, dont une Sœur aînée de 85 ans. L’évolution et l’extension des services de l’Hôpital-Hospice avec la maison de retraite du Cèdre en 1970 et la maison de cure en 1980 ne permettent plus aux Sœurs d’assurer le travail et les responsabilités comme auparavant, d’autant plus que la Communauté des Sœurs est réduite à 5 ou 6 dans les Services.
En 1978, la Communauté, pour être plus proche de la vie des gens, prend un logement en ville et va comme les autres employés accomplir son service à l’Hôpital.
Après 155 ans de présence et de service auprès des vieillards, enfants et malades, c’est le départ de la Communauté des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul. La diminution des vocations ne permet plus à la Maison provinciale d’assurer le service de toutes les maisons ce qui l’oblige à retirer de certains Hôpitaux les Sœurs qui y travaillent.
En 1980, à l’occasion de l’ADIEU fait aux Sœurs, un ancien Montdidérien fait mémoire des Sœurs de Saint Vincent de Paul du Bureau de Bienfaisance et de l’Ecole qui ont œuvré jusqu’en 1918 :
« De la Sous-Préfecture au bas de la rue Jean Dupuis et un tiers de la rue Capperonnier, les Sœurs de Saint Vincent de Paul, sous la responsabilité du Bureau de Bienfaisance et avec l’accord des Maires et des Curés des Paroisses, gèrent les différentes activités. Il y a un ouvroir et un dispensaire où l’on trouvait soins médicaux, vêtements, chaussures, bons de pains et de viande et aide en argent pour les nécessiteux. L’école des filles avait 160 élèves.
En 1856, elles ouvrent un asile, nom ancien de nos écoles maternelles, fréquentée par 185 enfants des 2 sexes, de moins de six ans, avec repas du midi assuré : une soupe épaisse et des tartines, suivant la mode de l’époque, plus souvent des fruits de saison offert par les habitants. On voit par ces chiffres l’effort considérable des Sœurs de Saint Vincent de Paul en plus de leur action à l’Hôpital et à l’Hospice. Cette activité d’enseignement dure jusqu’à la fin du siècle. Les lois Jules Ferry sur l’enseignement public, la construction d’un groupe scolaire, garçons et filles, amène de grandes modifications. Les filles montent dans le nouveau groupe scolaire, une école maternelle gérée par l’enseignement public est ouverte dans les locaux des rues Jean Dupuis et Capperonnier et les Sœurs partirent dispenser ailleurs leurs bienfaisantes activités. J’ai moi-même usé mes premiers fonds de culotte dans cette école maternelle où il y avait 160 enfants environ. Je garde le très net souvenir d’une grande salle en amphithéâtre et petits gradins où les 4 classes maternelles se réunissent pour les circonstances importantes, souvenirs également de la chapelle. Tout a été rasé par les bombardements de 1918. »
Ce témoignage évoque 4 classes pour 160 enfants soit 40 enfants par classe !
Qui dira le nombre de corps soignés et des cœurs surtout réconfortés par :
Sœur Thérèse CAUET, envoyée à sa sortie du Séminaire à Montdidier le 22 novembre 1910 où elle est décédée à 85 ans en 1971. Soixante et un an ans de présence : 35 ans au service des orphelins, perturbés par deux évacuations durant les deux guerres – 15 ans au service des vieillards après la suppression de l’orphelinat – 11 ans au service de la lingerie et des menus travaux de la Communauté.
Soeur Marie-Marguerite COLLIGNON, Fille de la Charité, décédée le 14 mars 1832
Soeur Odile DUMEAU de 1943 à 1972, au service des personnes âgées et de la Chirurgie
née le 15/01/1910 ; entrée dans la Compagnie le 9/05/1932.
Sœur Jean Gabrielle DURIN, décédée en 1946
née le 29/08/1880 ; entrée dans la Compagnie le 7 /02/1901.
Sœur Joseph GAMOND, en service à la buanderie, décédée à 80 ans en 1950,
née le 11/09/1869 ; entrée dans la Compagnie le 10/07/1893.
Elle connaît l’évacuation aux deux guerres, avec les vieillards et les enfants.
Sœur Madeleine LE ROUX, en service à la cuisine jusqu’à l’âge de 75 ans, décédée en 1955,
née le 26/06/1875 ; entrée dans la Compagnie le 13/07/1898.
Sœur Alice DESMIER, Sœur servante entre 1934-1946, décédée en 1946,
née le 25/06/1866 ; entrée dans la Compagnie le 25/11/1918),.
Soeur Catherine RAGOT, arrivée en 1946, en service des personnes âgées et médecine jusqu’en 1971,
née le 11/07/1924 ; entrée dans la Compagnie le 24/04/1947), Sœur servante entre 1972-1975.
Soeur Vincent MINET, affectée au Service de Chirurgie en 1953, Sœur servante entre 1979-1980,
née le 28/16/1929 ; entrée dans la Compagnie le 24/07/1952.
Sœur Hélène BOUCHERAIN, affectée au Service des vieillards hommes en 1955,
née le 10/03/1920 ; entrée dans la Compagnie le 05/04/1945.
Sœur Christiane VASSEUR, en service de médecine en 1965, puis aux personnes âgées infirmes,
née le 15/01/1922 ; entrée dans la Compagnie le 03/09/1946.
Sœur Madeleine LAVALLEE, au service des personnes âgées femmes jusqu’en 1974,
née le 11/11/1902 ; entrée dans la Compagnie le 03/09/1946.