Les Filles de la Charité de Varennes-sur-Allier en 1699 à Gayette 1791-1792 et 1804-1997
La vallée de l’Allier conserve bon nombre de châteaux. VARENNES-SUR-ALLIER est une commune française située dans ce département, en région Auvergne-Rhône-Alpes. GAYETTE, entre Moulins au Sud et Vichy au Nord, est l’une de ces demeures féodales construites au 15ème siècle et à trois km de Varennes-sur-Allier dans la commune de Montoldre. Le château occupe le sommet d’une petite colline, autrefois entourée d’étangs sur les trois côtés.
En 1695, l’Ordre de Saint-Jean-de-Dieu prit possession de Gayette. Les Frères entretenaient une douzaine de lits réservés aux malades des alentours, soignaient les malades et indigents, apportaient des aides matérielles aux pauvres et accueillaient les mendiants de passage.
En 1699, Messire François Pingré, seigneur de Farinvilliers, fonda une petite maison à Varennes-sur- Allier, pour soigner les femmes de la région et y accueillir les orphelines dans une petite école. Cette maison fut confiée à quatre Sœurs de Saint Vincent de Paul par contrat du 11 avril, signé par Sœur Angélique Montolet et Sœur Marie-Anne Privet. Les premières Filles de la Charité étaient : Sœur Jeanne Meugniot, Sœur Anne Deschamps, Sœur Suzanne Quesdron.
Les religieux continuèrent à diriger l’hospice mais en juillet 1791 ils furent chassés par la Révolution. La Municipalité, par un arrêté transféra l’hospice des femmes de Varennes à Gayette et confia les services ainsi réunis aux Sœurs de Saint Vincent de Paul, sous le contrôle des officiers municipaux de Varennes. Elles administrèrent Gayette jusqu’en février 1792.
Sous la Terreur, elles furent remplacées par du personnel laïc et un conseil d’administration, formé de membres choisis dans les communes environnantes. Discrètement, en « vêtements séculiers », plusieurs Soeurs restèrent à veiller sur la fondation et les pauvres. Elles écrivirent à la « Citoyenne DELEAU », alors Mère générale à Paris (1790-1804).
En 1800, furent construits des bâtiments pour répondre aux besoins grandissants du nombre des hospitalisés.
En 1804, au début du premier Empire, les Sœurs furent rappelées à l’hospice. Elles retrouvèrent leur place auprès des malades, sans pour autant être chargées de l’administration. Avec les soins, elles firent des visites marquées par l’écoute, le partage de la vie quotidienne et le soutien des pauvres dans les heures difficiles.
En 1881, les revenus permirent l’entretien entièrement gratuit d’environ 125 lits, répartis entre les vieillards, malades et orphelines, tous recrutés parmi les habitants des communes voisines : laboureurs et petits ouvriers en majorité.
Un article de journal relate la vie des Sœurs au quotidien :
« La veilleuse de nuit sonne la cloche à 4 heures du matin pour le lever des Sœurs. Celles-ci descendent à la chapelle pour la prière du matin et l’oraison.
A 5h15, elles sortent et vont à leurs occupations. Une Sœur allume le grand fourneau de la cuisine et fait chauffer le café noir pour les hospitalisés hommes. A 5h45, la Sœur le leur porte.
A 6h, messe et à 7h petit déjeuner pour les Sœurs.
A 8h, soupe pour tous les pensionnaires, distribuée par les Sœurs dans les différents services.
A part quelques petits moments de repos pris souvent à la chapelle en priant, elles œuvrent ainsi toute la journée jusqu’au moment du coucher sans avoir besoin de somnifère pour trouver le sommeil. »
Elles occupèrent de nombreuses fonctions : cuisinières, femmes de service, aides-soignantes, infirmières, assistantes sociales, psychologues, couturières…
Une Fille de la Charité, Sœur Catherine, arriva à Gayette le 26 novembre 1913, après son Séminaire à Paris. Née en 1893 à Champlas près de Saint Etienne, elle demeura fidèle à ses racines en restant l’une de ces bonnes filles de village que Saint Vincent de Paul aimait voir au Service des Pauvres.
Elle fut affectée aux cuisines, elle en devient le chef et dirigea son service avec une autorité et une compétence sans faille pendant près de 70 ans ! En 1961, le Préfet de l’Allier la décora de la Croix du Mérite Social. Elle décéda le 2 juillet 1981 et fut inhumée au cimetière de Gayette.
Un article de la Revue « Renouveau » de 2006 mentionne :
« Ayons une pensée émue et reconnaissante pour cette Grande Dame qu’était Sœur Catherine. Elle a laissé son empreinte à Gayette et fait désormais partie de son histoire ».
Pendant la Guerre 1914-1918, la tuberculose a fait des ravages parmi les hommes des tranchées vivant dans la boue et le froid. L’hôpital de Gayette accueillit de nombreux blessés, gazés, tuberculeux arrivant dans le département, mais fut vite débordé devant l’afflux de nouveaux malades.
Les hospitalisés manquent de pain ; pourtant il y a un boulanger à demeure. Un grand jardin et cinq vaches donnent des possibilités. Ce grand jardin alimentait en légumes de qualité tout l’hospice et permit de réaliser des économies. Il était cultivé par des jardiniers salariés aidés des pensionnaires valides et volontaires.
A l’initiative de M. François Mercier, fut ouvert en 1922 le sanatorium du Montet. Cela permit à Gayette de revenir à sa vocation première d’hôpital-hospice, avant d’être transformé en Maison de retraite.
Au XXème siècle, l’établissement a connu de nombreux travaux d’humanisation et d’extension des locaux.
Dans la chapelle de l’établissement, un tableau représente Saint Vincent de Paul avec des religieuses, des malades et des enfants, qui rappelle cette présence active des Sœurs auprès des personnes âgées, mais aussi des enfants (jusque vers 1935).
Pendant la Guerre 1939-1945, des enfants juifs ont été hébergés.
L’effectif des lits est passé de trente lits en 1799 à cent dix en 1959, auxquels se sont ajoutés soixante-dix lits pour les fillettes du préventorium.
En 1964, un contrat a été passé entre l’Hospice et la Congrégation des Filles de la Charité, signé par Sœur Guillemin, Supérieure générale, et les membres de la Commission Administrative de l’Hospice de Gayette.
Il mentionnait « sept sœurs à l’hospice de Gayette qui perçoivent une indemnité de vestiaire ».
En 1970, l’Etablissement comptait deux cent dix lits.
En 1977, le poste de Surveillante a été confié à une infirmière laïque qui travaillait depuis 20 ans dans le Service. En 1982, trois sœurs étaient encore en activité : une infirmière, une aide-soignante, une Sœur qui faisait les remplacements des infirmières. Huit Sœurs âgées étaient sans activité, situation appelée « reposance ».
En septembre 1997, des problèmes d’âge et de santé ont entraîné le départ des Sœurs.
Au cimetière, les noms de vingt-trois Sœurs gravés dans la pierre rappellent leur présence et leur service auprès de la population de Gayette et de ses environs.