Les Filles de la Charité de MARVEJOLS

« La Miséricorde » – « Bouldoire » – « Les Tilleuls » – « L’Enclos »
I – L’installation de La Miséricorde, 8 Boulevard d’Aurelles de Paladines

Le 12 janvier 1846, Sœur Thérèse d’Espinassous et cinq Filles de la Charité, arrivent à Marvejols en Lozère. Sœur Thérèse ouvre dans sa propre maison de famille, un orphelinat de filles, qui sera agrandi entre 1855 et 1860. En même temps, les sœurs organisent la visite des pauvres et des malades, ainsi que les catéchismes pour seconder le clergé paroissial.

Les demandes d’admission à l’orphelinat affluent, aussi Sœur Thérèse fait bâtir une grande aile à la maison de la Miséricorde (1852-1854).

En 1865, les Filles de la Charité commencent l’œuvre des catéchismes pour garçons et filles de l’Ecole Publique.

En 1896, Sœur Vigie, Sœur servante, achète l’ancienne Sous-Préfecture contiguë à « La Miséricorde », proche de l’orphelinat, pour y ouvrir un orphelinat de garçons, en collaboration avec les Prêtres de la Mission.

En 1904, les Filles de la Charité sollicitent des personnes pour établir une Confrérie de Dames de la Charité, « pour assister les pauvres malades » (Confrérie fondée par Saint Vincent de Paul en 1617).

Les Filles de la Charité organisent des mouvements de jeunesse. 

  • en 1906, le Patronages de filles, œuvre paroissiale
  • en 1918, l’Association des Enfants de Marie
  • en 1940, les « Ames Vaillantes » et les « Cœurs Vaillants »
  • en 1945, les « Louise de Marillac ».

Elles ouvrent un Dispensaire en 1918 qui est agrandi en 1948.

A partir de 1925, à la demande de Mgr l’Evêque de Mende, Sœur Joseph Chupin organise et dirige l’Association Diocésaine de l’Union Jeanne d’Arc qui a regroupé 1 500 jeunes filles de la Lozère.

Nous connaissons la vie de l’orphelinat de « La Miséricorde » d’après les réponses à un questionnaire en 1933.

  • 35 filles à l’orphelinat, dont 30 au-dessous de 13 ans (âge d’admission : 3 ans)
  • 8 enfants ont la pension payée entièrement par leur famille (100 francs par mois)
  • la surveillance des enfants est faite par le médecin qui dirige le Dispensaire
  • le régime alimentaire : le matin, soupe et tartines de beurre – à midi, potage, viande et légume – le soir, potage, légume et un dessert
  • les promenades le dimanche et le jeudi
  • les punitions : pas de dessert ou de récompense quand il y a de mauvaises notes à la fin du mois.
  • La colonie : Maison « Terrisse » à 2 km de Marvejols (2mois ½ pendant les vacances)
  • à 16 ans, elles suivent les cours ménagers de Bouldoire
  • à 18 ans, elles sortent de l’Etablissement avec un trousseau (d’une valeur de 800 francs)

« De 1846 à 1930, cent une Sœurs sont passées dans la Maison ; 87 Postulantes ont été présentées à la Compagnie des Filles de la Charité dont 73 étaient en Lozère. »

II – Première évolution

 En 1931, la maison de La Miséricorde essaime ; c’est alors la fondation du Préventorium d’Antrenas (au Nord de Marvejols à 4 km), avec Sœur Dumoulin. La même année, Sœur Joseph Chupin est détachée de « la Miséricorde » pour cette nouvelle création.

Avec la désertion des campagnes naît une inquiétude pour le pays et la région. Sœur Chupin comprend que le problème numéro un est féminin. Elle ouvre la Maison rurale de Bouldoire (Commune de Montrodat – à l’Est de Marvejols à 4 km 500) pour la formation des futures femmes d’agriculteurs, afin de garder ou de rendre à la campagne des personnes capables d’apporter dans leur foyer la prospérité, la joie et des rudiments de gestion. Elle organise les Semaines Rurales ainsi que l’enseignement par correspondance.

L’Enseignement ménager est appuyé sur de bons principes. Sœur Cécile et Sœur Agnès ont étudié l’Enseignement Agricole en Belgique. Puis, Sœur Agnès écrit le contenu de leur enseignement dans des « Cahiers bleus ». En 1935, les Elèves de Bouldoire affrontent pour la première fois un jury d’examen. Six ans après, le Ministère de l’Agriculture fait connaître à Sœur Joseph que le programme de Bouldoire est officiellement approuvé.

En 1940, les élèves sont retenues dans leur famille par les circonstances ; Bouldoire abrite surtout des réfugiés.

Extrait d’un récit du 10 août 1944 : « A 11 heures du soir, on frappe à la porte de Bouldoire. Deux heures plus tard arrive une voiture de laquelle un brancard est dégagé ; le blessé est amené jusqu’à la communauté. De cet incident de la nuit, personne ne souffle mot, la vie continue… Toutes les nuits jusqu’au 30 août les mystérieuses allées et venues se multiplient, le chirurgien est de plus en plus fréquemment dans la maison. Le 23 août seulement, Sœur Joseph apprenant la libération de Paris réunit son monde pour les mettre dans la confidence. « Il y a un grand blessé réfugié ici ». La discrétion s’imposait toujours… Le secret était bien respecté. Ce blessé, le Général de Bénouville avait été mis en sûreté dans ce refuge par l’intermédiaire d’un chef de région pour les mouvements unis de Résistance. Le Général écrira à la communauté en apprenant la mort de Sœur Joseph : « Sœur Joseph était une femme exceptionnelle, d’une intelligence remarquable, d’une admirable vitalité, d’un grand courage et d’une bonté sans limite. Je fus accueilli avec bonté et tout de suite, traité comme un fils ». Sœur Joseph vivra encore 20 ans après la Libération. »  

En 1970, la Maison rurale de Bouldoire doit choisir une nouvelle orientation. Il faut assurer à l’agriculture des techniciens dont elle a besoin pour l’avenir : l’Ecole de Bouldoire devient un Lycée Agricole.

III – Deuxième évolution

En 1951, Sœur Sabatier, pense à adjoindre une œuvre nouvelle. De nombreuses demandes lui parviennent de la part de familles modestes, lui demandant de recevoir des jeunes filles ou des mamans ayant besoin d’un repos immédiat, dans un climat de demi-altitude et de calme.

En 1956, c’est l’ouverture de la Maison de Repos « Les Tilleuls », par Sœur Pelloux, qui succède à Sœur Sabatier. La Région, le climat, l’emplacement de la maison se prêtent providentiellement, pour permettre des cures de repos.

Nombreuses sont les convalescentes qui sont venues retrouver un équilibre de santé, bien souvent le goût de vivre, pour repartir vers une vie nouvelle. Cette Maison de convalescence de jeunes filles et de femmes vient en aide à celle de l’Orphelinat qui, ne recevant que des fillettes pauvres, subvient difficilement à leurs besoins.

« La Communauté de Bouldoire est jumelée avec celle des Tilleuls. »

Avec les années, comme tous les orphelinats, celui de Marvejols doit faire face à une mutation, choisir une spécialisation. Sœur Pelloux prend l’heureuse initiative de construire une nouvelle maison au lieu-dit l’Enclos qui deviendra le « Centre Educatif de l’Enclos ». En 1964, c’est la pose de la 1ère pierre et en 1966, l’inauguration du nouvel Etablissement. En 1966, c’est la mutation de l’Orphelinat en « Centre Educatif de l’Enfance » qui s’installe à l’Enclos et devient annexe des Tilleuls.

En 1967, Sœur Pralormo est la Sœur servante du Centre Educatif de l’Enclos et dirige aussi la Maison des Tilleuls. Au fil des années, l’évolution se poursuit pour répondre aux besoins.

Mais, faute de relève, la communauté des Filles de la Charité est fermée en 1992.

Sœur Annie GESRET, Archiviste Provinciale