Les Filles de la Charité (1823-1976)

Rue Saint Martin AVRANCHES (Manche)

Au XIXème siècle

Le 1er juin 1821, trois Sœurs demandées pour le soin des pauvres et des malades, sont installées dans l’ancien couvent des Religieuses de la Providence, rue Saint Symphorien. Cette maison est insuffisante pour un Bureau de Charité. La Ville achète deux maisons à M. Pierre Lucas, rue Saint Martin, le 21 août 1840. 

Le 15 juin 1822, un Traité est passé entre les Administrateurs du Bureau de Bienfaisance d’Avranches et la Supérieure générale des Filles de la Charité. Il est spécifié qu’il leur sera fourni une maison convenablement meublée.

Le 1er Juin 1823, les Sœurs commencent leur service en ouvrant un Bureau de Bienfaisance où elles font une distribution de pain aux familles pauvres, tous les jeudis de bouillon, et, de viande le lundi et le samedi.

Un dispensaire est ouvert pour les soins, puis un laboratoire pour la préparation de pommades et de cachets à l’usage des pauvres. Elles ont aussi dans leur maison un dépôt de grosse toile pour vêtir les nécessiteux.

La ville verse chaque trimestre une indemnité pour l’entretien de 4 sœurs, suivant la volonté des donateurs.

Les Filles de la Charité ont été au service des prisonniers suivant deux documents : 

  • 1838 arrêté préfectoral : régime alimentaire des prisons dans le département de la Manche
  • 1841 – 1843 Les Sœurs sont chargées de l’entretien du vestiaire et de la nourriture des prisonniers

Vers 1870, une petite maison est donnée aux Filles de la Charité pour recueillir une trentaine d’orphelines, les élever et leur apprendre à travailler avec l’ouverture d’un ouvroir.

Au XXème siècle

Pendant la Guerre 1914-1918, une ambulance est ouverte et le soin des blessés est confié aux Sœurs, avec l’aide de la Croix Rouge.

En 1924, à la demande du Curé de la paroisse, ouverture d’une garderieavec cantine, pour recevoir les enfants pauvres et leur donner un début d’instruction chrétienne. La Ville a aussi deux maternelles laïques. Cette ancienne garderie est l’actuelle Ecole Saint Vincent

1936, une cantine scolaire est demandée par la Ville pour l’aide aux familles nombreuses. Cette cantine est mise au service des réfugiés passant par Avranches pendant la débâcle de 1940. Elle sert aussi de lieu de réunions et d’ouvroir pour les femmes de prisonniers.

1938 Le Mouvement des « Ames Vaillantes » se réunit le jeudi et prépare l’organisation des vacances

Des courriers du Maire d’Avranches à Madame la Supérieure des Sœurs de Charité attestent que les Sœurs ont été chargées de l’entretien du vestiaire et de la nourriture des prisonniers civils et militaires d’Avranches. 

En 1941 « … bien vouloir faire remettre au magasin de la Maison d’Arrêt tous les objets de vestiaire que vous pouvez avoir dans votre établissement. Lorsque les besoins du service l’exigeront, les objets du service vous seront remis par le concierge, soit pour les faire laver, soir pour les faire raccommoder… »  

En 1942 « … l’Arrêté du préfet a déterminé pour 1943 l’emploi des prestations aux militaires détenus dans la prison… il propose quelques modifications pour la distribution de la soupe et de la viande, qui sont considérées par lui comme des améliorations… Vous voudrez bien vous conformer aux améliorations qu’elles renferment… » 

Le 31 mars 1943 « J’ai l’honneur de vous adresser copie des lettres de M. le Préfet du 13 janvier et du 30 mars courant relatives à la composition et à la fourniture de pain et de soupe à délivrer aux détenus dans la maison d’arrêt d’Avranches. Vous voudrez bien prendre les mesures convenables pour que l’article 17 du règlement arrêté par M. le Ministre de l’Intérieur le 30 août 1841 pour le service des prisons départementales soit ponctuellement exécuté… »  

Extrait d’un « Journal de route » d’une Fille de la Charité en 1944

Mardi 6 juin – Premières émotions : fermeture de la cantine et des écoles. Une bombe est tombée la nuit laissant une maison en ruines et 4 morts. Annonce du débarquement américain.

Mercredi 7 juin – Visite de la Supérieure de l’orphelinat en vue de l’évacuation des enfants dans le local de l’ouvroir. A 2heures ½, premier bombardement sur le bâtiment : chute d’une fenêtre. De nombreux blessés et des morts dans la Ville.

Jeudi 8 juin – Notre habitation n’est plus habitable. La veille la population a fui. Décision de partir pour le petit village de Saint Saturnin éloigné des voies ferrées.

Vendredi 9 juin – Le don d’une petite maison tient lieu de dispensaire. Un vestiaire y fonctionne pour venir en aide aux familles sinistrées. Durant la nuit. De nombreux vieillards et des infirmes d’Avranches sont amenés sur des brouettes en tous genres. Durant la nuit, c’est le vrombissement des avions. La baie du Mont Saint Michel est toute éclairée de fusées ; plus loin les fusées rouges viennent d’allumer un incendie.

Samedi 10 juin – Accueil des premiers blessés et les malades et distribution d’un peu de linge et de vêtements, rénovés de notre mieux. Au-dessus de nous les engins anglais accentuent leur travail de mort !

Dimanche 11 juin – Les avions passent et repassent semblant raser le clocher. Des camions allemands sont à deux cents mètres de nous. Une D.C.A. y est établie. Tous les habitants de Saint Martin partent dans les fermes. Nous partons ! Des fermiers nous accueillent. Notre installation pour la nuit est faite avec trois bottes de paille.

Lundi 12 juin – Au but de notre petit chemin, des « habits verts » traqués et camouflés nous font rebrousser chemin.

Mardi 13 juin – Après une nuit mouvementée due aux mitraillages des convois qui partent, nous pouvons revenir au bourg.

Mercredi 14 juin – les visite des malades et les soins au Dispensaire reprennent, ainsi que la préparation et la distribution de vêtements.

Jeudi 15 juin – Bombardements sur les Mares à Avranches. On entend le canon… Lessive au lavoir du bourg.

Vendredi 16 juin – Un rendez-vous est fixé à la Mairie de Saint Martin pour les besoins des familles repliées et pour le projet d’une cantine dont la direction est donnée aux Filles de la Charité.

Samedi 17 juin – Réunion des Maires et Adjoints avec la Supérieure : coup d’œil sur la situation, mesures à prendre.

Dimanche 18 juin – Nuit très mouvementée ! On entend le canon depuis la veille. Rude rafale au moment de la messe qui est retardée.

Lundi 19 juin – Journée tranquille. Nous la passons dans notre chambre d’auberge.

Mardi 20 juin – Départ pour Avranches : deux en vélo et trois en train. Bruit insolite : passage de nombreuses voitures. Des avions survolent, ils cherchent une piste.

Au moment du débarquement, les Sœurs sont demandées pour les soins aux victimes des bombardements. Réfugiées avec la population dans la campagne environnante, elles continuent leurs soins.

Ouverture d’un restaurant le midi pour les ouvriers qui demeurent dans la campagne. Fermeture de l’orphelinat du fait de l’ouverture d’un orphelinat par une autre Congrégation. Ouverture d’un jardin d’enfants.

1945 Un registre mentionne un groupe d’« Enfants de Marie »

1955 en juillet, ouverture d’un Centre Aéré. Les Sœurs font le catéchisme aux enfants avec handicap et aux jeunes ménages.

1956 Une voiture est donnée par la Ville pour le soin des malades.

En 1957, les œuvres de la maison sont : cantine 115 enfants ; Ecole Maternelle 120 enfants ; 20 malades par jour au Dispensaire et 25 malades par jour à domicile ; 75 familles visitées ; 170 filles au Centre de Vacances ; 60 « Ames Vaillantes »

1959 Ouverture des Sœurs à la vie diocésaine.

1962 Les Sœurs s’insèrent dans l’Association « Emmaüs » avec l’accueil des passants et les repas.

1965 Partage des soins aux malades dans le Secteur rural.

1970 Mouvements de jeunes en ACE – JOCF et Vie montante ; catéchisme aux enfants avec handicap demandé par les parents ; accueil des immigrés demandé par l’Aumônier diocésain.

L’évolution numérique de la Communauté depuis son origine est : 4 Sœurs en 1823 ; 6 Sœurs en 1942 ; 8 Sœurs en 1958 ; 7 Sœurs en 1971.