LE RAYON SPORTIF FEMININ DES FILLES DE LA CHARITE

En 1919, une Fille de la Charité du RAINCY, en banlieue parisienne, Soeur ROUSSEL, est à l’initiative de la demande à la Fédération Gymnastique et Sportive des Patronages de France (FGSPF) de lui déléguer un moniteur pour les « Enfants de Marie ». Félix MATHEY, ancien champion fédéral, est présenté. Il sera directeur technique du Rayon Sportif Féminin de 1923 à 1937. En 1928, un grand concours réunit au Raincy 500 filles de 16 Sociétés. 

En 1931, 80 sociétés, principalement issues des patronages des Filles de la Charité, donnent naissance au Rayon sportif féminin, avec la bénédiction du chanoine PASTEAU, directeur des œuvres de jeunesse féminine du Diocèse de PARIS.  

Le Rayon Sportif Féminin a son siège social 3 rue de l’Abbaye à PARIS. Il regroupe des patronages de PARIS, de banlieue et une section de province, FECAMP. Il organise ses cours de deux heures pour les monitrices 49 rue Bobillot à PARIS, deux samedis par mois. 

1936 Rayon sportif féminin

Le professeur doit avoir des qualités professionnelles et morales. La Sœur doit être présente à chaque leçon et veiller à ce que tout se passe suivant les règles de la convenance et de la prudence.

Chaque société choisit un nom « Les Libellules de Clamart » ou « Les Fauvettes de Montmartre » qui représente le Rayon Sportif aux Journées mariales. Le costume est un tissu souple : un pantalon ample avec une tunique, une jupe plissée avec une blouse marinière. La couleur est variable suivant les sections,  un béret blanc et l’insigne de la Fédération.

Le basket-ball connaît un grand succès avec 40 équipes à PARIS en 1937. La natation se développe. Le RSF réserve des horaires dans les piscines municipales. Un chalet situé à VALLOIRE accueille les jeunes filles, pour un prix de séjour raisonnable, afin de les initier aux « sports d’hiver ». La formation reste une priorité du RSF et les congés payés de 1936 offrent aux jeunes travailleuses le temps d’en profiter. Les cadres les plus dynamiques sillonnent la France pour assurer des formations intensives de deux semaines.  

1936 Costume de bain

La FORMATION des Filles de la Charité sur le SPORT en 1932

M. DUVAL-ARNOULD, médecin à la Maison Mère, fait une conférence aux Soeurs sur le sport :

« Le but de la gymnastique n’est pas de produire des prodiges d’agilité mais de développer l’organisme. Certains exercices sont excellents : la marche, exercice hygiénique par excellence ; la course, exercice éducatif parce qu’il met en activité tout le système musculaire ; le saut qui a une action très intense sur les fonctions respiratoires et circulatoires de l’organisme ; le grimper et le lancer qui augmentent la force de résistance et coordonnent les mouvements. A côté des avantages physiques, il en est d’autres dont bénéficient le caractère et la volonté, la formation morale tout entière. La gymnastique est un excellent exercice de discipline ; on apprend à vaincre l’appréhension de l’obstacle et de la peur, à se dominer, à garder calme et sang-froid, à se décider rapidement, à prendre de l’initiative. Les jeux en commun développent la bonne camaraderie, la loyauté, l’esprit de solidarité. » 

Fougères

L’EDUCATION PHYSIQUE – Journée du dimanche 26 juin 1932

Sur l’immense stade de la Porte d’Ivry se tient le Concours annuel entre « nos patronages » affiliés au Rayon Sportif Féminin. Plusieurs centaines de jeunes filles adhèrent à cette Fédération. Elles se retrouvent pleines d’ardeur, pour se disputer joyeusement les diverses épreuves de ce concours, préparé méthodiquement toute l’année au patronage. Les familles emplissent les tribunes du stade. M. l’abbé PASTEAU, directeur des Œuvres diocésaines de jeunes filles, tient à présider cette fête au nom de l’Archevêché, avec la Supérieure générale des Filles de la Charité. Les divers groupements défilent pour saluer les tribunes avec leurs fanions déployés (1) : « Les Mouettes de la Maison-Blanche », « Les Bleuets de Saint François Xavier », « Les Marinières de Saint Roch, « Les Mésanges de l’Abbaye », « La Tour d’Auvergne de Notre Dame de Lorette ».    

Défilé enfants

Le programme est aussi varié qu’intéressant : lancement du disque, hardies pyramides, course de relais, lutte à la corde, autant d’exercices familiers des jeunes gymnastes. Puis la série des mouvements d’ensemble, spectacle remarquable par sa précision, son harmonie et sa grâce. M. l’Abbé PASTEAU remercie les exécutantes et fait la lecture du palmarès, la distribution des récompenses, et la remise du drapeau à l’heureuse société gagnante « l’Amicale de Saint Sulpice » qui a l’honneur de le garder toute l’année.

Paris Hirondelles Ménilmontant

Communiqué de la Maison Mère aux Filles de la Charité en 1936

« La section d’Education physique au patronage se conçoit avec la participation au Concours annuel, soit à Paris ou en province. Ce Concours a lieu le dernier dimanche de juin. Il est composé de mouvements d’ensemble. 

Pour être affilié au RSF, une demande est faite à la Préfecture avec le dépôt des Statuts du Rayon Sportif. La cotisation permet de recevoir un Bulletin qui donne le programme de travail. 

Pour être accepté au RSF, chaque enfant ou jeune fille doit passer un examen médical. Il peut révéler des faiblesses cardiaques. Le médecin défend alors tout exercice ou certains, comme le saut ou la course.

Les seuls agrès pratiqués sont la corde-lisse et les barres doubles ; les anneaux et le trapèze sont inutiles et même nuisibles pour l’organisme féminin.

Le tennis, le basket-ball, le volley-ball sont des sports très goûtés par la jeunesse.

Dans les Villes où la Communauté a plusieurs maisons, il est conseillé de faire venir une monitrice de PARIS une quinzaine de jours, pour former quelques jeunes filles. L’essai a été fait par nos Sœurs de BORDEAUX, DIJON, MARSEILLE, NICE, ALGER et TOURS. 

De nombreux patronages dirigés par d’autres Congrégations demandent à s’affilier. Le Secrétariat des Œuvres les accueille, à l’occasion pour rendre service si les autorités diocésaines le demandent. Il n’appartient pas à la Communauté de réglementer l’éducation physique féminine Catholique de France. Le Rayon Sportif Féminin peut faire bénéficier les autres patronages de son expérience de 15 années. »

Une OUVERTURE qui implique une sortie de « CHEZ NOUS » !

1ère étape en 1937. Le RSF devient Fédération nationale ouverte à toutes les jeunes filles catholiques, à la demande expresse de l’Action Catholique, décision importante de la Commission des Cardinaux et Archevêques. 

Le Secrétariat national quitte la Maison Mère des Filles de la Charité pour le 19, rue de Varenne. C’est le point de départ d’une extension considérable du mouvement qui, à la veille de la guerre étendait ses ramifications sur 60 diocèses, et comptait environ 60 000 jeunes filles. 

Tout en s’épanouissant à travers la France et ses colonies, on peut affirmer que le RSF conserva son esprit, ses méthodes, son souci primordial de la formation morale de ses Monitrices. En 1939, 53 comités du RSF organisent leur propre Festival annuel pour 650 Associations affiliées. La préparation du Brevet Sportif Populaire est généralisée par Léo LAGRANGE.

2ème étape en novembre 1940. Le Gouvernement français met le RSF dans l’obligation de fusionner avec la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France des jeunes gens. 

Mais nous choisissons la Fédération Gymnique et Sportive des Patronages de France (GSPF), Fédération Catholique qui, tout en étant restée complètement distincte du RSF jusqu’ici, n’avait jamais manqué l’occasion de lui rendre service avec un même idéal. Dans un esprit de confiance mutuelle, nous rejoignons donc le GSPF en gardant les valeurs du Rayon Sportif Féminin. 

(1) Maisons de Filles de la Charité : Maison Blanche, Saint François Xavier, Saint Roch, rue de l’Abbaye, 

         rue Jeanne d’Arc, rue Bobillot, Notre Dame de Lorette  

Le Service des Archives

NB : photos des Archives de la Compagnie des Filles de la Charité