La mission des Filles de la Charité en Turquie

Aujourd’hui, s’émerveiller du passé, pour rendre grâce

2ème partie

En 1864, une Visitatrice est nommée, Sœur Renault.

En 1865, Incendie de la Maison Centrale. Il ne reste que des cendres. Quarante sœurs et 120 orphelines sont logées dans nos hôpitaux.

En 1865, le choléra sévit. Plus de place dans l’hôpital municipal, c’est un café turc qui est changé en ambulance. Le médecin grec, seul pour soigner les malades, offrit spontanément le soin des malades à la Sœur qui visitait les malades. Puis la construction d’une ambulance fut confiée aux Sœurs avant la construction d’un hôpital en 1866. En 1867, ordre de la Municipalité de ne plus recevoir de malades, de suspendre les soins du médecin, et en 1868 nouvel ordre de la Municipalité, recevoir à nouveau des malades.

En 1866, l’Orphelinat Cukur, (quartier d’Istanbul) appelé Saint Joseph.

Le Sultan voulant récompenser les Sœurs, elles lui dirent souhaiter une maison pour les orphelines. Ce fut fait et en 1869 elle était terminée. Encore un fait raconté par une sœur.

« Permettez-moi de vous raconter un trait touchant de la bonté de nos ouvriers. Pendant que l’on construisait les murs de la maison, les fonds vinrent à manquer. En leur donnant la solde de la semaine ils furent prévenus que les travaux seraient suspendus pendant quelques temps et qu’ils pourraient s’occuper ailleurs. Il n’y avait que pour trois semaines à peu près d’ouvrage pour couvrir la maison. Bientôt ils se concertent entre eux et un, député au nom de tous, (c’était un Turc) déclare que lui et ses compagnons veulent travailler sans être payés pour que les enfants soient plus tôt logées. »

En 1872, l’Hospice des Artisans. 

L’Hospice né en 1841 est sous la protection de Sa Majesté Impériale le Sultan et des lois du pays.

C’est en 1872 que le Conseil d’Administration demande des Sœurs de Saint Vincent de Paul. Elles commencent à quatre.

En 1878, la Guerre turco-russe, sept ambulances sont confiées aux Filles de la Charité. Mais plusieurs sœurs tombent malades et les Provinces d’Autriche, de Syrie, de Sienne envoient du renfort.

A cette époque les Sœurs à titre de « médecins » peuvent pénétrer dans les harems, et indirectement aider les femmes spirituellement. Entrer aussi dans les prisons, en obtenant même de libérer un homme père de sept enfants.

En 1881, l’Hôpital Geremia, maison donnée par Monsieur Geremia aux Lazaristes pour en faire un hôpital et confié aux Filles de la Charité pour que les catholiques pauvres puissent être soignés.

En 1900, laSoeur Visitatrice veut établir à Bebek une succursale de la Maison Centrale, la maison « Louise de

Marillac » pour procurer aux enfants trouvés un asile plus vaste et mieux aéré.

En 1893, l’Ecole St Vincent, annexée à l’hôpital français de Taxim.

Classes et ouvroir groupent 500 élèves. Mais en 1914, la maison est prise et pillée, les sœurs chassées.

Après la guerre, la maison est transférée et deviendra l’école Ste Pulchérie.

En 1912, la Guerre des Balkans, les Filles de la Charité donnent leurs soins dans 12 ambulances.

Avec la guerre de 1914-1918, le catholicisme est visé, ordre de fermeture des écoles française, le personnel condamné à quitter la Turquie, perquisition aux collèges Saint Benoît et Sainte Pulchérie, les sœurs sont expulsées.

Des sœurs sont emprisonnées. Puis libérées, elles partent pour Salonique dans les ambulances de l’armée française d’Orient, soigner les soldats.

Après la guerre, les maisons se réorganisent. Deux ans plus tard à la Maison Centrale l’école compte 535 élèves.

Dispensaire, orphelinat, crèche, ouvroir fonctionnent de nouveau.

L’hôpital de la Paix n’est pas épargné, mais le Dr Mazar Osman obtient de garder les Sœurs pour soigner les aliénés.

L’hôpital peut recevoir les sœurs des maisons fermées. Tous les bâtiments scolaires qui ont été pillés sont réaménagés par les Sœurs et les classes fonctionnent à nouveau.

En 1920, consolation pour les catholiques, a lieu le Congrès Eucharistique, procession dans les grandes artères de la ville, conduite par la cavalerie turque, escortée par la musique militaire, et grandiose reposoir à Taxim.

En 1923, la République est proclamée en Turquie, Mustafa KEMAL en devient le premier Président.

En avril 1924, tout emblème religieux doit disparaître. Les sœurs sont envoyées en Syrie, en Palestine et en Algérie. En octobre, Rome demande le maintien des écoles. Des sœurs viennent de France.

En 1925, des jours meilleurs ? Non, des problèmes financiers et des difficultés administratives….

En 1930, interdiction de recueillir les enfants abandonnés, ils doivent être envoyés à l’Asile turc.

En 1931 Constantinople devient Istanbul, les classes sont à nouveau florissantes, mais sont à nouveau fermées en fin d’année, puis réouvertes sous une autre forme.

En 1935, une loi interdit le port de tout habit. Les sœurs ont le choix : quitter la Turquie ou quitter l’Habit religieux. Que de souffrances !!! Pour celles qui partent et pour celles qui restent.

En 1937, tracasseries administratives, difficultés financières, manque de personnel, il faut fermer l’orphelinat de Cukur. Les enfants sont replacés dans nos maisons.

« Si le grain de blé ne meurt, il ne peut porter du fruit. »

La vie donnée des Filles de la Charité dans ce pays s’est poursuivie jusqu’en 2021.

Rendons grâce au Seigneur et prions pour ce pays.

Sœur Janine ARNOLD pour le Service des Archives de la Province Belgique-France-Suisse