Historique des Filles de la Charité de REDON (Ille-et-Vilaine)
Redon est une ville des régions de Bretagne et Pays de Loire, à l’extrême sud du département, à la limite du Morbihan et de la Loire Atlantique, à proximité de Nantes, Saint Nazaire, Vannes et Rennes. Elle est située à 45 kms de la mer, avec une campagne souvent vallonnée.
Préparation de l’arrivée des Filles de la Charité
1842, Projet de fondation de M. Jean SALMON, Curé de REDON de faire construire un presbytère et une maison pour les Sœurs (Lettre de Soeur Marie CARRERE, Supérieure générale du 22 décembre 1842).
1843, par acte notarié du 10 octobre, est confirmé la construction de la maison sise n° 1 réservée au presbytère, et le 2 « des rues Basses » (actuellement rues J. d’Arc et Duguesclin) destinée au service du Bureau de Bienfaisance et au logement des Filles de la Charité. Cette construction est faite sur un terrain donné par Mme Julienne BELLAMY, Fille de la Charité, par acte du 28 février.
1844, un traité est passé le 7 janvier entre le Bureau de Bienfaisance et la Compagnie des Filles de la Charité pour 4 Sœurs chargées de la visite des Pauvres et de la direction d’une école ou orphelinat. La plus entière entente se maintient pendant une quarantaine d’années entre les Sœurs et la Commission administrative.
Reconnaissance des instances civiles
1843, un arrêté du Préfet d’Ille-et-Vilaine du 12 août autorise l‘ouverture d’un Bureau de Bienfaisance. Réunion du Conseil Municipal pour l’installation du Bureau de Bienfaisance qui attend l’arrivée des Sœurs de la Charité pour fonctionner.
1844 et 1845, donations par actes notariés de Mme de la GRANDIERE, Fille de la Charité, originaire de REDON, pour l’entretien des Sœurs.
1845, trois délibérations du Conseil Municipal à la demande de la Supérieure générale, au sujet de l’établissement des Filles de la Charité au Bureau de Bienfaisance.
1848, Ordonnance du Roi Louis-Philippe du 2 février, confirmant l’établissement des Filles de la Charité à REDON pour le service des pauvres.
Ouverture des œuvres
C’est alors l’ouverture d’une « Maison d’Ecole de Jeunes Filles », d’un Orphelinat et du Bureau de Bienfaisance. La maison compte 4 Sœurs. Leur pension est payée par le Bureau : 2 Sœurs sont chargées de la réception et de la distribution des aumônes. Le Bureau paie également « les frais du premier voyage et du port des hardes » !
1848, acquisition des immeubles destinés à agrandir la maison d’école, par la commune (donation Mme Vve d’ALERAC) à la condition expresse qu’ils soient à l’usage des Sœurs du 2 « des rues Basses ».
1855, des achats sont faits au nom du Bureau de Bienfaisance par Soeur SIRVEN, Soeur servante.
1874, les Sœurs demandent un agrandissement de la cuisine car elles préparent le bouillon des Pauvres, la soupe des malades, et la cuisine pour 14 orphelines et 4 Sœurs. La salle des pansements et la pharmacie sont également devenues insuffisantes. Des achats sont faits au nom du Bureau de Bienfaisance par Soeur SIRVEN.
1876, une pharmacie est mise en service. Cette même année, les enfants n’avaient qu’une heure de classe.
Des difficultés de 1886 à 1892
Des difficultés surgissent entre les Sœurs et le Bureau de Bienfaisance. Le Maire demande de modifier l’organisation de l’ouvroir, de réduire le personnel des Sœurs, de diminuer le traitement, de faire un traité sur de nouvelles bases.
- Les Sœurs désirent garder la direction de l’orphelinat, de l’ouvroir et de l’école qu’elles ont fondés et qui sont soutenus par les Dames de la Charité de REDON
- Le Bureau voudrait en prendre la direction et l’administration
1886, une lettre mentionne que le Bureau de Bienfaisance manque de ressource et une inquiétude en ce qui concerne le fonctionnement de l’ouvroir et de l’orphelinat. Ces deux derniers sont une œuvre privée et indépendante du Bureau de Bienfaisance, établie sous le contrôle et entretenue par les Sœurs.
La Pharmacie, devenue trop onéreuse pour le Bureau de Bienfaisance, est supprimée.
1887, les Sœurs déclarent une Ecole primaire à la suite de la Loi du 30 octobre 1886 sur l’enseignement.
Les enfants sont au nombre de 23, dont 14 au-dessus de 12 ans. Une lettre de Sœur LEQUETTE, Supérieure générale, demande « que l’heure journalière d’école soit portée à trois sinon quatre heures ».
1888, le traitement des Sœurs est réduit.
1889, le Maire s’oppose à l’ouverture de l’école. Le traitement des Sœurs n’est plus payé par la Commune.
1891, les Sœurs sont menacées d’expulsion. La population et le clergé se rangent du côté des Sœurs. Un procès est ouvert et perdu par le Bureau de Bienfaisance, le 25 juin 1991, qui n’a pas tenu ses engagements.
Période de 1900 à 1913
1904, la Supérieure déclare les locaux agrandis. Elle a son Brevet d’enseignement ainsi que son Assistante, Soeur ASTORG. Les Sœurs sont 8, puis 9. La maison compte 50 orphelines dont 3 de plus de 13 ans.
1905, le Préfet s’inquiète de savoir si les jeunes filles reçoivent un pécule à leur sortie ; il n’est déclaré qu’un trousseau.
1909, Soeur ASTORG, Soeur servante, commence un ouvroir dans le couvent des Ursulines, fermé en 1914.
1911, une maison est louée par la Vicomtesse du Halgouêt à DAMGAN (Morbihan) pour les orphelines qui y passent l’été.
1913, achat d’un terrain et construction de la Villa à DAMGAN par la famille du Halgouêt. Sœur ASTORG fourni mobilier et literie.
Période de la Guerre 1914-1918
1914, bénédiction solennelle le 26 juillet de la Villa à DAMGAN, d’où son nom « Sainte Anne ». Mais les travaux de finition sont arrêtés par la guerre.
1915, les orphelines reviennent, leur nombre est augmenté de quelques pensionnaires.
1916, la Vicomtesse du Halgouêt, Présidente de la Croix Rouge ne peut revenir car elle trouve les frais de transport trop élevé avec un coût du voyage de soixante francs pour l’aller et soixante francs pour le retour. Elle revient toutefois en remorqueur sur la Vilaine « splendide voyage » !
1917, manque d’eau
1918, la Ville reçoit 50 orphelines et 4 Sœurs d’Epernay dans la Marne. Leur séjour dure un an.
Période de l’après-guerre
1919, les voyages par eau sont trop onéreux. Ils se font en camion. Les enfants de la maison en profitent jusqu’en 1967.
1921, la Vicomtesse du Halgouêt meurt à REDON et lègue la villa à son fils, l’Abbé Jacques du Halgouêt pour que les enfants en jouissent comme par le passé. Le nombre des pensionnaires augmente.
La situation s’apaise entre les Sœurs et le Bureau de Bienfaisance : un acte de rupture du contrat de 1844 est fait en esprit de conciliation (actes des 6 et 19 février 1921).
1924, le 29 octobre et le 7 novembre, les actes de vente des immeubles du Bureau de Bienfaisance à Soeur ASTORG, représentant la Supérieure générale sont signés.
1928, Sœur BOTESF, Supérieure, fonde « La Ruche » en septembre une garderie à 3 kms de REDON, dans les Sapins du Tertre, grâce à la générosité de la famille RICHER qui offre le terrain, et à de nombreux donateurs redonnais. Des ouvriers donnent de leur temps pour travailler à sa construction. Elle fonctionne avec une centaine d’enfants, mais cesse en 1939 à cause de la guerre. Elle est transformée en colonie et en Centre aéré avec plus de 200 garçons et filles. Elle est classée « colonie de plein air » en 1949. Sœur Antoinette a « lancé » le Centre de loisirs de la Ruche. Restée 45 ans à Redon (1913-1958), elle anime et encadre les activités des enfants et des jeunes de « La Ruche » !
1936, l’Abbé Halgouêt fait don à la maison de REDON de la Villa Sainte Anne de DAMGAN.
Période 1940-1945 (pas d’archives)
Période 1953-1981
1950, bénédiction de la chapelle de la Ruche dédiée à « Notre Dame des Bruyères »
1953, ouverture d’une école technique pour quelques années.
1967, fermeture de la Maison d’Enfants.
1968, une partie des locaux est louée à l’Association des papillons Blancs. A cette date, les Sœurs ont les soins à domicile, le Centre de soins et la catéchèse.
1973, passage du Centre aéré à la Ville.
1974, les Sœurs sont au service des enfants de l’Action Catholique des Enfants (ACE), de la Fraternité des malades, tous en poursuivant le service des malades et la catéchèse.
1976, une Soeur travaille avec le service de la Croix d’Or ; une autre Soeur au « Conseil paroissial » et au « Conseil de zone », elle fait aussi la catéchèse aux « Papillons Blancs ».
1978, agrément du Centre de Soins infirmiers (conformément au décret du 22 avril 1977).
1981, la communauté est composée de 7 Sœurs qui se partagent les services suivants :
Soins à domicile (2) – Centre de soins (1 à mi-temps) –Aide-ménagère (1) – Club des personnes âgées (1) – Catéchèse aux enfants et formation des catéchistes (2) – Catéchèse aux « Papillons Blancs » (1) – Vie montante (4) – Equipes Saint Vincent (1) – Communion aux malades (2) – Liturgie (1) – Conseil pastoral et Conseil apostolique (1) – Jeunesse Mariale (1) – A.C.E. aide et soutien des laïcs (1)
La communauté des Filles de la Charité a fait ses adieux à la Ville de REDON le 30 juillet 2006 en l’Abbatiale Saint Sauveur après 162 ans de présence. Le 26 août suivant, les 4 dernières Sœurs de cette communauté quittent REDON !