Historique des Filles de la Charité de l’hôpital de Vichy – 1697-1997
Vichy, ville d’Auvergne, département de l’Allier, doit son développement et sa renommée à ses sources thermales connues dès l’époque romaine.
Saint Vincent de Paul meurt en 1660. Trente-cinq ans après, les Filles de la Charité arrivent à VICHY. Il faut situer leur présence à l’époque des guerres, de la pauvreté entraînant la maladie, la misère, la mortalité.
En 1696, le Directeur de l’Hôtel-Dieu de VICHY l’Abbé Mareschal, curé de la Paroisse (Docteur en théologie, supérieur de l’Abbaye Royale de Montpeyroux) demande trois religieuses de la Congrégation de Saint-Vincent-de-Paul pour l’hôpital.
« L’Hôpital Civil de VICHY a été créé par Louis XIV en 1696. Les trois premières Soeurs de la Charité ont été envoyées dans le courant d’août 1696 (5 mois après les premières lettres patentes), par Monsieur Joly, second successeur de Saint Vincent, et par Dame Mathurine Guérin, deuxième Supérieure générale de la Communauté. Après une expérience de sept années, on s’aperçut de part et d’autre, qu’il y avait lieu de sanctionner l’épreuve par un traité définitif qui fut signé à Paris le 25 août 1703. La copie se trouve aux archives de l’hôpital ». Archive manuscrite
Les hôpitaux de l’époque répondent à beaucoup de besoins. Les premiers règlements les énoncent : malades civils, hommes, femmes, enfants, atteints de maladies aigues ou blessés accidentellement, les malades militaires ou marins, les galeux, les teigneux, les femmes enceintes. L’établissement prend le titre « Hôpital des pauvres de Vichy » inscrit au fronton avec l’écusson des armes du roi Louis XIV.
Dès les débuts de l’hôpital, le Docteur Maire, chirurgien, réalise une centaine d’opérations par an en salle d’opération accompagné de Sœur Marthe. La Supérieure rappelle Sœur Marthe. Le Dr Maire manifeste son désaccord : c’est une victoire car Sœur Marthe revient !
Le 6 septembre 1721, les Administrateurs demandent une quatrième Soeur, les trois premières ne pouvant plus suffire à la tâche. Elle est envoyée de Paris au mois de novembre suivant, son voyage coûte 34 livres.
En 1728, les héritiers de l’Abbé Mareschal vendent sa propriété à Pierre Delarbre, curé de Vichy qui considère que l’Hôtel Dieu est mal situé dans un lieu bas et humide à cause de la proximité de la rivière l’Allier. Lors des crues les caves et offices se remplissent d’eau. De plus les bâtiments sont trop petits pour loger les pauvres de la Paroisse, les étrangers et les soldats qui y viennent pour les eaux. Pierre Delarbre considère qu’il faut un emplacement spacieux bien situé et en bon air pour les malades. Il donne sa propriété à l’Hôtel Dieu de la Ville de Vichy.
Fin 1742, la Commission Administrative des Hospices de la Ville de Vichy demande une cinquième Soeur, elle est envoyée sans trop de retard, car on trouve une dépense de 50 livres à la date du 10 janvier 1743 pour ses frais de voyages.
En 1753, le nouvel Hôpital est inauguré sous les auspices de Madame de Noailles, bienfaitrice de l’Hôpital. Il comprend un rez-de-chaussée et un étage. Puis on y ajoute deux ailes. Dans l’aile sud une grande salle de 30 lits est aménagée pour les « gens de guerre » et aux étrangers buveurs d’eaux. L’hôpital n’a pas de médecin attitré. Les Intendants des Eaux Minérales de Vichy, un chirurgien et quatre Sœurs assurent le service médical, chirurgical et pharmaceutique.
Les besoins augmentent, on accroît les surfaces d’hospitalisation et on installe 50 lits nouveaux en 1776 puis 30 lits en 1784. L’Hôpital est en pleine expansion mais bientôt la Révolution prive l’Hôpital de la plus grande part de ses revenus en confisquant les propriétés rurales.
Le 25 juillet 1805, un Mémoire mentionne « les administrateurs de l’hospice de Vichy, prient M. le Préfet de l’Allier de vouloir bien ordonner la rentrée de la redevance au profit de l’hospice, avec les arrérages qui en sont dus. »
Le 6 août 1839, un Traité est conclu entre l’hôpital de Vichy et la Compagnie des Filles de la Charité pour sept Sœurs.
L’hospice reçoit les vieillards indigents et valides des deux sexes, les incurables indigents, les orphelins pauvres, les enfants trouvés et abandonnés, des vieillards valides.
En 1821, l’Hôpital fonctionne avec huit Sœurs, un valet et une servante ; 60 lits sont réservés aux militaires et aux curistes. Le service des armées souhaite disposer pendant toute la saison de 50 lits réservés aux soldats blessés pendant les guerres coloniales.
De 1861 à 1866, Napoléon III fait des séjours à Vichy ; il en fait la capitale européenne des Villes d’eaux avec de belles installations. Il décide la réalisation des parcs qui bordent l’Allier. L’hôpital de Vichy avait déjà failli quitter le centre-ville. « Il était situé à côté du casino. On ne pouvait supporter qu’un lieu de souffrance soit à proximité d’un lieu de plaisir ».
Les Sœurs sont polyvalentes, infirmières, beaucoup de pharmaciennes pour la préparation des médicaments. Elles sont aussi pour l’orphelinat et pour l’école, car le souci de l’éducation se fait sentir.
En 1819, une installation des bains et douches alimentée par une portion de l’eau de source Rosalie permet le traitement des hospitalisés sans sortir.
En 1881, ouverture de la Maison de Charité, du bureau de bienfaisance et d’une école. C’est une période de difficultés pour les écoles. La maison est fermée en 1904.
Lors de la Première Guerre Mondiale, l’Hôpital doit accueillir les soldats blessés. « Tout est réquisitionné par l’Armée. Il n’y a plus de charbon pour le chauffage. Les chirurgiens ne stérilisent plus pendant plusieurs mois. La dette de l’hôpital est de 700 000 francs à la fin du conflit, un bâtiment a brûlé, les bâtiments sont sales… Les dégâts sont considérables ».
En 1925, les travaux de l’Hôpital se terminent avec un Service thermal de 130 lis, un Hôpital civil de 99 lits, un Hospice civil de 91 lits.
Avec la dernière Guerre mondiale, l’établissement hospitalier passe d’un « service de la charité » à « des soins de plus en plus techniques », grâce aux découvertes scientifiques, permettant de réaliser des prouesses étonnantes.
En 1942, ouverture de la Maison de Cure rue Victoria. Cette maison est créée pour répondre aux besoins des pauvres, c’est-à-dire présenter une formule d’accueil moins coûteuse que l’hôtel le temps d’une cure thermale, qui s’adresse le plus souvent aux Sœurs mais aussi aux laïcs. Cette communauté abrite aussi une Association de Dames de la Charité et le Mouvement des Enfants de Marie.
En 1947, un contrat est passé entre la commission administrative de l’hospice de Vichy et la Compagnie des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul. Il mentionne « un nombre de 25 Sœurs (non compris les Sœurs à la reposance). Elles doivent être titulaires du diplôme de capacité professionnelle d’infirmière hospitalière de l’Etat, soit du diplôme officiel d’équivalence, soit d’une autorisation d’exercer prévue dans le Décret du 16 juillet 1943 et la Loi du 8 avril 1946. Elles sont considérées comme « Filles de Maison » et non comme salariées. L’Administration hospitalière verse chaque année une indemnité de vestiaire de 6.000 Frs à partir du 1er juillet 1947.
Les temps changent, l’hôpital s’agrandit et la médecine se développe. L’Eglise bouge aussi, le Concile invite à l’aggiornamento pour un meilleur service. Une grande mutation s’opère pour beaucoup de communautés hospitalières vu la diminution des vocations.
En 1969, l’hôpital compte 16 sœurs : 10 Sœurs vont rejoindre une autre Communauté et 6 Sœurs restent travailler à l’hôpital sans y habiter. Le statut de « personnel congréganiste » change pour celui de « salariée ». Les unes « infirmières », les autres « surveillantes » avec des horaires différents. Puis, de la rue Thiers elles vont habiter Boulevard Carnot en 1972, jusqu’au 18 juin 1997.
Pour la période hors des saisons de cure, les chambres sont disponibles pour un foyer de « midinettes » (1) et étudiantes. Cette maison est ouverte pour favoriser l’accueil à la cure et les Sœurs participent à la pastorale de la Paroisse. En 1972, 5 248 journées de cure figurent au registre.
Entre 1890 et 1997, un registre des Sœurs témoigne du passage de 200 Sœurs qui ont servi à l’hôpital.
La Communauté des Filles de la Charité, après 300 ans de présence dans « la reine des villes d’eau », laisse des souvenirs dans les mémoires des Vichyssois.
Le Service des Archives de la Province Belgique France Suisse
- midinettes : jeunes ouvrières ou vendeuses de la couture, de la mode.