Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul

Province Belgique-France-Suisse

Fribourg est la capitale du canton du même nom. Elle se trouve dans la partie ouest de la Suisse. Située dans la vieille ville médiévale, qui surplombe la Sarine. La Sarine coupe le Canton de Fribourg en deux.

Au 18ème siècle, les plus aisés de la ville habitaient au Bourg et à la Grand-Rue, tandis que les plus défavorisés s’installèrent en Basse-Ville, notamment à la Neuveville.

 

Situation de Neuveville dans Fribourg

 

En 1841, une dame française, originaire de Franche-Comté, Adélaïde DE LA POYPE, réfugiée à Fribourg pendant la Révolution française, achète une maison dans la rue de la Neuveville aux Pères Rédemptoristes.

 

Fribourg la Providence

Elle remet cette maison à Mgr YENNY, Evêque de « Lausanne et Genève », pour y accueillir des petites filles pauvres et des malades. Mgr YENNY et Adélaïde de la POYPE demandent qu’elle soit confiée aux Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul. Mais la Compagnie des Filles de la Charité n’accède pas à leur désir par manque de Soeurs disponibles. Ce sont donc les « Sœurs de Ste Jeanne Antide Thouret » de la Roche-sur-Foron (Haute Savoie) qui en assurent le service. Elles y restent jusqu’à la Révolution de 1848, époque où un décret d’expulsion les atteint ainsi que d’autres Ordres religieux. La Maison de la Providence est fermée. En juillet 1850, une Directrice laïque prend la responsabilité de l’Etablissement avec des « maîtresses séculières ». Le nom « Providence » devient « Asile ».

Mgr MARILLEY, nouvel Evêque, craignant que le Gouvernement soit à nouveau défavorable aux Sœurs de la Roche, réitère la demande et obtient trois Filles de la Charité, détachées de la Maison de Charité de Genève.

Le 21 novembre 1858, trois Filles de la Charité arrivent à l’orphelinat, baptisé « Maison de La Providence », rue de la Neuveville.  Elles apportent pour tout bien une petite statue de la Sainte Vierge. Elles lui donnent la place d’honneur et lui confient l’avenir.  A cette époque, FRIBOURG compte 9 000 habitants. Leurs robes bleues et leurs cornettes blanches attirent l’attention.

En janvier 1859, deux autres Sœurs les rejoignent. La Comtesse de la POYE leur remet une rente de quatre mille francs à la condition que cela soit utilisé pour les enfants et pour les œuvres de la charité.

Sœur Marie-Louise THIERY, fut la première Sœur servante. Elles sont appelées « Sœurs de la Providence ». Les débuts sont un chemin de croix. Sœur Marie-Louise supporte, avec une patience inaltérable, des méchancetés et des calomnies. Mais sa confiance est récompensée :

               « Petit à petit, en raison de leur dévouement, du bien qu’elles accomplissent, des misères qu’elles soulagent, la mentalité change, les témoignages de sympathie se multiplient, de solides liens d’amitié se nouent avec des gens de toutes conditions ».

 

Cours des orphelines

L’orphelinat se développe grâce aux agrandissements successifs et aux bienfaiteurs. Il accueille 7 petites filles, puis 12, puis 30, puis 40, jusqu’à 80 en 1870. Leurs parents sont décédés, ou en incapacité de les élever.

               « Bientôt, l’Etablissement jouit d’une telle réputation que des Suisses allemands y placent leurs filles en vue d’y apprendre le français ».

Comme beaucoup ne paient rien ou presque rien, et, que les revenus de la Fondation se montent à quatre mille francs, c’est une lourde charge pour la Maison de la Providence.

Les enfants vont en classe en Ville. Puis sur la demande des parents, les Sœurs ouvrent une école primaire avec l’accord du gouvernement, en 1861.

En 1867, c’est l’ouverture de classes secondaires et une Ecole Normale avec Internat, appelée « Œuvre des Elèves Institutrices ». Les Ecoles Secondaires et Normales fermeront en 1975.

Les demandes de services augmentent toujours…

Au cours de visites médicales à domicile, Sœur THIERY rencontre beaucoup de petits enfants sans surveillance. Elle ouvre un asile (garderie d’enfants) en face du bâtiment de la Providence grâce au produit d’une souscription. 

 

Soeur et enfants

Les parents du quartier manifestent leur reconnaissance aux Soeurs. Bientôt affluent les enfants d’autres quartiers car, à cette époque, aucune école enfantine n’existe à Fribourg. Mais tout augmente, sauf les ressources. Plus que jamais, il faut compter sur la Divine Providence. Celle-ci se manifeste plus d’une fois en des occasions touchantes.

Après les classes primaires, bien des jeunes filles perdent leur temps au lieu de s’adonner au travail. Cette constatation amène Sœur THIERY, à ouvrir en 1860, un Ouvroir externe avec le concours charitable de dames.

Les Sœurs apprennent à ces jeunes filles des travaux de lingerie. Vingt à trente jeunes filles suivent les cours. Une fois formées, celles-ci travaillent à la pièce et sont rétribuées.

En 1859, les filles internes qui le souhaitent s’engagent sur le modèle de la Vierge Marie à servir les pauvres et les marginalisés, à l’exemple de Saint Vincent de Paul au 17ème siècle. 

En 1862, Sœur THIERY fonde l’Association des Enfants de Marie (1). Des jeunes filles externes prennent un engagement chrétien sur le modèle de la Vierge Marie.

 

Procession dans les rues

En 1866, Sœur THIERY quitte FRIBOURG ; elle est remplacée par Sœur GAUDEFROY.

En 1864, les Sœurs ouvrent un atelier de tressages de la paille.

Dès 1867, les Sœurs visitent les prisonniers. Elles servent aussi la soupe populaire et le pain.

Puis, les Communes du district de la Sarine préconisent une étroite collaboration avec l’Evêché et les Sœurs, afin de créer un Hospice.

En 1869, Mgr MARILLEY achète l’immeuble où se trouvent déjà les Classes, l’Asile et l’Ouvroir, en vue de l’ouverture d’un Hospice : « Hospice du district de la Sarine » (2-3).

               « On y admettra des malades et des blessés des deux sexes, des aveugles, d’autres infirmes, des      incurables, à l’exception des aliénés. Des malades y seront soignés gratuitement. »

Lors de la guerre en 1870, à l’entrée de l’armée de l’Est en Suisse, deux Sœurs sont réquisitionnées pour soigner les pauvres soldats français dans le lazaret (4) établi aux Neigles (proche de Fribourg).

En 1871, suite à la guerre franco-allemande, 179 militaires sont établis à la Maison de la Providence.

En 1886, le « Bureau de placement et de la Protection de la jeune fille » s’installe à La Maison de la Providence.

La Maison de la Providence a une succursale dans le quartier de Beauregard où les mamans rencontrent une aide précieuse à la crèche et à l’école enfantine.

En 1888, une pharmacie s’installe à la Maison de la Providence, contrôlée par un médecin.

 

Sr et jeunes filles

En 1898, Sœur KAMOSKA, Sœur servante, ouvre le Patronage Sainte Agnès. Ce groupe de jeunes filles de 13 à 20 ans, organise des séances récréatives. Elles y reçoivent des causeries instructives et une solide formation religieuse de Sœur KAMOSKA, qui les intéresse aussi à la cuisine et à la préparation de leur trousseau, les initie à leur futur rôle de mère de famille. Dans le même temps, les Filles de la Charité établissent un Patronage aussi pour les fillettes de 7 à 13 ans.

En 1901, les statistiques indiquent 28 797 journées de malades à l’Hôpital.  

En 1903, de l’Ouvroir est sorti une grande école de blanchisseuses, tailleuses, lingères et cuisinières. 

En 1904, commence l’œuvre des « Soupes scolaires ». Chaque hiver, à la sortie des classes, près d’une centaine d’élèves des écoles primaires reçoivent gratuitement de la soupe et du pain à discrétion.

 

Dispensaire

En 1906, ouverture d’un Dispensaire pour répondre aux nombreux besoins de la population de la Basse-Ville. Les blessés et les accidentés y reçoivent les premiers soins et y reviennent aussi longtemps qu’il le faut pour le changement des pansements.

En 1908, un Atelier de Confection Professionnel est ouvert ; il remplace l’Ouvroir externe.

 

Salle de confection

En 1911, l’ouverture du Patronage Saint Louis rassemble chaque dimanche 100 à 120 garçons pour entretenir des liens d’amitié.

En 1930, les Soeurs forment des brodeuses, de stoppeuses et des repasseuses.

               Pendant les deux dernières Guerres, des centaines d’enfants réfugiés ont pu trouver un lit sous le vieux toit hospitalier, en attendant le placement dans les familles.

En 1945, après la transformation des locaux, 110 lits pour personnes âgées et malades sont mis à disposition à la Providence.

En 1960, les Filles de la Charité de la Maison de la Providence commémorent le troisième centenaire de la mort de leurs Fondateurs, Saint Vincent de Paul et Sainte Louise de Marillac, et plus d’un siècle d’activité sur les bords de la Sarine.

Durant les années 1960, divers aménagements sont réalisés pour favoriser les soins aux personnes malades, handicapées, hommes et femmes. Sous l’impulsion de la Fondation La Poype et d’une direction laïque, la Maison de la Providence, dans ses murs anciens, s’adapte sans cesse et devient dès 1980, « un Home médicalisé » moderne et fonctionnel (EMS).  Une Communauté de Filles de la Charité y reste présente et collabore avec le service d’aumônerie.

Les œuvres de la Maison de la Providence sont le fruit de l’attention des Sœurs aux diverses pauvretés qu’elles ont rencontrées ; de leur confiance inébranlable en la divine Providence et de la générosité des Fribourgeois (quêtes à domicile, kermesses…). Les « bienfaiteurs » ont été les « collaborateurs » précieux de leur service des pauvres.

Service des archives de la Province Belgique France Suisse

 

 

 

  • Association des Enfants de Marie : fondée après les apparitions de la Vierge à Sainte Catherine Labouré en 1830 à Paris.
  • District de la Sarine : un des sept districts du canton de Fribourg en Suisse. Son chef-lieu est Fribourg.
  • La Sarine est une rivière de Suisse qui traverse longitudinalement le canton de Fribourg. 
  • Lazaret : lieu où sont isolés les sujets suspects de contact avec des malades contagieux.

 

Du XVIIème au XIXème, beaucoup d’Hôpitaux font appel aux Filles de la Charité et à d’autres Congrégations hospitalières réputées plus sûres, disponibles et peu coûteuses pour gouverner un « Hôtel-Dieu » ou un « Hôpital Général ». De plus, la Règle et le charisme de la Congrégation des Sœurs de Saint Vincent de Paul, qui font un 4ème vœu « le service des pauvres » forgent un état d’esprit mis « au service des pauvres malades ». Durant cette période, elles étaient présentes dans un grand nombre de Diocèses.

Dans les hôpitaux, hospices et les Bureaux de Bienfaisance, des Filles de la Charité ont eu la mission de préparer les médicaments pour soigner les malades. Elles étaient chargées de confectionner des potions et mélanges guérisseurs ou préventifs dans des « apothicaireries », qui devinrent des « pharmacies » après la Révolution. Si l’office de la Sœur apothicaire est peu décrit dans le contrat entre les administrateurs des hôpitaux et les Supérieurs de la Congrégation, le poste qu’elle occupe est plus important qu’il n’y paraît.

 

 

  • Dès 1682, à l’Hôtel-Dieu d’ANGERS (Maine-et-Loire), une des vingt-cinq Filles de la Charité reçue la charge de l’apothicairerie.

 

Son rôle est « d’entretenir la pharmacie, de faire des huiles, des miels, des onguents, des sirops, des eaux, des emplâtres, des électuaires (1). Elle est chargée de la confection de poudres, de sucre de réglisse, d’infusions, d’onguents et de cataplasmes. Elle fait aussi la distribution des remèdes et la gestion de l’apothicairerie. Les produits sont d’origine végétale (herbes et fleurs) et animale.  Elle contribue ainsi à soulager les pauvres malades en préparant divers remèdes.

 

 

 

 

 

  • En parcourant les inventaires des archives de France de ces époques, nous découvrons des lieux où sont mentionnées des apothicaireries ou des pharmacies tenues par des Filles de la Charité :

Alise-Sainte-Reine – Angers – Auch – Bailleul – Beaune – Bayonne Saint Léon – Bazas – Beaumont de Lomagne – Castelnaudary – Chantilly – Châtillon-sur-Chalaronne – Compiègne – Drancy – La Beaume-d ’Hostun – La Gennevray – La Teppe – Le Tréport – Lodève – Lyon Saint Jean – Montpellier Miséricorde – Moutiers Saint Jean – Rouen –  Tournus – Saint-Denis – Saint-Germain-en-Laye – Saint-Macaire – Saint-Malo – Senlis – Thourotte – Ussel.

Pharmacie de Bazas

Pharmacie de Bazas

A Paris, les Communautés : des Invalides – de Notre Dame de Bercy (2), de Notre Dame de la Gare, de St Jean de Montmartre, de St Jacques du Haut Pas, de St Jacques St Christophe, de St Louis en L’Ile.

 

 

  • L’œuvre de la Communauté des Sœurs de MONTPELLIER (Hérault) au 1 rue de la Monnaie, à « La Miséricorde » et au « Bureau de Bienfaisance ».

 

« En 1715, installation d’un dispensaire et d’une « Apothicairerie ». L’ensemble est baptisé « La Miséricorde ». A la pharmacie sont préparés les médicaments distribués aux pauvres de la ville. On leur donne aussi du bouillon tous les matins et on fait les pansements. »

 

« Les lettres patentes donnée par le Roi en 1771 à Fontainebleau, consacrent l’existence légale de la Miséricorde et fixe son rôle : la visite et le soin des malades à domicile, la distribution de bouillons et de remèdes préparés dans l’apothicairerie de la maison… Le programme à exécuter est défini : bouillon, écoles et apothicairerie ».

 

A la Révolution, « le départ des Sœurs exciterait le plus grand mécontentement parmi le peuple ». L’Agent national, préposé pour recevoir le serment à la constitution civile du clergé, sentit la perte irréparable qu’allait faire la cité : alors, changeant hardiment la formule, il leur proposa de « promettre à Dieu de continuer à servir les pauvres comme par le passé »

 

En 1796 « Le Bureau de bienfaisance a ses médecins propres, ses chirurgiens, sa pharmacie dans laquelle sont gratuitement exécutées toutes les ordonnances prescrites par son service médical. Il utilise les services de vingt Sœurs de Saint Vincent de Paul qui visitent les indigents, gèrent la pharmacie et y préparent elles-mêmes tous remèdes… ».

Le développement de l’œuvre nécessite d’agrandir l’Apothicairerie qui se dote de pots de plus en plus raffinés, commandés d’abord à de simples potiers puis par la suite à des Maîtres Faïenciers qui les décorent de plus en plus artistiquement : les pots droits de forme cylindriques, les grandes cruches, les chevrettes, les petits pots, les pots blancs, les petits vases sur piédouche (3).

En 1839 « Les prescriptions de 7 médecins sont exécutées à la pharmacie, où les drogues sont toujours de première qualité et manipulées avec une rare propreté ; on y trouve les préparations les plus coûteuses… on exécute trente-six mille ordonnances. Quatre Sœurs desservent la pharmacie ; elles font aussi tous les jours, de dix à onze heures, les pansements que tout individu peut réclamer, en se présentant dans la salle chirurgicale. »

« Les produits pharmaceutiques sont enfermés dans des bocaux placés sur des étagères ouvertes qui garnissent les murs, en faïence blanche. Le nom des produits sont inscrits en manganèse ou en bleu dans un encadrement de traits, de rubans, de branches en bleu chatironné (4) très souvent de manganèse ».

En 1830, un article leur notifie : « Les sœurs de la charité, préposées aux pharmacies des hospices, ne peuvent débiter ou vendre des médicaments à des individus étrangers à l’hospice ».

 

 

  • A l’Hospice de SAINT-MACAIRE (Gironde)

 

Quelques habitants de la Ville, s’étant adressés aux Sœurs de la Charité de l’hospice, pour avoir des remèdes dont ils avaient besoin, ces remèdes leur furent vendus et le prix versé à la caisse de l’hospice. « Un pharmacien a cité en justice la Supérieure de l’hospice pour fait de vente au poids médicinal : sirop de violettes, sirop de pêche, farine de lin, pastilles et pommade verte ».

La décision du Ministère Publique est : « les Sœurs ont pu être induites en erreur par une circulaire du ministre de l’intérieur qui paraissait les autoriser à vendre certains remèdes connus sous le nom de magistraux (5) ; aucune peine ne saurait être prononcée contre la dame X » (la Supérieure).

Au sein de leur Congrégation, ces femmes ont assuré un service avec une compétence qui se transmettait tout naturellement de l’une à l’autre. Dans des registres et des petits carnets sont consignées les recettes de la Pharmacie auxquelles l’apothicaire nouvelle peut se référer, héritage de plusieurs siècles d’observations. Formées de façon empirique (6), elles acquièrent une solide expérience et une véritable autonomie par rapport au corps médical. Mais elles assumaient cette mission en lien avec les médecins qui faisaient les ordonnances. Les 4/5 des produits achetés sont d’origine végétale (herbes et fleurs).

 

Dans leur correspondance, Saint Vincent de Paul et Sainte Louise de Marillac, eux-mêmes, indiquent des remèdes à prendre pour se soigner :

  • l’hydropisie : « un demi-verre de jus de cerfeuil, avec autant de vin blanc, bien versé par un linge, pris à jeun, sans manger que deux heures après et boire qu’un demi setier (7) de boisson par repas… » (St Vincent – Coste I,519)
  • la gravelle (8) : «je vous envoie un mémoire concernant la manière de faire l’eau qu’on prend pour remède contre la gravelle, la façon d’en user et ses propriétés » (St Vincent – Coste VI, 601)
  • le rhume : « j’ai pris tous les soirs une espèce de sirop de julep (9) que notre frère Alexandre me donne. Quant à l’état de mon rhume, il est diminué de la moitié de la petite incommodité que j’en avais… » (St Vincent – Coste VI,136)
  • l’ulcère à la jambe : « Si vous le jugez à propos, essayez cette douce pommade, en frottant légèrement et par-dessus un linge mouillé en 2 doubles dans de l’eau tiède… » (Ste Louise à St Vincent – Coste V,465)

 

Les Filles de la Charité se seraient-elles pas les dignes héritières de leurs Fondateurs ? En envoyant des Sœurs pour soigner les soldats sur les champs de bataille, ils devaient leur donner de bons conseils pour soigner les blessures !

Vincent de Paul et Louise de Marillac ont voulu des « Filles de la Charité » au Service des pauvres partout où il y a des souffrances à soulager, des soins à donner. La Sœur qui, dans sa pharmacie, prépare ce qui va soulager le malade répond au charisme voulu par les Fondateurs.

 

 

Service des Archives de la Province Belgique France Suisse des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul

 

 

  1. Electuaires : médicament d’usage interne à consistance de pâte molle, constitué d’un mélange de poudres fines avec du sirop, du miel ou des résines liquides.
  2. La Communauté a pour nom celui de la Paroisse
  3. Piédouche : petit socle servant de piédestal.
  4. Chatironné : en céramique, une ornementation où les couleurs sont entourées d’un trait noir ou violet.
  5. Remèdes magistraux : médicaments composés sur le champ d’après l’ordonnance du médecin
  6. Demi setier : quart de litre de vin.
  7. Empirique : qui ne s’appuie que sur l’expérience, l’observation, non sur une théorie ou le raisonnement.
  8. Gravelle : petits corps granuleux semblables à du sable ou à du gravier.
  9. Sirop de julep : à base d’eau distillée, d’eau de fleur d’oranger, de sirop, de gomme arabique.

Suite de l’article : “la guerre hier, la guerre aujourd’hui…”,

le Service des Archives vous propose pour ce 2ème mois,

d’évoquer ce qu’était la vie des Sœurs et des Orphelins durant la Guerre 1914-1918

Dans les ORPHELINATS des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul

durant la GUERRE 1914-1948

2ème partie

Les locaux des orphelinats sont mis à la disposition des Ambulances.

Dès le 17 août 1914 à Narbonne, une ambulance fonctionne dans l’Institution des Aveugles et Sourds-Muets.

A Monsac en Dordogne, en septembre 1914, une ambulance bénévole est installée dans les locaux de l’Orphelinat des garçons. Sous la conduite des Docteurs, Sœur Eugénie fait tout le travail. A cette époque le nombre des orphelins est réduit à 20 afin de laisser les locaux aux blessés. Quatre Sœurs sont employées à l’Ambulance qui fonctionne jusqu’en octobre 1916. Des demandes sont faites pour l’admission des orphelins de la guerre. Il faut s’ingénier pour subvenir aux besoins des enfants. 

Par suite du bombardement de la capitale, les administrateurs de l’orphelinat Genin de Saint-Denis voulant mettre leurs pupilles à l’abri, font de pressantes instances pour l’accueil de leurs orphelins et personnel : 42 garçons, 6 sœurs et 2 employées. Ils arrivent à Monsac le 28 mai 1918. Le ravitaillement est bien difficile dans cette petite campagne. Les petits réfugiés de Saint-Denis regagnent Paris après l’Armistice, fin avril 1919.

A Toulon La Providence, dans les locaux de l’orphelinat, l’Hôpital militaire n° 8 est aménagé. Les jardins permettent aux convalescents de jouir du soleil et du bon air. L’ambulance est ouverte le 13 septembre 1914, elle compte 204 lits réservés en partie aux blessés des Dardanelles. Les Sœurs, en petit nombre, sont surchargées de travail.

A Sedan dans les Ardennes, les Filles de la Charité apportent leurs soins aux blessés. Un des mutilés qu’elles ont soignés rend ce témoignage : « elles ne cessèrent de faire du bien aux blessés et l’on ne pourrait sans une véritable ingratitude oublier leur sollicitude toute maternelle ».

Des orphelinats sont sollicités pour disposer des locaux pour les blessés : à Paris avenue Parmentier, rue du Cloître St Merri et à la Fondation Eugène Napoléon – en banlieue parisienne, au Raincy Boulevard du Nord et à Champigny-sur- Marne Grande Rue.  

A Aniche dans le Nord, les écoles sont transformées en lazaret (lieu de quarantaine pour les contagieux). La classe se fait dans des maisons particulières. Les élèves sont surveillés par de jeunes normaliens qui suppléent au personnel enseignant qui est aux armées.  

A Vannes dans le Morbihan, les jeunes filles servent aux Ambulances avec dévouement. Mais la difficulté de trouver des vivres est cause de la fermeture momentanée des cours.

Au Château des Marches, en Savoie, 72 orphelines vivent au Château. L’orphelinat s’adapte et se transforme en Hôpital militaire. Vingt-cinq lits sont préparés et accueillent en premier lieu les émigrés des Ardennes. Les premiers convois de soldats blessés au front arrivent. La salle de bal est transformée en salle de soins et salle de chirurgie. Le Château des Marches devient l’Hôpital auxiliaire n°14. Sœur Mélanie ne peut pas se résoudre à quitter son domaine où les soldats blessés et quelques poignées d’orphelines ont besoin de sa présence. Mais, épuisée, elle s’éteint le 26 octobre 1915.

A l’Hôtel-Dieu de Crécy-sur-Serre dans l’Aisne, les grandes cornettes soignent les blessés français avec zèle et dévouement. Sœur Bouillon recueille les enfants et les vieillards.

A Nice, en 1914, des initiatives de laïcs permettent d’accueillir des jeunes. Avec le Comité de l’orphelinat des armées, des locaux sont aménagés et meublés. Sous le nom de « Bonne Garde », ils abritent une quarantaine de jeunes filles, orphelines ou atteintes par les malheurs de la grande guerre. En 1918, la guerre étant terminée, la Supérieure demande qu’un local plus vaste et plus commode soit mis à sa disposition pour les orphelines des classes primaires et de la Bonne Garde. Un immeuble est acquis grâce à de généreux donateurs.

A Elancourt en Seine-et-Oise, un orphelinat de garçons est dirigé par les Sœurs de Saint Vincent de Paul. Lors des visites de ces enfants, une personne témoigne : « Tout est tenu avec le zèle, le tact, le soin et l’ordre que les Sœurs de Charité savent toujours mettre au service du bien ».   

A Rochechouart en Haute Vienne, la guerre interrompt les travaux d’un bâtiment. Deux bataillons de chasseurs à pied y sont transférés en septembre 1914. Ce bâtiment et celui de l’orphelinat sont affectés, l’un au service des contagieux, l’autre à l’infirmerie du dépôt. Les Sœurs sont chargées de soigner les Chasseurs malades, mais après entente préalable entre l’Administration et le Médecin-Major, elles s’occupent de la préparation des aliments, bouillons, lait, tisanes… que les infirmiers militaires leur distribuent. Elles s’occupent aussi du blanchissage. Les Chasseurs partent en janvier 1917. Quelques jours après leur départ arrivent des réfugiés. On les loge dans le bâtiment de l’orphelinat. Ils sont rapatriés en 1919. 

Un récit de l’Institution des sourds-muets à Arras dans le Pas de Calais fait découvrir les angoisses vécues durant cette période (voir le diaporama) :

 « Partis en vacances, les enfants venaient de rentrer dans leurs familles : il ne restait que les nôtres, ceux qui n’avaient d’autre toit que notre chère Institution. Après trois mois occupés à recevoir la troupe, à hospitaliser les réfugiés de Maubeuge, à soigner les pauvres blessés, nous reçûmes les premiers obus le 6 octobre. Qui pourra jamais traduire ces angoisses, ces souffrances du bombardement : les sourds-muets ne s’en effrayaient pas trop, ils n’entendaient rien ; mais les aveugles sentaient la mort suspendue au-dessus de leurs têtes et entendaient les crépitements des incendies de la ville. Il fallait habiter les sous-sol et le jour et la nuit. Dieu veillait sur nous, pas un accident ne fut à déplorer.

Le 26 octobre 1914, la Préfecture donna l’ordre d’évacuer le personnel et les élèves de l’Institution car on craignait l’investissement de la ville. Il fallut donc fuir avec une centaine d’enfants sous les obus qui tombaient près de nous : après avoir marché cinq heures et franchi la ligne du feu, nous arrivions à Aubigny, village situé à 18 kilomètres d’Arras. Où aller ? Où conduire ces enfants à l’approche de l’hiver ?

Après quelques jours de voyage, nous descendions à Berck-plage qui devint l’établissement de l’œuvre jusqu’au jour béni où nous pourrons rentrer à Arras. Il ne fallait pas songer à retrouver une maison avec quatre dépendances ; cela n’existait pas. Depuis octobre 1916 les cours et classes ont été repris comme à Arras, dans la mesure du possible. Beaucoup d’enfants manquent à l’appel, car une barrière de fer et de feu nous en sépare depuis trois ans ; ils sont en pays envahis ! Que font-ils ? Qui les instruit ?   

Depuis ce mois d’octobre 1914 notre maison à Arras a reçu 50 obus. Que de parties de bâtiments effondrés ; des toitures presque toutes à jour ou éventrées laissant passer l’eau qui s’infiltre par les plafonds : combien de murs qu’on espérait restaurer qui disparaissent peu à peu après chaque bombardement. La maison des Filles Aveugles âgées reçut son dernier obus le 20 juin 1917, qui a fini de la raser complètement : elle n’existe plus ! Le bâtiment des Jeunes Muets a été coupé en deux par un obus de 210 mm et récemment endommagé à plusieurs endroits par de successifs bombardements. Qu’arrivera-t-il encore puisqu’Arras est toujours sous les coups de leurs obus […] »

A la suite de Vincent de Paul, homme de foi en Dieu et un homme de foi en l’homme, les Sœurs avaient le souci d’accorder une grande importance à la vie et à l’événement. Elles ont apporté tous leurs soins aux enfants et aux blessés meurtris par la guerre.

                                              

Le Service des Archives de la Province Belgique-France-Suisse

« La guerre hier, la guerre aujourd’hui… »,
le Service des Archives vous propose, sur deux mois,

Les ORPHELINATS des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul
d’évoquer ce qu’était la vie des Sœurs et des Orphelins durant la Guerre 1914-1918.

1ère partie

Evoquer les orphelinats des Filles de la Charité durant la Guerre 1914-1918, demande de revenir à l’esprit des Fondateurs, Vincent de Paul et Louise de Marillac. Tout a commencé par l’œuvre des enfants trouvés.

               Face aux besoins de première urgence de son temps, Vincent étudie les réponses déjà apportées par d’autres, avant de créer et d’organiser. Les Dames de la confrérie de la Charité de l’Hôtel Dieu à Paris, stimulées par Monsieur Vincent, assurent la prise en charge financière. Les Filles de la Charité donnent leur temps, leurs bras et surtout leur cœur.

À partir de 1648, année de la Fronde, la situation devient de plus en plus difficile : régions dévastées par la guerre, plus d’argent, ni de pain, ni de linge, ni de sécurité.

Il faut le courage de Louise de Marillac, la parole convaincante de Monsieur Vincent, la foi ardente de l’un et de l’autre pour sortir de l’impasse. Non, les petits enfants ne sont pas abandonnés une seconde fois. Louise de Marillac a le souci constant de : « les élever, les instruire, les mettre en état de gagner leur vie et de se sauver ». Extrait du 1er règlement.

Au XVIIIe siècle, le nombre des abandons monte en flèche. Au XIXe siècle, les Filles de la Charité ouvrent de nombreux orphelinats. Plusieurs villes mettent en usage le « Tour » qui fonctionne en général avec un bureau d’admission. Les asiles pour recevoir les enfants se multiplient. À partir de 1859, l’œuvre prend le nom de l’Hôpital des Enfants assistés. Ces établissements se multiplient et prennent par la suite le nom d’Orphelinat. De manière générale, là où s’implante une maison des Filles de la Charité, là se met en place un orphelinat, souvent à la demande des hôpitaux ou des sœurs hospitalières, où sont déposés les enfants orphelins ou abandonnés.

Vincent de Paul et Louise de Marillac font figure de promoteurs des institutions en faveur de l’enfance en détresse. Vincent est reconnu comme le fondateur de l’Assistance publique et Louise a été déclarée par le pape Jean XXIII, patronne de ceux qui s’adonnent aux œuvres sociales.

               Dans les règlements particuliers établis par les Fondateurs trois dispositions fondamentales se dégagent :

  • Le regard de foi : « Reconnaître leur dignité d’homme et de fils de Dieu : c’est justice ! »
  • Le sens de la justice : « Ces enfants ont droit à la vie. Etre leur voix, en prendre soin, les nourrir, les éduquer, les instruire : c’est justice ! »
  • Le regard d’amour : « Leur faire sentir qu’ils ont le droit d’être aimés : c’est justice ! »

Les orphelinats sont nombreux au 19ème siècle et dans la première moitié du 20ème ; ils ne seront vraiment règlementés officiellement qu’entre les deux guerres soit 1918 à 1939 pour se transformer par la suite en Maisons d’enfants. L’âge d’entrée dans les orphelinats est 5 à 6 ans, exceptionnellement plus tôt s’il s’agit d’une fratrie ou d’une circonstance particulière, comme la guerre justement. Puis les reconnaissances légales par la DASS et la Justice des mineurs, permettront le fonctionnement que nous connaissons aujourd’hui. 

Les orphelinats du début du XXème siècle et la Guerre 1914-1918

               Comme bien d’autres Congrégations, les Sœurs de Saint Vincent de Paul ont été fortement impliquées dans la « Grande Guerre ». Le sujet a été largement abordé en 2018, lors de la Commémoration du Centenaire. La documentation et l’iconographie ont porté surtout sur les soins aux blessés dans les hôpitaux et les « ambulances ».

Une étude sur les orphelinats est plus complexe du fait même qu’il n’y a pas d’écrit des jeunes de ces établissements, et plus de témoins vivants en 2022 !

               A partir des archives des Filles de la Charité de la seule région du Nord de la France, sur 156 maisons, 51 maisons ont un orphelinat, soit 1/3 des maisons. A cette époque, les œuvres sont majoritairement les soins « Hôtel Dieu – Hôpital – Hospice – Asile » et les « Maisons de Charité », souvent accompagnés d’un orphelinat. D’autres maisons ont un orphelinat comme œuvre principale.

A Libourne en Gironde, le règlement des orphelines du 1er octobre 1888 est toujours en vigueur durant la période 1914-1918, avec quelques aménagements.

Il convient de distinguer deux situations : en zone de conflit et en zone non occupée par l’ennemi.

Si les archives de cette époque sont rares, il est toutefois possible de glaner des informations. Les orphelinats sont situés en « zone de combat » ou « à l’arrière ». Dans certains lieux comme Vitry-le-François, Reims, Rethel, Verdun, les enfants des orphelinats étaient rendus à leur famille ou évacués en des régions plus sûres. Les Sœurs pouvaient se trouver sur le chemin des troupes ennemies ; elles étaient aussi contraintes d’héberger des officiers.

Les Sœurs œuvraient essentiellement dans les Ambulances militaires pour soigner les blessés. Cette activité de guerre a été extrêmement importante pour les Filles de la Charité. Un Registre à la Maison Mère recense 153 Ambulances. Beaucoup d’entre-elles étaient installées dans les locaux vides des orphelinats. Un Livre d’Or du Clergé et des Congrégations a recensé plus de 300 Filles de la Charité entre 1914 et 1922. Beaucoup d’entre elles ont reçu des décorations pour leur action auprès des blessés durant cette Guerre.

Les enfants des orphelinats sont évacués et sont mis en sécurité

Lors de la déclaration de Guerre en 1914, à Saint Pierre du Gros Caillou à Paris, dans le 7me, est notifié la fermeture des Ecoles. Mais le 4 août, un communiqué de la Préfecture donne l’ordre de reprendre immédiatement les enfants, l’école est ré-ouverte rue de Grenelle.

Une garderie et un ouvroir de guerre sont organisés. Ce dernier fonctionne à plein rendement fournissant un travail à toutes les ouvrières. La vie est difficile avec les nombreuses alertes de la « Bertha » toutes les demi-heures. Les internes sont envoyées au Grau du Roi et à Castres. Certaines Soeurs partent pour le service des ambulances.

A Sainte Anne de Maison Blanche à Paris, les sœurs décident de mettre les enfants en sûreté. Sœur Suzanne est désignée pour en conduire une trentaine à Martel, dans le Lot. Elle confie ses orphelines à la Sœur qui dirige l’ouvroir et s’offre pour le service des blessés. Quatre fois par jour, elle part, malgré le froid, le mauvais temps, la neige, pour rejoindre l’ambulance.     

A Samatan dans le Gers, Sœur Marie a remis à neuf le bâtiment de l’Ecole Ménagère. Elle doit l’abandonner pour accueillir d’abord les enfants de Bellevue, puis un peu plus tard les blessés de la Guerre.

               A St Louis en L’Ile à Paris 4ème, les enfants sont évacués dans le Calvados en Normandie, à Bénerville qui devient colonie de vacances.

               Dans les maisons des Sœurs, on reçoit des évacués, des orphelins sont placés dans des maisons particulières ou dans des orphelinats.

               A l’Hay-les-Roses en banlieue parisienne deux maisons reçoivent des orphelins, filles et garçons, en grand nombre. Les enfants au-dessous de 3 ans, sont placés par Sœur Gabrielle dans d’excellentes familles.

Dans la périphérie de Paris, de nombreuses maisons accueillent des orphelins : Orsay, Fontainebleau.

               En 1916 à Saint-Flour dans le Cantal, à l’occasion de l’hébergement de petites réfugiées alsaciennes, les sœurs sont rappelées pour s’en occuper ; elles vivent difficilement faute de ressources.

               En 1917 à Amiens, la ville est sous les bombardements. C’est l’évacuation, l’épreuve de l’exode :  les enfants, les vieillards, les Sœurs partent en train vers le Midi à Nice.

                                                                                                                                                                                            A suivre…

Sœur Annie GESRET, Archiviste Provinciale

Givors est une commune du département du Rhône d’environ 9 000 habitants lors de l’arrivée des premières Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul.

Elle est située dans la métropole actuelle de Lyon en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Dès le XVIIIème siècle, la position stratégique de cette ville, à la confluence du Rhône et du Gier, lui donne d’être un centre de commerce important. Au début du XIXème siècle, Givors participe à la Première Révolution industrielle. Les premiers maîtres verriers s’implantent dans cette petite ville, séduits par l’emplacement, près de Lyon, par les voies de transport, par la matière première présente : charbon de la vallée du Gier, le sable des cours d’eau…. De nombreux givordins ont travaillé dans les usines de « verrerie ».

Cette Ville a connu deux Communautés de Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul :

I – Givors Miséricorde 1852-1987. Maison de charité avec orphelinat

II – Givors Hôpital-Hospice de Montgelas 1918-1969

I – GIVORD Miséricorde 1852-1983

En 1852, les Filles de la Charité arrivent à GIVORS et s’installent rue de l’Eglise. Dès 1853, un orphelinat leur est confié et elles entreprennent la visite des pauvres.

Un ouvroir est fondé en 1856 et fonctionne jusqu’en 1878. Malheureusement les Archives de cette maison n’ont pas été conservées et l’on ne sait rien de la marche de l’Etablissement à cette époque sauf l’arrivée de trois sœurs : Sœur MARTIN en mars 1856, Sœur MADAULE en 1861, et Sœur MATHAN en septembre 1874.

Le Patronage commence en 1886 et l’Hôpital des Vieillards en 1887.

La Croix qui domine la Chapelle portant une inscription datée de 1860 laisse supposer que les Sœurs ne sont restées que peu de temps rue de l’Eglise et se sont installées au n° 16 du quai Robichon Malgontier.

En 1896, l’acquisition d’un nouveau bâtiment, quai du Rhône, devenue par la suite : quai Robichon Malgontier, prévoyait un Hôpital-Hospice : 15 lits pour l’Hôpital et 11 lits pour l’Hospice.

En 1900, l’orphelinat s’installe dans un bâtiment construit sur la rue des Verreries faisant angle avec le quai ; il fonctionne jusqu’à sa fermeture définitive en 1946. Il compte 35 enfants plus un ouvroir très prospère ainsi qu’un ouvroir externe de 18 jeunes filles. Une « Bonne Garde » (garderie d’enfants) fonctionne vers cette époque, mais ne reçoit que peu de pensionnaires.

Outre ces œuvres, un Dispensaire fonctionne où l’on soigne quelques centaines de Pauvres, ainsi qu’un fourneau où l’on distribue environ 400 portions. Les Catéchismes confiés aux Sœurs comptent 150 enfants. Un Patronage très florissant de 260 enfants et jeunes filles s’y ajoute, et des Retraites fermées groupent une quarantaine de jeunes filles.

La Maison a acquis depuis 1906 un pré avec une petite maison au lieu-dit le Bouchage, non loin de GIVORS, où les enfants de l’Orphelinat vont passer la journée durant les vacances.

Après la fermeture de l’Orphelinat, on fait de grandes transformations : des galeries relient entre eux les divers offices, un nouveau Service de 33 Vieillards est ouvert, un Oratoire aménagé et la Maison de Charité devient une Maison de Retraite pour femmes.

Depuis 1956 fonctionne un Service ultra-moderne de 14 lits par box de 2 portant ainsi le nombre de Vieillards admissibles à la Maison de Retraite à 82.

Les Catéchismes de la paroisse Saint Nicolas sont toujours confiés à l’une de nos Sœurs ainsi que la visite des familles.

En 1977, la Direction, la gestion et les soins aux Pensionnaires sont assurés par un personnel laïc. Une sœur Infirmière remplace dans les services plusieurs jours par semaine quand l’Aide-soignante prend son congé hebdomadaire. Plusieurs Sœurs rendent quelques services dans la maison suivant leurs possibilités. Huit sont au même titre que les Pensionnaires.

En 1975, la communauté est rattachée à la Maison Provinciale à Lyon, jusqu’au retrait des Sœurs en 1983.

 

II – GIVORD Hôpital de Montgelas 1918-1969

L’Hôpital-Hospice ouvert le 2 février 1912, n’est au début qu’une filiale du Quai Malgontier.

Sœur TESTENOIRE est Sœur servante des deux maisons. Sœur JANDIN, première d’office à Montgelas jusqu’en 1918, en devient la Sœur servante. En 1921, elle est remplacée par Sœur MERLE, qui passe plus de vingt ans à la tête de la maison.

A l’origine, l’Hôpital-Hospice comprend deux salles de vieillards et deux salles de médecine ; en tout 40 lits. En 1914, il devient Hôpital Militaire : 200 lits y sont campés et serrés un peu partout. Une salle d’opération est installée. Elle continue de fonctionner entre les deux guerres : un chirurgien vient de LYON deux ou trois fois par semaine ; le nombre des vieillards dépasse alors celui des malades, en tout 70 à 80 lits.

En 1944, l’Hôpital change complètement d’orientation : il devient surtout chirurgical. Il n’y a plus que quelques vieillards (2 à 6). Les deux services de chirurgie sont insuffisants pour le nombre des opérés ; les services de médecine sont occupés en partie par des « chirurgicaux ». En tout 120 lits.

Une Maternité est ouverte en 1945, une laïque en est cheftaine. Quatre infirmières sont attachées au bloc opératoire et à la radio.

Les services de chirurgie et de médecine sont tenus par les Sœurs. Celles-ci jouissent de l’estime de la Direction, des Docteurs et du Clergé, et de l’affection des malades.

Ces malades viennent de tous les milieux de GIVORS et des environs. La majorité sont des ouvriers.

Quelles que soient leurs opinions, à l’Hôpital, ils se montrent respectueux à l’égard du Prêtre qui passe fréquemment dans les salles. La Communion est distribuée tous les Dimanches et souvent en semaine à la demande des malades. Le séjour à Montgelas est pour beaucoup l’occasion d’un rapprochement avec le Bon Dieu. Très rares sont ceux qui refusent les « derniers sacrements » (sacrement des malades). Moralement, l’Hôpital est, comme l’Eglise, au cœur de la Commune. Pour les « indifférents » il tient plus de place que l’Eglise.

La Communauté de l’Hôpital de Montgelas est fermée en 1969.

En réponse à un courrier du cardinal RENARD, Archevêque de LYON, la Visitatrice Provinciale écrit le 18 mai 1969 :

« Nous avons accédé au désir du Directeur : deux Sœurs résideront à la Maison de Retraite du Quai Malgontier et se rendront chaque jour à Montgelas, pour le service des vieillards… Il nous est très douloureux de quitter cet hôpital. Nous aurions tant voulu « tenir » encore, mais cela dépasse nos possibilités… »

Sœur Annie GESRET, Service des Archives Provinciales

Fontenay-le-Comte est une commune de l’Ouest de la France, sous-préfecture du département de la Vendée dans la région Pays de la Loire.

Vers 1130, un « Hôtel-Dieu » ou « Hôpital Saint Jacques » fut édifié par Guillaume X, Duc d’Aquitaine, dans le « quartier des Loges ». Il fut agrandi par Alphonse, Comte de Poitiers, frère de Saint Louis.

En 1280, il fut reconstruit par le Roi Philippe Le Hardi avec le concours de ses habitants qui étaient essentiellement : drapiers, tanneurs, boulangers, peintres…

 

Au XVIème siècle, cet Hôpital fut agrandi. Il possédait une petite chapelle dédiée à Saint Jacques ; en 1618, on y adjoignit un cimetière. Il recevait les malades de la Ville et les soldats de la garnison. Il y avait 12 lits pour les hommes, 11 lits pour les femmes et quelques chambres particulières. On y recevait les infirmes incurables et les malades graves. Ils étaient entassés à plusieurs dans un même lit, les plus valides couchant sur les dalles du dortoir, jonchées de paille changée tous les mois à peine.

 

En 1631, l’Abbé MOREAU, Curé de N. D de Fontenay, ému de la misère des pauvres malades acheta matelas et couvertures pour que chacun ait son lit. Il proposa la création d’un nouvel hôpital dit « Hôpital des Pauvres malades »

 

 

Ce diaporama nécessite JavaScript.

 

 

En 1633, la Direction de l’Hôpital est confiée à des « Dames de la Charité », dont les Confréries, fondées par Saint Vincent de Paul et Sainte Louise de Marillac, se répandent partout. Elles sont à l’origine du « Bureau de Bienfaisance ».

En 1662, Louis XIV prescrivit de créer dans chaque ville un « Hôpital Général ».

En septembre 1684, une ordonnance royale constatant que « l’Hôpital des Pauvres Malades » remplissait les conditions voulues, l’érigea en « Hôpital Général ». La chapelle fut construite et bénie en 1690. Les malades étaient soignés par des laïcs dévoués. Progressivement de grosses difficultés apparurent.

 

 

 

En 1714, il fut décidé de confier l’hôpital aux Sœurs de St Vincent de Paul. M. Bonnet, Supérieur de la Congrégation de la Mission ne donna pas une réponse favorable par « manque de personnel ».

En 1725, Soeur Julienne Jouvin, Supérieure générale des Filles de la Charité, et son Conseil (2), donnèrent un avis favorable à la demande des Administrateurs.  A cause des intempéries de l’hiver, trois Sœurs n’arrivèrent qu’en avril 1726 à l’Hôtel-Dieu.

Un contrat fut établi sur parchemin entre la Compagnie des Filles de la Charité et l’Administration le 26 mars 1728. Le 6 avril 1728, appelées par les Echevins (1) de la Ville, cinq Filles de la Charité arrivèrent à l’Hôpital Général. Les deux Hôpitaux formèrent deux Communautés avec leurs Sœurs servantes (Supérieures) respectives.

 

 

 

Au XVIIème siècle l’Hôpital Général ne recevait pas que les malades, mais aussi les mendiants de la Ville et des environs, qui étaient occupés à plusieurs métiers.

 

« Il y avait l’atelier à faire les lacets et des ganses, l’atelier à carder de la laine, à filer au rouet, à tricoter. Un maître d’école apprenait à lire aux pauvres. Dans cet Asile, se coudoyaient « bons pauvres », mendiants, vagabonds valides ou invalides, fous et furieux, enfants trouvés, soldats malades dont le nombre avait augmenté depuis la construction en 1750 d’une caserne ».

 

La Révolution allait provoquer des bouleversements considérables dans les Hôpitaux de Fontenay-le-Comte.

En novembre 1793, on commença à chasser six Sœurs. En janvier 1794, les huit dernières furent chassées de cet asile de la douleur où elles se dévouaient depuis 70 ans. Elles furent incarcérées jusqu’au mois de juin.

Une loi du 15 avril 1798 obligea les deux Hôpitaux à se réunir en un seul, route de Nantes dans l’ancien Couvent des Religieuses de Saint François. Le 10 mai 1800 le transfert était effectué. Cependant la laïcisation n’avait donné aucune satisfaction, ni au point de vue administratif, ni au point de vue hospitalier.

 

Le 22 mai 1801 un arrêté préfectoral rappelait les Filles de la Charité, de retour le 20 juin 1801.

 

Le 6 août 1839, un Traité est signé pour cinq Sœurs au Bureau de Bienfaisance. Le 26 mars 1847, il est approuvé par le Ministre Secrétaire d’Etat au Département de l’Intérieur le 26 mars 1847 .

 

 

 

EVOLUTION DU NOMBRE DES SŒURS

Années 1728 1794 1801 1900 1906 1910 1922 1934 1970
Soeurs 8 14 9 17 19 18 22 16 14

 

EVOLUTION DES OEUVRES

Les nouveaux services correspondent aux nouveaux besoins du Service ces Pauvres.

En 1854, un Orphelinat fut créé pour l’éducation et l’instruction des pauvres privés d’un milieu familial.

« Jusque-là, lorsque les circonstances amenaient une orpheline à l’hospice, elle était placée soit aux Enfants Assistés, soit dans les salles à titre d’infirmière ou employée dans l’Etablissement. La Commission Administrative, émue de cet état de choses et ne voulant pas confondre les orphelines atteintes par le malheur avec les Enfants Trouvés, décida en août 1854, l’ouverture d’un orphelinat ».

La bénédiction de l’orphelinat eut lieu le 15 août 1854, année de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, il s’appela « Orphelinat de l’Immaculée-Conception ».

« Les orphelines reçoivent des leçons de lecture, écriture et calcul ; elles apprennent la couture, le repassage du linge et les soins du ménage. Elles font aussi le raccommodage de l’Hôpital. Les principes religieux leurs seront enseignés qui leur serviront de guide pour le reste de leur vie. Les enfants étaient habillées fort simplement avec un bonnet de mérinos noir et des sabots à brides, sans chaussons ».

En 1865, Sœur Vérot, nouvelle Supérieure, institua la Communion en robes blanches et leur donna des souliers à trois œillets ; les fillettes passèrent d’1 heure de classe à 3 heures chaque matin.

Lorsque la guerre éclat en 1870, l’orphelinat comptait 70 enfants ; trois Sœurs en étaient chargées. L’Hôpital vit jusqu’à 300 blessés ou malades à la fois. Les plus grandes remplaçaient le jardinier parti à la guerre. En 1919, il ne restait que 18 enfants à l’orphelinat. Un « Etat des fondations » pour l’entretien d’orphelines mentionne les noms des bénéficiaires de ces fondations ; un « Registre » mentionne les noms des enfants de 1855 à 1929 avec les noms des bienfaiteurs qui se chargeaient de régler leur entretien.

En 1886, une Ecole est confiée aux Filles de la Charité n° 10 de la rue Barnabé Brisson. La Direction leur est enlevée en 1905.

En 1901, l’orphelinat était toujours annexe de l’Hospice, asile de jeunes filles pauvres, orphelines de père et de mère ou de l’un des deux, placée sous l’autorité de la Commission administrative. Il disposait toutefois d’une porte d’entrée qui lui est réservée. Il pouvait recevoir 50 enfants au maximum, de 8 ans à 16 ans, sauf exception après accord de la Commission administrative.

Le 10 août 1918, un certificat du Bureau de Bienfaisance indique :

« Par délibération du 2 mars 1874, la Commission Administrative de l’Hospice porte de 100 à 150 frs par an le prix de pension de chacune des orphelines entretenues à l’Asile annexée à l’Hospice. Cette augmentation reconnue insuffisante a de nouveau été révisée par délibération du 8 octobre 1907, approuvée le 18 décembre suivant, et stipulant que toute admission nouvelle à partir de cette date du 8 octobre serait comptée à 300 frs par an.

                                                                            Le Maire Président de la Commission Adve du Bureau de Bienfaisance. »

En 1928, l’orphelinat comptait : 15 orphelines : neuf de moins de 13 ans, deux de 13 à 15 ans et quatre au-dessus de 15 ans.

En 1940, création de la Maternité. En 1953, création d’une Clinique « ouverte » pour favoriser les visites des familles et la possibilité du choix d’un médecin. En 1955, ouverture d’un Pavillon pour les vieux ménages afin d’éviter la séparation des ménages à la retraite. En 1966, Fondation « Petit du Vignaud », une Maison de Retraite pour vieillards valides avec un confort et un cadre agréable.

 

 

                                                                          Le Service des Archives de la Province Belgique France Suisse

 

  • Echevins : magistrat municipal, jusqu’à la Révolution
  • Conseil : plusieurs sœurs aident la Supérieure générale dans le Gouvernement de la Compagnie

La colonie d’école pour enfants chétifs à As (Asch), commune néerlandophone de Belgique située en Région flamande dans la province du Limbourg, est un exemple du rayonnement d’une œuvre des Filles de la Charité, longtemps après le départ de celles-ci.

L’œuvre est fondée en 1927 sous les auspices de l’Œuvre Nationale des Colonies Scolaires Catholiques et grâce aux efforts et la générosité de la baronne Emilie de Beeckman, qui donnera son nom à la colonie.

Un contrat est signé la même année avec Sœur Baptizet, Visitatrice de Belgique. Les Sœurs quitteront en 1954, quand la direction deviendra entièrement laïque.

Il n’existe presque aucune trace de la communauté d’As dans les archives belges de la Compagnie. L’histoire des Filles de la Charité à As serait sans aucun doute tombée dans l’oubli, si un ancien habitant de la colonie, qui y séjourna dans les années 1980, n’avait pas voué récemment un livre très intéressant à son histoire[1]. Sa dédicace néerlandophone (photo 1) dans l’exemplaire destiné aux Sœurs, en dit long sur l’influence durable de leur charisme :

               Aux Filles de la Charité,
          Ce petit bout d’histoire, de ce que vous avez aidé à créer et de ce que vous avez construit de telle façon, que cela a pu durer pendant tant d’années.
              D’une même voix avec celles de tous les enfants, et jusque dans les années 2000 : Merci !
                                                                                                                                     Pascal Tognon, Asch, 18.VI.2020

 

Le livre magnifiquement illustré nous apprend que les « Sœurs aux coiffes volantes » (comme elles étaient appelées par la population locale) se sont très vite intégrées dans le paysage de la petite commune limbourgeoise. Six mois avant la signature du contrat et leurs débuts officiels, elles étaient déjà présentes pour meubler et aménager les locaux et aider à constituer la nouvelle équipe : quatre puéricultrices, une infirmière, un directeur d’école, un enseignant de religion, deux institutrices et du personnel de cuisine et d’entretien. Cette colonie d’école pouvait accueillir 70 à 90 enfants à la fois, des filles entre 1927 et 1932, et à partir de 1932 uniquement des garçons. La direction générale était entre les mains de la Sœur servante.

Les enfants venaient surtout des milieux défavorisés de la région bruxelloise, ce qui explique que la colonie et ses classes avaient un fonctionnement bilingue, néerlandais et français. Ils restaient entre 3 et 9 mois au milieu des forêts de pins pour reprendre des forces, gagner en poids et capacité pulmonaire et se débarrasser de leur état prétuberculeux, tout en suivant des cours comme dans une école normale.

« L’idée d’une nouvelle Évangélisation pour sauver les âmes des enfants et de leurs parents qui s’étaient éloignés de la religion catholique, avait certainement aussi sa part dans l’initiative ».

 L’effort des Sœurs, parfois épique, dans la maintenance et l’élargissement de l’infrastructure est aussi impressionnant que leur apport au bien-être physique et moral des enfants. Cet aspect matériel est souvent sous-estimé dans l’historique des communautés, surtout quand leurs débuts coïncident avec l’œuvre même.  

 

En arrivant à As, la première Sœur servante trouve le bâtiment principal « comme vide », sans confort, tel qu’un « château fantôme ». « Je ne trouvais rien d’autre que quelques chaises, quelques tables et, évidemment, l’indispensable », dira-t-elle beaucoup plus tard à un journaliste. L’arrivée des garçons, cinq ans après, nécessite de nombreux travaux. On construit sur le domaine une ferme des étables pour les vaches et des écuries pour les chevaux. On clôture un hectare de pré pour être utilisé comme pâturage. La maison inhabitée du gardien est aménagée pour abriter les cochons et les poules. La dépendance, qui servait autrefois de grande salle de jeux pour les filles, est transformée en atelier. Sur une partie des terrains on commence à cultiver le blé, le seigle et l’avoine, et une autre partie abrite un verger avec soixante-huit arbres fruitiers et un potager d’un demi-hectare.

Tout au long de leur présence à As, les Sœurs ont tout mis en œuvre pour s’adapter aux défis changeants de l’époque. Mais comme c’était souvent le cas pour des communautés vieillissantes en manque de vocations, les nouvelles normes d’après-guerre en matière d’hygiène, de diététique, de pédagogie et de logement les ont finalement contraintes à léguer leur œuvre à une direction laïque, qui était sans doute plus apte à faire face aux exigences de la modernité. Comme on l’a vu, leur esprit n’en a pas moins continué à exercer son influence bénéfique.

Il nous reste une dernière chose à rapporter, et pas la moindre. On l’oublie souvent, mais les communautés religieuses en Belgique ont joué un rôle vital dans la survie d’enfants juifs pendant l’occupation nazie. Voués à l’extermination dans les camps de la mort comme leurs parents, ces enfants ont souvent trouvé un abri dans des couvents ou chez des particuliers, grâce à l’intervention héroïque de réseaux juifs, chrétiens et communistes. Les Filles de la Charité d’As étaient, elles aussi, au rendez-vous de l’histoire.

Nous savons maintenant que la décision finale de cacher oui ou non des enfants juifs, revenait exclusivement à la Sœur servante[2]. La demande soudaine devant laquelle elle se trouvait quand on lui amenait des enfants à cacher, exigeait une réponse immédiate et discrète : il fallait surtout limiter le nombre de personnes à être mis au courant.

On aimerait aborder ici une poignée de sujets à la fois : l’extraordinaire indépendance d’esprit des Congrégations féminines, tellement négligée dans une certaine historiographie masculine ; la dynamique communautaire qui porte les forces individuelles à se surpasser ; ou le rôle parfois incroyablement exigeant des Sœurs servantes, qui devaient être à la fois mère, gardienne de la règle, conseillère spirituelle, organisatrice et, en cas de guerre et d’occupation, résistante. Mais l’espace nous manque. Limitons-nous à l’action concrète de Gabrielle De Backer, Sœur servante d’As pendant ces années noires. Il nous reste une photo d’elle, prise par des pilotes américains à Noël 1944.

Les quatre bâtiments qui composaient la colonie pendant l’occupation nazie, étaient reliés sous terre par un maillage de tunnels en brique. Tandis que les autres enfants se rendaient à la messe, Sœur Gabrielle allait chercher les nouveaux venus juifs, soi-disant pour un « petit boulot ». En réalité, elle les accompagnait personnellement dans les tunnels, d’abord une bougie à la main, ensuite dans l’obscurité totale, pour les rendre familier avec leur cachette future. Quinze garçons juifs purent ainsi échapper à une mort certaine.

 

Christof pour le Service des Archives de la Province Belgique-France-Suisse

 

Toutes les photos ©Pascal Tognon

 

[1] Pascal Tognon, Kolonie de Beeckman, Asch en haar kinderen 1927-2003 (Pascal Tognon, 2020)

[2] Suzanne Vromen, Hidden Children of the Holocaust. Belgian Nuns and Their Daring Rescue of Young Jews from the Nazis (Oxford University Press, 2008/2010)

 

La commune d’Algrange se trouve sur la rive gauche de la Moselle, proche des frontières de la Belgique, du Luxembourg et de l’Allemagne. Elle est

limitée au sud par les communes de Nilvange et de Knutange.

Algrange connaît une période de prospérité au début du XXème, grâce à ses quatre principales mines de fer (une dizaine de puits ouverts) et à une usine sidérurgique.

Commune sidérurgique située en Lorraine, Algrange fut jusque dans les années 1970 un des centres industriels les plus actifs de France.

Au gré des conflits, Algrange fut annexée à l’Allemagne de 1871 à 1918 et de 1940 à 1945.

 

Durant ces périodes, la Compagnie des Filles de la Charité institue la « Province Alsace-Lorraine » qui donne une autonomie à cette région pour le temporel, avec la nomination de Sœur BOURGER, Visitatrice à Belletanche (1), et un Séminaire pour la formation des jeunes sœurs.

(1) Belletanche fut rattachée à METZ en 1961.

Les deux Communautés d’ALGRANGE : la Maison de la Sainte Famille et l’Hôpital.

I – La Maison de la Sainte Famille 1910-1991

En 1908, les sœurs sont demandées par le curé de la paroisse pour soigner les malades de la cité industrielle. Sœur LENSBOURG, Visitatrice et Directrice du Séminaire de Belletanche, fait construire la Maison de la Sainte Famille, rue Marie Bouchet. L’abbé LAY surveille activement les travaux de construction qui débutent en 1909.

            Le 11 février 1910, la Maison est ouverte par Sœur KÏTTEN, qui reste peu de temps. Les deux sœurs BARROS-GOMES, Cécile et Agnès, quittent leur pays lors de la Révolution au Portugal en 1910. Ces deux Filles de la Charité arrivent à Algrange en juillet ; Sœur Agnès BARROS-GOMES est nommée Sœur servante de la Communauté.

En 1913, un cours technique privé d’enseignement ménager familial et un ouvroir sont créés pour les jeunes filles d’Algrange et Nilvange. Les Filles de la Charité animent cette école de sa création en 1939, puis de 1947 à 1977, soit pendant 56 ans.

            Au moment de la Guerre de 1914-1918, les hommes sont mobilisés et les mamans doivent travailler. Une crèche et un jardin d’enfants sont ouverts pendant cette période, auxquels s’ajoute un service de soupe populaire.

L’année 1918 donne à la Lorraine la joie de redevenir française. Une floraison d’œuvres paroissiales s’ouvre. La maison devient le lieu de réunions d’œuvres diverses : les Enfants de Marie, la Ligue de Jeunes, les « Louisettes », le Patronage, le Cercle d’Etudes, l’Action Catholique des Hommes, les Conférences Saint-Vincent-de-Paul.

Durant l’entre-deux-guerres, la Communauté compte dix sœurs pour : l’école ménagère, l’ouvroir, les écoles maternelles et le service des pauvres. Les sœurs ont la joie de présenter cinq vocations pour la Compagnie des Filles de la Charité.

En 1925, le cimetière d’Algrange reçoit, l’une après l’autre, les deux sœurs BARROS-GOMEZ, Cécile le 18 mars et Agnès le 13 avril, emportées par la même maladie.

La même année, un dispensaire et les soins à domicile sont ouverts à Nilvange-Konacker.

En octobre 1931, la soupe populaire est créée à la demande de la municipalité ; 60 soupes chaudes sont distribuées chaque jour au prix de 0.50 F l’une.

Un rapport sur les Œuvres de la Sainte Famille d’ALGRANGE 1938-1939 mentionne :

« La rentrée de l’Ecole Ménagère s’est faite avec 92 élèves, réduites à 66 en fin d’année scolaire. Il y a eu une participation de 20 élèves au Concours de broderie à Paris. L’école maternelle et le jardin d’enfants se maintiennent à 200 enfants environ… Au cours de l’année, on a enregistré dix mariages parmi nos jeunes filles… 205 repas ont été servis à des chômeurs de passage.

 

Pour le service des malades et des vieillards :

                                                                                                              ALGRANGE                  NILVANGE 

                                                                 Visites avec soins :                 5 919                         4 638 

                                                                 Soins au dispensaire :              600                            900

La maison de la Sainte Famille est ingénieuse ; et dans la nécessité de couvrir au moins son budget d’œuvre, elle a encore deux activités :

  • un service de blanchissage et de repassage, avec la clientèle des cantines,
  • des dames pensionnaires : une pensionnaire et deux personnes qui prennent le repas de midi.

            Avec la 2ème Guerre mondiale, la maison est occupée par les Allemands, elle devient annexe de l’hôpital ! Toutes les œuvres sont officiellement supprimées durant l’occupation mais les Filles de la Charité continuent clandestinement et partiellement les œuvres.

Durant la période de l’Occupation (1939-1944), trois sœurs sont affectées à l’hôpital d’Algrange, puis elles reviennent à la Communauté de la Sainte Famille, devenue annexe de l’hôpital.

En 1944, les difficultés sont grandes pour remettre la maison en marche. Le service des malades à domicile reprend.

            1945 fut la fin d’une dure épreuve ! Les œuvres revivent et évoluent selon les circonstances, les besoins de la Région, les appels de l’Eglise. Un foyer d’anciens est ouvert, géré par la commune.

            En 1947, le maire d’Algrange demande aux Filles de la Charité de prendre la Direction de deux écoles maternelles et d’un jardin d’enfants. Ce dernier sera confié à une directrice laïque bien connue des sœurs. Par la suite, la communauté n’a plus la direction de ces écoles.

En 1949, réouverture de l’école ménagère par sœur STOFFEL.

            Dans les années 1960, les soins à domicile s’étendent à Angevillers.

            En 1968, par suite de la suppression des écoles ménagères et par décision de l’Etat, l’école se transforme peu à peu en lycée professionnel avec contrat d’association. Les soins à domicile sont maintenus ; une infirmière laïque prend la relève. Les sœurs prennent en charge les catéchismes avec le clergé et les responsables laïcs.

La fonction de Supérieure et de Directrice de l’école ménagère est assurée par la même sœur. Mais de 1968 à 1977, les deux fonctions sont séparées.

En 1986, un restaurant scolaire est ouvert.

En mai 1991, la Communauté de la Sainte Famille est fermée !

Après 80 ans de présence dans la Cité « Aux Quatre Mines », les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul quittent définitivement Algrange.

II – L’Hôpital des Mines et Forges 1919-1968

 

            L’Hôpital a été construit en 1899. Dès l’année 1919, Algrange s’agrandit avec le développement de l’industrie, les Filles de la Charité sont appelées pour le service des mineurs et de leurs familles.

Sœur BARROS-GOMES relate : « Après le départ des médecins allemands, un médecin français se présente à Belletanche pour demander des Sœurs pour l’Hôpital des Mines à Algrange. Il insiste auprès de Sœur Visitatrice et du Directeur et a gain de cause. Les Sœurs allemandes de la Croix Rouge resteront jusqu’en septembre ; nous serons cinq pour remplacer onze Sœurs bien stylées ».

Le 22 juillet 1919, un traité est passé à Metz entre :

  • Messieurs les Administrateurs de l’Hôpital des Mineurs d’Algrange, représenté par Monsieur le Docteur GRIMAULT
  • et Sœur LENZBOURG, Visitatrice des Filles de la Charité de la Province Alsace-Lorraine

Les sœurs prennent la Direction de l’hôpital en août 1919. Cinq sœurs arrivent de Belletanche et l’année suivante quatre autres sœurs les rejoignent.

Sœur BARROS-GOMES, Sœur servante de la Sainte Famille, s’occupe des deux maisons. Elle fait savoir qu’elle ne pourra pas continuer et que plus tard il sera préférable que la Sœur servante soit une sœur française mais l’allemand est encore précieux pour s’occuper des malades. L’hôpital connaît une surcharge de travail à cause de l’épidémie de typhus : pas de messe à l’hôpital, et l’église est éloignée. Elle espère une sœur pour la Pharmacie.

« Actuellement, nous avons 97 malades dont 25 espagnoles malades de fièvres intermittentes qu’elles ont apportées d’Espagne. Le médecin chef est français, les autres sont lorrains et alsaciens. Le directeur de l’usine se montre très bienveillant ainsi que les directeurs des quatorze mines dont les malades ont droit à l’hôpital… ».

En janvier 1920, Sœur VOISIN demande une sœur pour la chirurgie, la dépense et la veille. En février, elle signale à nouveau le besoin urgent d’une sœur.

Sœur BLANCHOT est à Algrange de juillet 1924 à juillet 1937 ; elle deviendra Supérieure générale en 1946.

Dans cette région très industrielle où se trouvent mélangées nationalités et religions, nombreux sont les malades, blessés des usines et des mines, qui viennent recevoir les soins. Cette région très ouvrière est bien destinée aux Filles de la Charité pour le service des pauvres.

Mais la Compagnie des Filles de la Charité connaît une diminution des vocations ; il faut envisager de restreindre le nombre d’établissements. Les choix sont difficiles : « Un personnel hospitalier qualifié pourra pallier le départ des sœurs infirmières sans que le malade en souffre ; le départ des sœurs de la Sainte Famille entraînerait la suppression de l’école ménagère. Ainsi la communauté de l’hôpital disparaîtra plutôt que la communauté de la Sainte-Famille ».

Le départ de la communauté de l’hôpital a lieu le 30 mai 1968.

Le service des Archives de la Province Belgique-France-Suisse

Dans le VALAIS, au sommet du village de BAGNES, l’Asile de la Maison de La Providence à MONTAGNIER est fondé en 1926, grâce à Mademoiselle Eugénie GARD, originaire de cette ville, et à la générosité d’une bagnarde émigrée aux Etats-Unis vers 1870, Madame MERGEN-DELEGLISE. Les fondatrices décident de recevoir des femmes âgées de la Commune, infirmes, fragiles. Une maison est construite pour accueillir quinze personnes ; elle s’agrandit en 1930 grâce à de nouveaux donateurs.

En 1940, le Comité local fait appel aux Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul. Un contrat est signé avec la Supérieure de la Providence de FRIBOURG. Les hommes âgés sont admis à leur tour.

Tandis que le Général de Gaulle adresse de Londres son appel du 18 juin, les premières Filles de la Charité arrivent à MONTAGNIER.

            « Nous étions trois sœurs et nous avons porté avec nous une petite statuette de la Sainte Vierge, qui vient de notre Maison Mère à PARIS. Elle est entrée la première à La Providence ».

Mademoiselle Eugénie GARD, l’âme de La Providence, décédée quelques jours plus tôt, ne vivra pas ce moment attendu.

Au début, la communauté compte trois Sœurs, puis huit. Les trois premières Supérieures qui ont marqué et développé l’œuvre sont :
Sœur Marie SCHERRER, Sœur Louise WIDDER et Sœur Cécile VORLET, ouvrières courageuses et clairvoyantes de la prospérité de la maison de La Providence. Leur rayonnement déborde la vallée de BAGNES et leur réputation s’est répandue dans tout le VALAIS.

La première Directrice est Sœur Marie SCHERRER de 1940 à 1945. L’activité des Sœurs donne un nouvel essor. Elles luttent dans des conditions d’hygiène très difficiles, contre des préjugés et des méthodes d’un autre âge. Leur pauvreté frise la misère.     

Sœur Marie écrit le récit de ces débuts :

            « Il y avait place dans la maison pour environ 30 personnes, 15 s’y trouvaient à notre arrivée, pour la plupart « bons enfants », comme nous les appelions. Elles avaient une mentalité difficile et étaient plutôt négligées. La vermine pullulait dans leurs lits, leurs vêtements et sur elles-mêmes. C’est avec courage et une grande confiance en Dieu que nous nous mîmes au travail afin de délivrer ces malheureuses de leur vermine, ce qui arriva après des mois d’effort et de peine… Nous n’avons trouvé à notre arrivée aucune provision, un peu de linge seulement se trouvait à disposition. Il était donc de toute urgence de se mettre au travail avec courage et de commencer à planter des légumes… Au printemps 1941, nous avions déjà quelques hommes, mais les   femmes formaient la majeure partie de nos gens… La guerre se faisait aussi sentir chez nous… A ce moment-là nous étions fort pauvres. Au cours de l’hiver 1941-1942, la Sœur Directrice se vit dans l’obligation de      demander au Révérend Curé et aux autorités la permission d’aller mendier des pommes de terre… Le 15 septembre 1941, Sœur Rosalie EGGS nous arriva comme Sœur-cuisinière. Elle fut la bienvenue, nous l’attendions depuis si longtemps ».

Ecoutons Sœur Catherine RAEMY, qui comme tant d’autres sans doute, a tout donné pour les plus démunis, son cœur et peut-être sa santé :

           « Au début, dans la première maison, je m’occupais d’une trentaine de femmes : pas de douches, pas d’élévateurs, des armoires seulement dans les couloirs, pas d’eau chaude. Chaque matin, je chauffais l’eau avec du bois pour laver les pensionnaires. Pour les sortir de la baignoire, je retirais d’abord l’eau, puis y entrais pieds nus pour les saisir par les épaules et les hisser sur leur chaise ; certaines arrivaient avec leur bois de lit plein de puces et de punaises qui attaquaient les Sœurs… Bientôt 70 pensionnaires, 2 Sœurs et peu d’employés. Au plus nous serons 9 Sœurs, pas un jour de congé ; nous veillions les mourants. L’eau de la machine à laver était chauffée au bois et au charbon. Des hommes arrivaient dans la maison ; ils n’avaient jamais dormi dans un lit. L’un d’eux a dormi quelque temps avec les cochons ».

De 1945 à 1954, la Direction est reprise par Sœur Louise WYDER, puis Sœur Cécile VORLET de 1955 à 1961. Le nombre de demandes augmente, aussi une aile à deux étages est bâtie, ainsi qu’une chapelle plus spacieuse. Des pensionnaires sont reçus pour des séjours temporaires. Les Sœurs visitent aussi les malades des villages et réunissent les enfants pour la Croisade eucharistique (1).

En 1956, l’annexe et les dépendances sont construites. Plus de 110 pensionnaires peuvent être accueillis. Une grande et belle chapelle est édifiée en 1960.

            « Si à l’arrivée nous sommes trois, nous étions neuf dans les années 1960 accompagnées d’une dizaine d’aides s’occupant des soins, de la cuisine, du ménage, du jardin… On trouve souvent les mêmes pensionnaires assis dans la chapelle. Ils vont prier, un peu comme des moines, pour eux-mêmes et pour le monde ».

A partir de 1961, les prestations reçues favorisent l’arrivée des pensionnaires dépendants.

Sœur Cécile VORLET, venue dès 1940 à MONTAGNIER, est presque une des premières Sœurs à œuvrer à La Providence : 21 ans de travail, de dévouement, d’oubli total de soi.  Tout naturellement elle est devenue Supérieure.

            « Active et entreprenante, avec elle la Maison s’est agrandie et embellie, avec une nouvelle chapelle. Les Petits Croisés qu’elle dirige avec beaucoup de dévouement et de cœur ne connaissent que Sœur Cécile. Les vieillards de La Providence pleurent au matin de son départ en 1961. Les paroissiens se sentent un peu orphelins et les Chanoines de la cure regrettent celle qui les aidait dans leur apostolat. Les pauvres et les malades qu’elle réconfortait au cours de ses visites ou par le moyen de l’ouvroir paroissial, mesurent mieux maintenant le zèle qui paraissait tout naturel tant il était surnaturel ».

Hommage de la Paroisse de Bagnes.

En 1976, La Providence fête son 50ème anniversaire avec un MERCI à toutes celles qui travaillent à MONTAGNIER, à toutes celles aussi qui les ont précédées. La même année, une première Infirmerie est organisée.

En 1983, Sœur Janine ARNOLD succède à Sœur Cécile VORLET. En 1984, la structure compte 98 lits occupés pour un tiers par les habitants de la Commune et deux tiers par des gens provenant du Bas-Valais. La Communauté est composée de cinq Sœurs.

            « Sœur Rosalie mijote depuis plus de quarante ans d’excellents petits plats. A l’extérieur, des bancs et des tables entourées de fleurs et d’arbustes apportent une note de gaieté à l’ensemble résidentiel. Au centre, une statue de la Vierge de la Médaille miraculeuse, du haut d’un rocher, est illuminée la nuit ».

En 1988, La Providence devient une Fondation sans but lucratif, accueillant des dons et percevant des contributions.

Mais tout évolue… De 1988 à 1990, c’est la construction et l’aménagement du nouvel établissement moderne et fonctionnel pour 110 Résidents. Les résidents sont logés dans des pavillons ; ils reviendront dans leurs tout nouveaux quartiers à Noël 1990 pour leur bien-être !

En 1991, Sœur Rosalie EGGS fête ses 50 ans de présence de Sœur cuisinière à La Providence. Belle image de fidélité, de dévouement et d’endurance valaisanne. Un bienfaiteur a voulu marquer cet anniversaire en lui offrant un vol en hélicoptère. Sa santé robuste lui permet de monter dans un hélicoptère et de descendre le glacier de CORBASSIÈRE. Elle avait vu du pays avant de venir à BAGNES ! Sixième de neuf enfants, elle est née en Argentine. En 1921, elle n’a pas 10 ans lorsqu’elle vient dans le Valais d’où sa famille est originaire.

En 1994, une Direction laïque assure la continuité de l’œuvre avec beaucoup de compétence et de bienveillance aussi à l’égard des trois Sœurs toujours présentes qui assurent l’aumônerie et une présence auprès des Résidents et des familles.

Le 30 avril 2013, les Sœurs de La Providence quittent MONTAGNIER après une présence de 73 ans.

            « Celles qui nous ont précédées ont marqué l’histoire. Elles ont donné une âme à cette maison. »

 

                                                                                   Service des Archives de la Province Belgique-France-Suisse

 

(1) La Croisade eucharistique est née en 1914 dans le but de rapprocher les enfants de l’Eucharistie, suivant ainsi l’appel du pape Pie X. La croisade consiste à mettre l’Eucharistie au centre de la vie du Croisé. 

 

Santorin est une île des Cyclades dans la mer Egée, connue grâce à sa civilisation ancienne ensevelie sous les cendres volcaniques.

A la demande réitérée des Pères lazaristes et des Evêques de l’île, 5 jeunes Sœurs sont envoyées à Santorin par le Père Etienne, Supérieur général en 1841.

 

Ce sont :

  • Sœur Augustine Gosselet, Supérieure      
  • Sœur Félicité Lequette  
  • Sœur Marie Thérèse Gillot, infirmière
  • Sœur Marthe Lavirotte
  • Sœur Jeanne Jaume, décédée 6 mois après son arrivée.

 

Elles quittent Marseille sur un voilier le 11 août. Le 30 août, elles arrivent à l’île de Syros pour un contrôle sanitaire. Le père Joseph Doumerq, Prêtre de la Congrégation de la Mission, venu exprès de Santorin, les y attend pour les formalités. Le 2 septembre 1841 elles mettent pied à Santorin. La misère y est grande. Beaucoup de familles sont dans le dénuement extrême. Il n’y a aucune structure sanitaire pour leur venir en aide.

Tout au début elles logent dans les bâtiments des Pères avec une chapelle commune.  Par la suite Sœur Lequette aménage ceux des Sœurs.

Les Sœurs, en vraies filles de Saint Vincent, se mettent au travail. Elles apprennent le grec. Le dispensaire accueille les malades. Les médicaments apportés de France sont donnés gratuitement aux plus pauvres. Dès le 8 septembre, une classe commence pour les jeunes de 18 à 20 ans qui désirent apprendre à lire et à écrire, puis ce sera l’école. Sœur Lequette en a la responsabilité. La maison d’enfants reçoit les plus défavorisés. Deux fois par semaine il y a la visite à domicile, par des chemins raboteux, dans les 16 villages pour soigner ceux qui ne peuvent pas venir au dispensaire. En 1848, l’Association des Enfants de Marie procède à l’élection de leur première Présidente, Flora Delenda.

 

Même le Roi, Othon de Grèce, qui visite Santorin en 1849, s’intéresse à la mission des Sœurs. Grâce aux démarches et aux appels à l’aide du Père Antoine Heureux, de la Congrégation de la Mission, et de Sœur Gillot, un petit hôpital fonctionne en 1856. Sœur Gillot obtient l’exemption des taxes concernant les médicaments et le vestiaire venant de France. En 1866 elle écrit aux Supérieurs : la pauvreté des habitants est indescriptible. Beaucoup de gens sont désespérés, surtout les veuves et les orphelins.

En 1875, Sœur Gillot brosse un tableau :

  • 15 000 visites de malades au dispensaire dont 250 sont restés pour les soins
  • 400 visites à domicile
  • 2 orphelinats : 56 filles chez les Sœurs et 27 garçons chez les Pères
  • 150 élèves à l’école

Sœur Gillot a été décorée par la France de la Légion d’Honneur pour ses 50 ans de service à Santorin.

En 1888 après la guerre gréco-turque, la princesse Ghika de Roumanie s’engage à pourvoir pendant 10 ans l’entretien de 12 garçons et de 12 filles, orphelins de guerre. Avec l’accord des Supérieurs de Paris cette aide est attribuée à Santorin. En 1921, Sœur Izard ouvre un atelier de couture pour les jeunes sans travail. En 1924, le dispensaire compte 12 000 visites de malades et 300 sont soignés à l’hôpital.

Pendant la guerre de 1940 avec l’aide de la Commune de Santorin, les Sœurs se chargent de la soupe populaire. Elles ont 25 enfants à l’internat. La maison est réquisitionnée par les Italiens puis par les Allemands. Après la guerre, l’hôpital devient hospice pour les pauvres. Le dispensaire et la maison d’enfants fonctionnent à nouveau.

En 1956, le 9 juillet au matin, une éruption volcanique et un tremblement de terre de 7,5 sur l’échelle de Richter, provoquent 53 morts, 100 blessés, 529 constructions démolies et 1482 maisons très endommagées, dont les bâtiments des Sœurs. Ce qui va amener le retrait des 4 Filles de la Charité le 28 Avril 1957. Les Sœurs à Santorin ont toujours vécu très pauvrement, partageant parfois leur nourriture avec les plus pauvres.

Pour les services rendus aux plus pauvres aussi bien catholiques que qu’orthodoxes, la Communauté reçut, de donateurs, des champs de vignes dont le vin leur procurait certaines ressources.

 

Liste des Sœurs servantes durant les 116 ans à Santorin :

  • Sr Augustine Gosselet (1841 – 1852) appelée en France à la fin de son mandat
  • Sr Félicité Lequette (1844 – 1852) appelée en France ; 10 ans après elle est élue Supérieure générale de la Compagnie
  • Sr Marie Thérèse Gillot (1852 – 1898)
  • Sr Jeanne Marduel (1898 – décédée en 1900)
  • Sr Angèle Dubois (1900 – 1902 partie en Chine)
  • Sr Clémentine Maurel (1902 – 1908)
  • Sr Valentine Varipati (1908 – 1920)
  • Sr Joséphine Izard (1921 – 1928)
  • Sr Monique Pascaud (1928 – 1931)
  • Sr Gabrielle Levigne (1931 – 1938)
  • Sr Anne Lucie Plaurans (1938 – 1956 décédée peu avant l’éruption du volcan).

 

Quelques noms des Sœurs de la Communauté :

  • 1842, Sr Marie-Louise d’Aussac et Sr Catherine Dormal
  • 1844, Sr Henriette Limousin, Sr Denise Parazols et Sr Nicolette de Gelis
  • 1855, Sr Bonfort et Sr Boissade, enseignantes
  • 1856, Sr Antoinette Margel et Sœur Célestine Prindezi

Fermeture de cette première mission des Filles de la Charité en Grèce le 28 avril 1957 et départ des 4 Filles de la Charité :

  • Sr Mathilde Guinse et Sr Jeanne Stefanou rejoignent la Communauté de Syros Hermopolis.
  • Sr Marthe Anguelova, la Communauté de Ano Syros
  • Sr Joséphine Tallone, infirmière, la Communauté d’Istanbul Hôpital de la Paix.

Louange à Toi Seigneur Jésus.

 

Les Filles de la Charité en Grèce, pour le Service des Archives de la Province Belgique-France-Suisse