Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul

Province Belgique-France-Suisse

Quelques dates :

  • 1723-2023 : 300 ans de l’Ecole Sainte Marie
  • 1723 1992 : présence des Filles de la Charité à Stains
  • 1723-1985 : Communauté dans l’Ecole durant 262 ans
  • ..  : passation de la Direction de l’Ecole à des laïcs
  • 1985-1992 : la Communauté déménage dans une Cité de Stains

Stains est une commune française, située dans le département de la Seine-Saint-Denis en région Île-de-France. 

En mars 1723, deux Sœurs de Saint Vincent de Paul (Catherine Haran, Supérieure et maitresse d’école et Julienne Creuvisier pour le service des malades) sont appelées dans le village de STAINS par le Seigneur BELLANGER et les habitants, pour y faire l’école aux petites filles et soigner les malades avec une Soeur pour la classe aux enfants des employés du Château. Elles arrivent vers le mois de mars.

« La châtelaine du lieu était est supérieure de la Confrérie: Association de dames aisées, de « condition » chargées de visiter, de soigner, de nourrir les pauvres malades « à domicile » de la paroisse.

Dans les parchemins et les pièces authentiques concernant cette fondation, il est dit que : « le Seigneur Toussaint Bellanger établit en ladite paroisse une petite école et un hôpital de la charité, auquel serait   unie et incorporée la Confrérie de la Charité ».

Le contrat s’est fait devant les Conseillers du Roi, notaires au Châtelet de Paris moyennant 700 livres par an ; cette clause a été anéantie en 1793.

Les 4 avril et 17 mars 1723,

 « Les habitants de la paroisse, réunis au presbytère à l’issue de la grand’messe dominicale, ratifièrent les contrats passés. Les lettres patentes du Roi furent données le 24 mai 1723 et enregistrées par écrit au   parlement le 5 juillet suivant ».

            A la Révolution de 1793, les habitants de la Commune pourvurent pendant de longues années à la subsistance des Sœurs par des dons en nature. A cette époque de troubles, les Sœurs durent quitter leur habit, sans toutefois abandonner leur maison. Elles reçurent le 14 pluviôse (2 février 1794) un certificat de     civisme du Conseil de surveillance de Stains ».

Par contre le droit d’enseigner leur fut certainement retiré. Le 30 germinal de l’an II (19 avril 1794) ; les membres du Conseil général de la Commune essayèrent de trouver une solution.

Il n’y a pas eu d’interruption dans le service des Sœurs, même durant la période révolutionnaire !

En 1807, la Communauté s’installe dans la maison de la famille BELLANGER par acte passé devant Maître MARCHAUX, Notaire à Paris.

Le nombre d’enfants ayant augmenté, un asile fut ouvert. Une 2ème classe fut adjointe cette même année.

            « Vers 1830, la petite maison ne comptait encore que 4 ou 5 Sœurs. Les ressources suffisaient à peine pour leur entretien ce que voyant, la Sœur servante, Sr Marie-Antoinette de FUMERON laissa, à sa mort, le 1er janvier 1840 une rente de 1 700 F ; son frère, Duc et Pair de France, en laisse une pour les pauvres et la Commune qui est encore distribuée en 1923 !, partie par les Sœurs, partie par le Bureau de Bienfaisance. » 

Ce ne fût qu’en 1848 que l’Etablissement commence à prendre quelque extension. On construit 2 salles devant servir de classes sur un terrain faisant partie de la Fondation, l’une est devenue la chapelle depuis 1870. »

 

En 1850, Mme de Vatry, qui possède alors le château de Stains exprime aux Sœurs le désir de les voir admettre des enfants à demeure. Elle-même commence l’œuvre en leur confiant les enfants de ses domestiques. Mais le local n’est pas suffisant. Elle fait construire en 1853, un dortoir et un ouvroir au-dessus des classes. De grandes améliorations sont encore faites à ses frais.

La population s’étant accrue en 1867. La Commune et obligée d’ouvrir une deuxième classe qui, faute de local, est installée dans une dépendance du château. Enfin l’année suivante on construit des Ecoles sur un terrain appartenant à Mme de Vatry.

            « La construction donne lieu à de longs débats, lesquels la Sainte Vierge et Saint Joseph nous ont         visiblement protégées disposant les autorités en notre faveur. »

Les Sœurs prennent possession des nouvelles Ecoles en mars 1870. Au mois de septembre suivant, la Guerre éclate. L’invasion prussienne force les Sœurs à quitter la maison. Les unes se rendent dans les ambulances, les autres restent à Paris.

La guerre terminée, le Conseil municipal fait faire les réparations de la maison, ce qui permet aux Sœurs de  recevoir d’autres Sœurs chassées de leur maison par la Commune de Paris.

            « En mars 1871, les Sœurs qui reviennent dans la maison la trouvent à moitié démolie par les obus. Seul le bâtiment des Ecoles a été épargné. Saint Joseph, dont la statue est placée au-dessus de la porte, s’en est montré le protecteur. »

Par suite du bombardement de Paris, l’Eglise de Stains ne peut plus servir au culte. Sr Tissot, alors Sœur servante, offre une salle de la maison où sont célébrés les offices pendant 8 mois.

            « Cette salle devint et reste encore aujourd’hui notre chapelle (en 1923 !). Elle est dédiée à Saint Vincent  dont la statue domine l’autel. »

En 1878, Sr TISSOT continue d’étendre les œuvres. « Abeille industrieuse », selon l’expression du Père Fiat, Prêtre de la Mission. Elle réunit et économise les fonds nécessaires pour acheter la maison attenante à la Fondation et ainsi agrandir l’internat. Elle y ajoute le grand bâtiment qu’elle fait construire et qui comprend trois classes, deux dortoirs et un ouvroir. Les jardins sont aussi agrandis.

Le Père de Soeur Tissot, vieillard nonagénaire, qui a donné ses cinq enfants, 4 Filles de la Charité et 1 Prêtre de la Mission. Il obtient des Supérieurs la permission de finir ses jours auprès de sa fille dans la maison de Stains.

            « Il laisse le souvenir d’une sainte vieillesse dont tous les instants s’écoulent à la chapelle. C’est en  mémoire de lui que Sœur Tissot fait construire en 1883 une petite maison pour y recevoir quelques vieillards. Cette œuvre procure aux personnes âgées le moyen de vivre et de mourir en paix.

            Encouragée par le bien qui s’y faisait, Soeur Tissot entreprend une construction plus vaste : c’est la belle maison de retraite qui s’élève au milieu du jardin et abrite une quarantaine de Dames pensionnaires en 1923. »

Tandis que ces œuvres se développent, les Sœurs continuent toujours assidûment la visite des malades à domicile. Jusqu’en 1890, il n’y a dans le village ni médecin, ni pharmacien. Les Sœurs tiennent la pharmacie et un médecin du pays voisin vient chaque jour donner des consultations dans la maison des Soeurs et prend les adresses des malades qui le demandent ce qui facilite beaucoup aux Sœurs leur entrée auprès d’eux.

A l’une des Sœurs revient aussi l’honneur d’avoir fait célébrer, pour la première fois dans sa classe le mois de Marie, qui n’est pas encore établi dans la Paroisse.

Vers 1879, la maison compte 3 classes externes, plus un Asile. Le nombre des pensionnaires s’élève jusqu’à 118. Les Sœurs ont été jusqu’à 16 ; elles habitent toujours dans la maison de la Fondation.

 

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A suivre…

 

1886 – la maison est fondée le 8 septembre grâce à la générosité de Mme la Comtesse de NADAILLAC et la Duchesse de TAMAMES qui sont à l’origine de la fondation. Sœur ETCHECOPAR, Sœur servante, Sœur RIVIERE, Sœur Vincent LE MILON sont installées 8 rue Peyroloubilh pour la visite et le soin des pauvres. Très vite, le rayon de leurs activités s’élargit : un Dispensaire, un Orphelinat et une Crèche sont ouverts et les Sœurs s’occupent du Catéchisme des enfants de la Paroisse, Orphelinat. La maison est transférée 16 rue Ambroise Paré.

1921 – la maison devient trop petite. En janvier, grâce aux libéralités des Demoiselles DUCASSE et PRINGLE un vaste terrain est acheté avenue de Grammont. La maison de BIARRITZ n’ayant pu obtenir à cette époque la reconnaissance légale, les donations furent faites au nom de la Compagnie des Filles de la Charité reconnue par Décret Impérial du 8 Novembre 1809. Les œuvres sont toujours rue Peyroloubilh.

Un Dispensaire est construit et Sœur DA SILVA commença à bâtir une maison.

1923 – à cette époque, toutes les œuvres sont transportées rue de Grammont. La Crèche reçoit les enfants de 2 mois à 6 ans. L’ouvroir et l’orphelinat quittent les locaux délabrés et vétustes de la rue Peyroloubilh pour s’installer dans un bâtiment tout neuf, avec une vingtaine de jeunes filles de 13 à 21 ans. Elles y reçoivent un enseignement ménager théorique et pratique, ainsi qu’une initiation à la couture. Les Sœurs continuent les catéchismes à la Paroisse Ste Eugénie.

1925 – une salle s’ouvre à l’œuvre des « Midinettes » pour les ouvrières et employées, œuvre très utile à Biarritz, surtout pendant les mois d’été !

1926 – une Association (Loi 1901) est constituée afin de gérer les intérêts de la crèche et du dispensaire. Le Docteur Bastide est le Président avec un dévouement immense et une grande compétence.

La Crèche prend de l’extension : une trentaine d’enfants. Désormais, on y garde les enfants jusqu’à 3 ans ; un Jardin d’Enfants est ouvert le 26 septembre.

1927 – une nouvelle construction abrite l’enseignement ménager et les Cours Professionnels, les cours de perfectionnement d’économie domestique, le cours de formation pour les Monitrices d’Enseignement ménager et celui de Jardinières d’Enfants. Huit chambres s’ajoutent au foyer des Midinettes pour les jeunes filles en recherche d’emploi et dépourvues de milieu familial.

Sœur Barbaste demande une nouvelle fois la reconnaissance de la Maison.

1928 – un « fourneau » (cantine), fonctionne durant les 4 mois d’hier pour les enfants de familles nombreuses de 1928 à 1931.

1929 – le Décret est accordé en date du 25 décembre 1929 pour la reconnaissance de l’existence légale de la Maison des Filles de la Charité sise 16 avenue de Grammont.

1931 – un « fourneau » pour chômeurs prend la suite du fourneau scolaire. Il fonctionne jusqu’en 1934.

1933 – une nouvelle œuvre est organisée pour « l’assistance par le travail ».

1934 –  l’œuvre de « la Layette » s’y ajoute. La maison essaime à Chassin, quartier Larochefoucault avec un Jardin d’Enfants et un Dispensaire. Deux Sœurs d’y rendent chaque jour. Trois Sœurs assurent les soins à domicile sur les trois Paroisses : Ste Eugénie, St Charles et St Martin.

1935 – la Maison reçoit en août et septembre, 27 fillettes toute la journée.

1936 – les rapatriés français d’Espagne sont accueillis pendant 10 mois.

1938 – ouverture d’un Dispensaire dans un quartier au Sud-Est de la Ville : « La Négresse », l’ancien nom était d’origine basque : Harausta. La Sœur s’occupe de la jeunesse et fait le catéchisme.

Des colonies de vacances accueillent des enfants envoyés par différentes maisons des Sœurs.

1939 – la Guerre ! Les œuvres continuent difficilement. La Maison reçoit des jeunes filles qui font des études de Jardinières d’Enfants et d’Infirmières.

Tous les locaux sont mis à disposition de la Mairie pour les réfugiés de l’exode de 1940.

Sur le quartier de la Négresse, une Sœur assure le dispensaire et les soins à domicile, les catéchismes et le patronage. Deux autres Sœurs (une espagnole et une mexicaine) desservent un Dispensaire et un Jardin d’Enfants sur le quartier de la Rochefoucauld à 5 kms de la Maison.

1942 – un local appartenant à la Maison est loué pour un Centre de Jeunesse. Cela amène la fermeture de la section commerciale des cours professionnels.

1944 – en mars, bombardement de Biarritz ! Sœurs et enfants sont évacués sur Oloron Ste Marie. Elles y séjourneront jusqu’en novembre. Deux Sœurs restent à Biarritz pour la Défense Passive (1).

  • Défense passive : La défense passive consiste en la protection des populations en cas de conflit armé. Cette notion est née dans les années 1930 et comprenait essentiellement des mesures de protection en cas de bombardement en renforçant l’action des pompiers : mise en place d’un réseau de surveillance et d’alerte.

1945 – une crèche municipale et un Jardin d’Enfants sont ouverts dans le quartier. La crèche et le Jardin d’Enfantsne peuvent pas continuer à fonctionner : c’est leur fermeture ! La Maison est réduite au Dispensaire et à un petit groupe d’enfants de 4 à 6 ans.

1947 – une nouvelle Sœur servante arrive : Sœur Cochet. Le nombre d’enfants augmente ; l’ouverture d’une Ecole Privée est demandée. Elle est installée dans les locaux du Jardin d’Enfants. Pour augmenter les ressources précaires, Les Sœurs reçoivent des pensionnaires durant les mois d’été tandis que les Enfants sont envoyés en Colonie de Vacances à Saint-Jean-Pied-de-Port. Les soins au Dispensaire et à domicile sont très importants et le nombre de Sœurs de la Communauté s’est amenuisé.

1949 – ouverture d’une Ecole Primaire avec 2 classes ; la Sœur servante en est la Directrice, aidée par deux Institutrices laïques.

1950 – Sœur Catherine anime le Foyer des Vieillards dépendant du B.A.S.

Les Dames de la Charité et les Louises de Marillac visitent les pauvres et les vieillards. Le catéchisme paroissial de 1ère année est assuré.

1957 – la Maison d’Enfants a repris son activité. Sœur Durand-Saladin, Sœur servante, est la Directrice de l’Ecole.

1965 – la Préfecture de Pau délivre l’« Habilitation » en date du 1er janvier 1965. La Maison est donc reconnue comme « Maison d’Enfants à caractère social ». A la demande de Monsieur le Juge des Enfants du Tribunal de Bayonne, la Maison est « Fratries », c’est-à-dire qu’elle reçoit en plus des fillettes, les frères de celles-ci.

1971 – au départ de Sœur Durand-Saladin, la Province des Filles de la Charité a des difficultés pour la remplacer comme Directrice. Les enfants sont orientés vers les Ecoles Publiques et Privées et l’Ecole est fermée.

1972 – fin août, c’est l’arrivée de Sœur Saulière et le début des grands travaux : il faut moderniser et aménager la Maison de façon plus fonctionnelle ! La Sécurité impose un escalier de Secours à l’extérieur du bâtiment.

La formation du personnel est aussi nécessaire : une Sœur et une monitrice déjà en place font leurs études d’éducatrices. Les Assistantes Sociales n’hésitent pas à confier des enfants : l’effectif est toujours au complet.

1972-1992 – la Maison d’Enfants vit à plein régime dans un bon esprit et une bonne ambiance tant au niveau des enfants que du personnel.

1979 – La Communauté est composée de 6 Sœurs de 29 ans à 78 ans. La Maison reçoit 60 enfants (frères et sœurs). Le Centre de Vacances d’Ance accueille les enfants durant les vacances de février, Pâques et l’été.

1981, en septembre, Sœur Bernadette Saulière est remplacée par Sœur Bernadette Labrune.

Avec la nouvelle Loi sur la majorité à 18 ans, un service de jeunes majeurs est ouvert pour permettre de prendre en charge les jeunes de 18 à 21 ans.

1990 – la Maison prend de plus en plus d’importance. Sœur Bernadette Labrune, Directrice de la Maison d’Enfants, s’est adjoint un Chef de Service.

1992 – Sœur Bernadette arrive à l’âge de la retraite. La Compagnie des Filles de la Charité n’a pas de relève, aussi un Directeur laïc prend la Direction de l’Etablissement. La Communauté quitte les locaux de la Maison d’Enfants pour s’installer dans les locaux désaffectés du Dispensaire, fermé depuis le décès de Sœur Catherine.

1999 – devant les exigences des services de sécurité, des travaux de restructuration des locaux sont envisagés. Un réaménagement complet de l’Etablissement est mené à bien. La Maison d’Enfants est transférée à Anglet durant 4 mois.

2000 – pour répondre à l’évolution de la prise en charge des enfants par les Services de Tutelle, un nouveau service est créé : un Groupe d’Accueil et d’Accompagnement Modulable (G.A.A.M.). Celui-ci accueille des enfants qui sont hébergés dans leur famille et peuvent être accueillis un ou deux soirs par semaine à l’Internat.

2002 – pour faire face au travail en augmentation et au suivi des enfants, un nouveau Chef de Service est embauché.

2004 – l’effectif est au complet avec 55 jeunes. Il se fait un bon travail dans l’Etablissement.

Si la Maison des Filles e la Charité a connu bien des changements, l’œuvre garde intact l’esprit de Saint Vincent de Paul : charité, dévouement, service.

 

Sœurs ayant particulièrement marqué la Maison

– Sœur DA SILVA, à qui l’on doit le terrain sur lequel sont construits les bâtiments actuels

– Sœur BARBASTE

– Sœur COCHET, qui a relancé la Maison et les Oeuvres

– Sœur DURAND-SALADIN, qui a donné à la Maison d’Enfants son impulsion actuelle, par l’aménagement des locaux et des terrains, et a obtenu l’Habilitation

– Sœur LE MILON, l’une de celles qui étaient à la fondation. Elle s’est dépensée sur la Paroisse St Charles jusqu’à épuisement. Elle a été citée pour les services rendus dans les Hôpitaux de la Croix Rouge pendant la guerre 1914-1918

– Sœur Joséphine TOURON, qui a été pendant des années à l’ouvroir

– Soeur Catherine BEAUCHER, très aimée des pauvres.

Un historique écrit par les Sœurs dans les années 1960 mentionne : « De ces trois dernières Filles de la Charité, il nous arrive souvent d’entendre parler d’elles dans le quartier avec vénération ». 

Service des Archives de la Province de Belgique France Suisse des Filles de la Charité

3.1. L’année 1929

Les archives des Filles de Hollande la Charité évoquent la vie des Sœurs et des communautés (suite).

Le 11 janvier : la préparation aux examens pour nos Sœurs institutrices ayant paru insuffisantes à Tilbourg, il est préférable qu’elles suivent comme jadis les cours de l’Ecole Normale d’Echt dirigée par les Ursulines et proche de notre maison de Susteren.

Le 18 mars, les membres du Conseil provincial sont en même temps Conseil répondant pour tout ce qui concerne le Droit de Nationalité Civile, du fait de la constitution de la Province.

Une jeune fille est acceptée et entre au Postulat le 17 avril.

Le 17 avril, une Sœur est envoyée à Bocholtz pour y faire la cuisine et une Sœur à Nuth pour soigner les hospitalisés. Deux jeunes filles sont présentées : l’une commence son Postulat à Rumpen le 15 mai et l’autre le 15 août à Boch. Deux Sœurs sont nommées pour la Prise d’Habit ; elles partirent à Paris fin mai.

Le 27 mai, lecture du contrat avec la fabrique d’Eglise de Nuth au sujet des asiles et de l’ouvroir. Il est envoyé à M. le Curé pour être signé. Un autre Curé a fait des démarches pour obtenir des Sœurs. La Sœur Visitatrice et la Sœur Econome se rendent sur place pour se rendre compte de la situation.

Deux jeunes filles demeurant à Tilbourg sont acceptées. Une postulante paraît ne pas avoir de vocation. 

Les Supérieurs ont décidé que les Soeurs étrangères ne viendront pas à Paris cette année à cause des préparatifs du Centenaire des Apparitions de la Vierge Marie à Catherine Labouré en 1930.

Le 16 juillet, la Sœur servante de Rumpen, demande une Soeur pour l’ouvroir. Après la Prise d’Habit d’une Sœur, elle y est envoyée. A Bocholtz, il est proposé à la Sœur servante d’être remplacée par une Sœur de la maison.

19 août, Sœur Leenders se voit confié par les Supérieurs la charge d’Assistante de la Province. La Visitatrice installe la Sœur servante de Susteren. Proposition aux Supérieurs d’une Sœur pour l’Office de Directrice du Séminaire

Le 10 octobre, une jeune fille est acceptée, elle entre au Postulat de Susteren le 2 février 1930. Une personne a obtenu sa dispense d’âge, elle commence son Postulat à Bocholtz le 15 novembre.

Une jeune de Tilbourg est acceptée, elle commence son Postulat à Nuth le 8 décembre. Une Sœur est appelée par les Supérieurs à Paris pour y faire sa retraite.

3.2 Fondations et œuvres de 10 Communautés en 1936

  • 1902 Susteren : 2 écoles primaires 320 enfants, 2 écoles garderie 120 enfants, école de couture 50 élèves, visite des malades, hospitalisation de 28 vieillards. Œuvres de jeunesse sous la direction de M. le Curé. Les Sœurs ont leur propre Association des Enfants de Marie.
  • 1905 Veldriel Maison St Joseph : école garderie 48 enfants, hospitalisation de 32 vieillards, visite des pauvres malades.
  • 1910 Bocholtz Ste Elisabeth : école primaire 315 enfants, école garderie150 enfants, école de couture 36 élèves, hospitalisation de 17 vieillards, visite à domicile. Patronage moderne.
  • 1919 Nuth Immaculée Conception : école garderie 120 enfants, école de couture 45 élèves, 140 enfants pauvres nourris, hospitalisation de 12 vieillards. Les œuvres de jeunesse et Association des Enfants de Marie sont paroissiales.
  • 1919 Rumpen Sacré Cœur : école primaire 420 enfants, école garderie de 225 enfants, école de couture 76 élèves, 100 jeunes ouvriers. Les œuvres de jeunesse sont entre les mains des laïcs, les Enfants de Marie sont paroissiales.
  • 1919 Tilbourg : école primaire 350 enfants, école garderie 34 enfants, école de couture 40 élèves, hospitalisation de 40 vieillards, visite des pauvres malades, dispensaire, alimentation de 120 enfants pauvres en hiver.

Après la Guerre 1914-1918

 

  • 1926 Lutterade St Joseph : école garderie 120 enfants, hospitalisation de 50 mineurs.
Lutterade Maison d’hôtes 1930

 

  • 1930 Venlo Maison St Raphaël qui appartient à l’Association catholique des cheminots: accueil des cheminots convalescents : 40 adultes et 80 enfants.

 

  • 1932 Budel-Dorplein Maison St Joseph : école garderie 40 enfants, école de couture 10 filles de la Fabrique, hospitalisation ouvrière pour les ouvriers de la Fabrique, administration d’une coopérative, visite des malades. Patronage 100 enfants et 30 Enfants de Marie.
  • 1933 Diemen Maison Bienheureuse Catherine Labouré : école primaire 160 enfants, école garderie 60 enfants, école de couture 20 élèves.

D’autres fondations seront faites à partir de 1943 : Rotterdam en 1943, de Verre an 1945, Wernhout en 1946, la Haye en 1953, Amersfoort en 1954, Baak en 1956 et Panningen en 1958.

4 – La Province des Pays-Bas en mission dans les Indes néerlandaises et au Danemark

  • Indes hollandaises : 1931, des Sœurs de la Province sont envoyées en mission pour les Indes néerlandaises (Indonésie) le 11 Septembre. Les Indes néerlandaises sont transférées à l’Indonésie en 1949 lors de la Conférence de La Haye.

 – en 1931 Surabaya, fondation de la 1ère communauté. Pendant la guerre, les Sœurs ont passé 2 à 3 ans dans les camps comme ennemis des japonais. Elles ont besoin de venir se reposer en Europe. Les Sœurs sont au service de la Fondation Don Bosco.

 

 – en 1939 Kediri, une fondation est faite avec une école et la visite des malades à domicile.

 

  • Danemark

– en 1956, la maison Sainte-Marie de Helsingör au Danemark fondée par la Maison-Mère en 1904, est rattachée à la Province des Pays-Bas en 1956. La communauté compte 9 Sœurs.

Les œuvres sont : un orphelinat de 15 garçons et filles, la visite des pauvres, une école de 30 élèves.

5 – L’histoire des Filles de la Charité se poursuit aux Pays-Bas !

Puis de nouveaux services sont assurés par les Sœurs pour répondre aux appels des pauvres : soins aux migrants et aux familles déchirées par l’alcool, la drogue, le divorce… Fondation des maisons d’Accueil pour femmes et enfants en détresse qui cherchent un abri temporaire.

En 2011, les maisons des Pays-Bas sont rattachées à la Province de Cologne-Pays-Bas, érigée le 5 juin qui regroupe les anciennes Provinces de Cologne et des Pays-Bas.

En 2022, treize Sœurs sont à Panningen, village de la Province du Limbourg.

Le 21 août elles ont été rattachées à la Province Belgique France Suisse des Filles de la Charité.

 

Quelques dates marquantes pour les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul aux Pays-Bas :

          1901 – 1912 – 1927 – 2001 – 2022

 

            

     Pays-Bas                                       France

 

 

 

Réalisé par le Service des Archives de la Province Belgique France Suisse

 

Sources : Archives de la Maison Mère des Filles de la Charité et photos des archives aux Pays-Bas

Les Pays-Bas sont une monarchie constitutionnelle comptant 17,2 millions d’habitants en 2019. La ville d’Amsterdam est la capitale du royaume.

 

1 – Les premières Filles de la Charité arrivent en Hollande en 1901

Suite à l’appel du bourgmestre de Susteren, petit village situé dans le Limbourg Néerlandais, des Filles de la Charité partent de Paris le 14 septembre 1901 pour la Hollande. Après un arrêt à Ans, elles se mettent en route pour Susteren le 15 septembre. Elles ont un accueil chaleureux par Mgr l’Evêque et la population. Le Maire a appris un petit compliment en français pour leur souhaiter la bienvenue. Leur « Saint Habit » fait sensation ! Les Sœurs sont installées dans une dépendance de la maison communale à Susteren.

 

 

Le 8 avril 1902, trois Sœurs néerlandaises arrivent à Susteren, sous la conduite de Sœur Ducher, pour commencer l’asile et la visite des pauvres en attendant qu’elles puissent avoir des classes. Elles ouvrent un asile qui compte 120 enfants, et le une école pour les filles. Elles se chargent de la visite des malades. En mai, le jour de l’Ascension, elles commencent l’Association des Enfants de Marie avec 132 jeunes filles de 15 ans et plus qui passent la journée du dimanche chez les Soeurs.

En 1903, la maison des Prêtres de la Mission à Panningen s’ouvre. Ils demandent des Sœurs : une Sœur française pour l’ouvroir payant. Mgr l’Evêque a bien recommandé cette œuvre pour préserver les jeunes filles d’aller travailler aux briques en Prusse. Il fait construire un nouveau bâtiment qui abrita la maison des Sœurs et les œuvres

Le Curé de Niewvstadt, paroisse située à un quart d’heure de chemin de fer de Susteren, demande si la Communauté pouvait lui fournir trois Sœurs pour sa Paroisse pourvu qu’elles sachent le hollandais ou le flamand. Il pense leur construire une maison. Ce serait pour tenir l’asile, un petit ouvroir et pour visiter les malades.

En 1904, un presbytère est offert pour une nouvelle fondation à Veldriel, commune de Kerkdriel, Diocèse de Bois-le-Duc. Les Catholiques désirent que les Sœurs prennent l’Ecole des filles. En octobre, deux contrats sont signés.

En 1905, M. le Curé d’Amby (ancienne commune) demande des Filles de la Charité pour sa Paroisse de la part de l’Evêque. C’est un milieu ouvrier, aux portes de Maastricht, une des plus grandes villes manufacturières. Il demande 3 Sœurs : 2 devraient savoir la langue et faire la classe. Une Loi très avantageuse pour les Congrégations enseignantes vient d’être promulguée en Hollande. Les religieuses reçoivent le même traitement que les institutrices laïques.

2 – En juillet 1912, les maisons de Hollande sont rattachées à la Province de Belgique.

Février 1915 : des Sœurs sont emprisonnées à Siegburg et ne portent plus l’Habit. Elles sont en cellules, séparées les unes les autres. Elles assistent à la messe 3 fois par semaine et travaillent à la couture et à la cuisine. Il est impossible d’aller les voir, vu la situation difficile de la Hollande.

Janvier 1917 : Soeur Kerckhoven de Veldriel écrit que la Présidente du Comité Hollandais pour les victimes de la guerre, voulant se charger de 1000 enfants français des pays envahis, demande 3 Sœurs et 2 sous-maitresses pour la Colonie d’Egmond. M. le Curé d’Egmond loue au Comité un appartement. 

Août 1917 : M. le Curé réclame le retour de Sœur Geurts, prêtée comme 1ère d’office à Egmont, pour la colonie des enfants français, évacués du Nord.En 1918, Susteren est une localité de 3 000 habitants. Les œuvres des Sœurs sont : l’école avec 180 filles, faite par 2 Sœurs et 3 maîtresses – l’asile avec 100 enfants avec 1 sœur et 1 fille – un orphelinat d’une douzaine de jeunes filles – un ouvroir externe avec une douzaine d’enfants – une buanderie qui occupe une douzaine de jeunes filles – la visite des malades faite par Sœur Wauters. Quatre Sœurs sont au Séminaire.

 En 1926 : Sr Wagenaar écrit : « toute la Province prie dans l’intention de pouvoir prier bientôt dans la langue du pays ». Soeur Baptizet « les Sœurs de Hollande désirent former une Province pour les raisons suivantes : les postulantes hollandaises qui arrivent au Séminaire d’Ans ignorent en général le français ; de plus, le flamand parlé en Belgique diffère beaucoup du hollandais. La maison de Susteren pourrait être ce petit séminaire ».

M. Romans, Prêtre de la Mission propose la formation d’une province en Hollande, indépendante de la Belgique.

Tilbourg semble convenir comme Maison Centrale et Sœur Wauters est proposée comme Visitatrice. Il est proposé une Sœur française comme Directrice du Séminaire. Soeur Baptizet propose Soeur Mélis, qui a été Sœur d’office au Séminaire de Paris. Quatre Sœurs du Séminaires et nombres de Postulantes sont attendues. 

3 – En 1927, la Hollande devient autonome : érection de la Province de Hollande

La différence entre la Hollande et les Pays-Bas est très simple. La Hollande est une des parties des Pays-Bas. Elle comprend les villes les plus connues qui sont AmsterdamRotterdam et la Haye.

3.1. Les années 1927 – 1928

Le 19 juillet et Sœur Agnès Wauters est la 1ère Visitatrice. La Maison provinciale est d’abord installée à la maison Saint-Vincent de Tilbourg, puis à la maison Marie Immaculée de Nuth, et à la maison Virgo Potens de Baak en 1959.

En 1978, elle est à Bois-le-Duc, avec un Centre d’Accueil à la rue du Port.

En 1927, la Province compte alors 56 Sœurs en 7 maisons. Les œuvres sont : jardin d’enfants, école primaire, visites à domicile, soins aux personnes âgées, activités paroissiales. Une Sœur nommée Sœur d’Office pour le Séminaire, elle ira se former à la Maison Mère.

Le Siège de la Maison centrale est à Susteren. Deux Sœurs entrent à l’école d’infirmières à l’Hôpital de Tilbourg ; d’autres Sœurs sont proposées au Conseil pour faire des études après leur formation au Séminaire. L’Evêque de Bois-le-Duc demande d’éviter le nom « séminaire » qui désigne l’Institut diocésain pour la formation des prêtres.

 

Les archives des Filles de la Charité de Hollande évoquent la vie des Sœurs et des communautés.

En 1928

Le 1er août se tient le 1er Conseil de la Province : placements et changements des Sœurs ; des jeunes filles de 20 à 23 ans demandent à entrer ; décision d’imprimer en langue hollandaise le livre des Vœux. 

Le 31 août : l’Administration du Syndicat Catholique du personnel des Chemins de Fer demande des Sœurs. La réponse du Conseil est : « avis d’ouvrir des pourparlers avec ces Messieurs. On leur demandera d’apporter les plans de la construction afin de voir si tout est bien disposé surtout pour ce qui concerne la partie affectée à la communauté. Cette œuvre est bien dans l’esprit de la Communauté. M. le Directeur écrira à l’Evêque. Lorsqu’on aura définitivement les conditions, ma Sœur Visitatrice écrira à la Mère générale à Paris ». 

Le 14 septembre : Une élève de l’école de Tilbourg demande à être admise dans la communauté. En vue de son entrée, elle a pris le diplôme de couture et de coupe. Une autre élève de nos Sœurs de Susteren est admise à commencer son postulat.

Le 6 octobre : Une Sœur qui vient d’obtenir son diplôme d’asile retourne dans sa maison de Bocholtz.

Bocholt Ste Elisabeth

Le 14 décembre : envoi de 2 Sœurs à Paris pour leur Prise d’Habit courant janvier. Après son retour, l’une d’elle est placée comme institutrice à l’école de Rumpen. Prévision de faire 3 retraites : une en avril et deux en août.

Réalisé par le Service des Archives de la Province Belgique France Suisse

Sources : Archives de la Maison Mère des Filles de la Charité et photos des archives aux Pays-Bas

 

                                                                                                          Suite : le mois prochain

      La colonie scolaire de Serinchamps était située dans un petit village de la Province de Namur, en Belgique. C’était une initiative de l’Œuvre Nationale des Colonies Scolaires Catholiques. Elle hébergeait des enfants pendant les périodes de vacances ainsi que des enfants placés sur toute l’année. Les Filles de la Charité de Belgique y étaient responsables entre 1949 et 1970.

Un Film sur Youtube

 

 

Ce film d’une dizaine de minutes, sur cette ancienne colonie scolaire et de vacances, est publié en 2019 par quelques personnes. Une musique de guitare mélancolique accompagne le générique d’ouverture.

La première image montre une gravure romantique d’un ancien château, et ensuite une série d’anciennes photographies du château reconstruit après un incendie en 1921.

Nous reconnaissons, sur une prise de vue d’en haut à partir d’une des tours, les cornettes familières des Filles de la Charité joyeusement encerclées par des fillettes en ronde.

Une même joie se ressent côté garçons, qui n’habitent pas le château même, mais une de ses dépendances.

Leur bâtiment à tourelles abrite le réfectoire, une salle de jeux dite « salle du sanglier », une infirmerie, et à l’étage, le dortoir.

En jetant un regard dans la salle du sanglier, nous y voyons un cercle de garçons assis autour du feu, sous le regard bienveillant de deux Sœurs. Une annotation nous apprend qu’ils chantent la litanie du feu : 

« Feu ! feu ! joli feu ! ton ardeur nous réjouit, feu ! feu ! joli feu ! monte dans la nuit ! »

Mais rapidement les choses se gâtent. Un montage d’images contrastées défile devant nos yeux en un avant et un après, accentuant l’état actuel des bâtiments, qui se trouvent dans un délabrement déplorable. La nostalgie se communique irrésistiblement au spectateur. L’actuelle salle du sanglier est méconnaissable, ainsi que la chapelle, l’école des garçons et le château dans son aspect général. Il n’y a que la cloche qui semble avoir résisté au déclin.

L’image de la fin, comme un sceau apposé sur les temps irrémédiablement révolus, est la 2CV des Sœurs, entourée par des gamins. À nouveau la joie, mais une joie avec un arrière-gout amère parce qu’elle resurgit des ruines.

 

Un groupe d’anciens pensionnaires sur Facebook

Dans la même période, au début de 2019, des anciens pensionnaires de Serinchamps créent une page Facebook, en réponse au dépérissement de ces lieux « magiques ».  

 

Internet a permis de nouvelles sources d’informations qui peuvent compléter celles des archives.

Dans un rapport de Visite régulière à Serinchamps du 5 janvier 1963, la Visitatrice note : « La maison a une bonne réputation, les enfants retournent dans leurs familles souvent avec regret et prient beaucoup pour revenir ».

Quelques décennies après, divers témoignages d’anciens pensionnaires vont dans le même sens.

            « Serinchamps restera toujours pour moi le Paradis terrestre. Toutes les saisons étaient belles. 

J’y aimais tout.  Quand j’étais triste, j’allais à la petite chapelle des Sœurs et cette atmosphère était une bénédiction.  Je ne pratique plus, mais je crois en Dieu.  Serinchamps a été un chemin spirituel, aussi on y soignait le corps et l’âme ». Et le témoin ajoute : « ma mère n’a jamais compris mon amour de ce lieu ».

Un autre témoin rejoint presque le constat de la Visitatrice : « [Je ressens] beaucoup de tristesse vu le TRISTE état des bâtiments, tout abandonné alors que c’était un cadre magnifique. J’ai passé plusieurs mois de mon enfance, j’avais six ans la première fois entre 1960 et 1965, car à peine revenu à la maison je demandais pour y retourner et j’en garde de très bons souvenirs ». 

Un troisième témoignage : « Que d’émotions et quelle bonne surprise d’avoir trouvé par hasard votre site dédié à la colonie de Serinchamps.  Que de souvenirs entre 1963 et 1968.  J’y ai passé plusieurs séjours et toujours par période de trois mois.  Pleins de bons moments me reviennent en mémoire, notamment les veillées au coin du feu avec Sœur Catherine qui nous racontait des histoires.  Elle avait l’art de nous raconter et de faire durer le suspense jusqu’au dernier moment ! ».

De nombreux témoignages sur Facebook ont un réel intérêt, avec des photos et des documents en grande quantité, qui illustrent le fonctionnement de la Colonie de Serinchamps. Une monitrice, qui a séjourné enfant à Serinchamps, puis y a travaillé de 1961 à 1968 écrit à son départ :

« Merci,

à Sœur Couchant : à qui je dois ma formation de monitrice
            à Sœur Saussus : qui a complété cette formation
à Sœur Redivo : ma maman de cœur, de tendresse et très présente dans ma solitude d’enfant et d’adolescente
            à sœur de Beco : pour ses très bons soins »

                                                                                                          Y a-t-il plus bel hommage ?

Pour l’historien et l’archiviste des Filles de la Charité, ce zèle nostalgique s’avère être une véritable aubaine.

Nous savons que « le bien ne fait pas de bruit » et qu’au nom de cette règle d’or, « Les Filles de la Charité, humbles servantes des pauvres, ne se racontent pas, comme elles n’aiment guère faire parler d’elles (1) ».

De là vient qu’un grand nombre de communautés n’ont guère laissé suffisamment de traces archivistiques pour pouvoir reconstituer adéquatement leur passé. L’impact immédiat et pratique de l’œuvre surpassait de loin le besoin d’en garder des traces par écrit.

Le cas de Serinchamps est un magnifique exemple d’une complémentarité en sources, où des sources nouvellement créées, telle qu’une page Facebook active, viennent combler d’une façon tout à fait inattendue les lacunes dans les archives historiques.

 

Christof, pour le Service des Archives de la Province Belgique France Suisse

 

[1] Matthieu Brejon de Lavergnée, Histoire des Filles de la Charité (Fayard 2011), p 19

En 1855, les Filles de la Charité arrivèrent à THESSALONIQUE, ville du Nord de la Grèce, qui était encore sous l’Empire Ottoman et ce, jusqu’en 1912. Elles furent logées dans une vieille maison en bois, en mauvaise état. On raconte que les jours de grandes pluies les Sœurs devaient avoir leurs parapluies ouverts dans leur lit pour ne pas être mouillées. Et cependant, ce fut cette modeste habitation qui devait servir de « berceau » à toutes les maisons et œuvres des Filles de la Charité de THESSALONIQUE. Les Sœurs étaient au nombre de quatre ; elles avaient ouvert 2 classes. Dès l’ouverture, elles avaient une quarantaine d’élèves, des grecques orthodoxes surtout, car alors les catholiques n’étaient pas nombreux à THESSALONIQUE.

En 1856, les Sœurs ouvrirent un Dispensaire mais bientôt elles ne purent suffire car c’était trois ou quatre cents personnes qui s’y présentaient tous les jours. Aussi, la Compagnie des Filles de la Charité leur envoya bientôt deux autres Sœurs. Le 8 septembre, l’Association des Enfants de Marie fut fondée ; elle fut très florissante.


Soeurs et enfants de Marie

En 1857, elles commencèrent les visites des pauvres et des malades à domicile ainsi que les visites dans les prisons.

En 1858 elles ouvrirent un Hôpital et voici comment : un jour parmi les malades il s’en trouva un, dont l’état était tellement grave, qu’on ne pouvait le renvoyer. Il fut logé dans une chambrette pour le soigner. D’autres cas semblables suivirent : l’Hôpital était fondé. Mais la maison de l’Hôpital se trouvait trop vieille et avec les années il devint impossible de continuer de la sorte.

En 1861, les Sœurs avaient commencé un Orphelinat avec des jeunes filles bulgares. Il y en avait alors une trentaine lorsqu’en 1893. Les Sœurs cédèrent leur maison pour en faire l’Hôpital. Les orphelines partirent en dehors de la ville, dans une maison de la campagne de CALAMARI qui avait été donnée aux Sœurs par Mgr BONETTI.

Les premières années les orphelines et trois sœurs affectées à cette œuvre furent logées provisoirement dans le petit local qui se trouvait dans ladite campagne, mais il fallut vite pourvoir à leur construire une maison convenable et adaptée à l’œuvre.

 

 

 

 

En 1872, les Sœurs rentrèrent dans une maison vaste et spacieuse construite sur la rue du quartier Fragon grâce au secours du Gouvernement français. Cette maison put contenir toutes les œuvres dont s’occupaient alors les Sœurs à l’exception de l’Hôpital qui resta dans une maisonnette en bois contiguë.

En 1893 il fallait absolument construire un nouvel Hôpital car le mouvement occasionné par les nouvelles lignes du chemin de fer amenait beaucoup de malades.  Il y avait un manque de médecins et la vétusté de l’Hôpital était vraiment déplorables. Cela nécessitait une nouvelle construction. Mais où trouver des fonds ? Après réflexion les Sœurs cédèrent la vaste maison qui leur avait été construite en 1872 et se réfugièrent dans la maison où se trouvait l’Hôpital.

En 1894, on ajouta à l’Orphelinat une Ecole externe, on bâtit aussi une grande chapelle qui sert de succursale à la Paroisse de THESSALONIQUE.

Ancienne école

Le 20 octobre 1898, une grêle épouvantable et une pluie torrentielle qui dura 24 heures, cassa toutes les tuiles et les poutres de la toiture. Cette dernière étant pourrie, le toit s’effondra. Les Sœurs durent partir en hâte et la maison fut abattue, n’étant pas en état d’être réparée : depuis lors elles furent logées fort précairement et d’une manière provisoire en attendant le moment de la Providence.

 En 1898, la maison de CALAMARI fut détachée de celle de THESSALONIQUE car l’administration devenait trop lourde pour une seule Supérieure. A cette époque, les œuvres des Filles de la Charité à THESSALONIQUE sont : l’Hôpital – les classes -le Dispensaire – la visite des pauvres à domicile et aux prisonniers – la Crèche – les Associations des Dames de Charité et les Jeunes Economes.

LES CLASSES

L’école tenue par les Sœurs à THESSALONIQUE se développa de plus en plus, il fallut construire un local en dehors de la maison qu’habitaient les Sœurs. Mgr BONETTI leur ayant cédé une maison avec de vastes cours, c’est là que furent construites en 1885 les classes, avec une belle salle d’Asile, ce qui permit de commencer cette œuvre qui n’existait pas encore. L’Asile accueillait une centaine d’enfant.  

Le total des classes, Asile compris, étaient de 280 élèves (230 catholiques, 30 israélites et 20 orthodoxes).

LE DISPENSAIRE

Depuis sa fondation, le Dispensaire était très fréquenté, 200 à 250 personnes venaient pour y recevoir des soins ou des médicaments. Les Sœurs arrachaient des dents, faisaient des pansements et des lavages d’oreilles… Les soldats turcs aimaient venir s’y faire soigner. Durant la guerre gréco-turque, la journée n’était pas assez longue pour recevoir tous les soldats qui venaient même de très loin se faire soigner. Ils avaient envers les Sœurs un très grand respect et une grande confiance. Voici un billet écrit par un soldat turc : « mademoiselle chirurgienne, au nom de la charité ayez pitié ! Envoyez un peu de poudre d’iodoforme. Salutations empressées depuis la prison de la citadelle de Salonique. Un soldat » (l’iodoforme est un antiseptique).

VISITE AUX PAUVRES

C’était avec joie que les Sœurs étaient accueillies partout où elles se présentaient. Ces visites étaient faites avec une grande assiduité. Elles étaient appelées de tous côtés, les mères accourraient avec les enfants dans les bras. Les portes des Hôpitaux turcs et des prisons leur étaient toujours ouvertes lorsqu’il s’y trouvait quelques catholiques. On venait toujours prévenir les Sœurs surtout si les malades étaient en danger de mort, les turcs laissaient entière liberté aux missionnaires Lazaristes, en collaboration avec les Sœurs, pour aller administrer les sacrements. Chaque année au Temps Pascal, elles allaient à la prison turque préparer les prisonniers catholiques qui pouvaient s’y rencontrer. Le nombre de visites aux pauvres catholiques dans les années 1890 étaient en moyenne de 2000 par an, et de 3500 orthodoxes.

LA CRECHE

C’est à THESSALONIQUE, à la porte des Sœurs, que sont recueillis les enfants trouvés avant d’être admis à la crèche des Sœurs de Charité de Zetenlik (aujourd’hui, Stavroupolis). Au moment où ils sortaient de nourrice, les Sœurs étaient chargées de leur assurer un avenir.

LES DAMES DE CHARITE

C’est le 17 mars 1867 que l’Association des Dames de Charité a été établie à THESSALONIQUE. Chaque année les Dames organisaient une fête au profit de pauvres. Une Assemblée générale avait également lieu où l’on présentait le compte rendu des recettes et des dépenses de l’œuvre. Grâce à cette Association, en 1895 fut ouvert un Asile pour les pauvres vieillards et les veuves sur un terrain mis à disposition par les Pères Lazaristes.

En 1911 l’Asile, répartis en 8 petites maisonnettes, comptait 38 personnes.

L’ŒUVRE DES JEUNES ECONOMES

Cette Association, qui rivalisait de dévouement avec les Dames de la Charité, avait pour but de procurer des vêtements et des chaussures aux petites filles pauvres des classes.

Fin 1927, toutes ces œuvres fonctionnaient parfaitement bien et servaient une grande foule de pauvres, preuve manifeste de la bénédiction de Dieu pour les œuvres de Saint Vincent de Paul.

 

ZOOM SUR L’HOPITAL SAINT PAUL

Très tôt, l’Hôpital fonctionna dans les meilleures conditions hygiéniques : un médecin, un chirurgien y furent attachés. Toutefois, les malades étaient libres de choisir parmi les autres médecins de la ville. Les différentes Compagnies du Chemin de Fer, la Compagnie de Construction du Port, les différentes Agences de la Ville y firent soigner leurs malades. Les catholiques pauvres de différentes nationalités y étaient reçus gratuitement. Dès les premières années, 250 à 300 malades passaient annuellement à l’Hôpital.

Peu avant la Seconde Guerre Mondiale, le bâtiment subit une heureuse restauration qui en fit un Hôpital moderne. Il était composé de 3 étages, comprenant 45 pièces avec toutes les installations électriques, sanitaires, chauffage, salle d’opérations, radioscopie.

Lors du bombardement du 1er novembre 1940, les malades furent dispersés et l’Hôpital fermé pendant 1 mois et demi. Pour plus de sécurité, il fut alors transféré dans les locaux de l’Orphelinat des Sœurs de CALAMARI et a fonctionné ainsi jusqu’en 1945. Le bâtiment Saint Paul a été réquisitionné par l’armée grecque et transformé en Hôpital militaire, jusqu’à l’arrivée des Allemands en avril 1941. Ceux-ci occupent alors toutes les salles jusqu’au 21 septembre 1944. Ce jour-là, en effet, lors d’un bombardement aérien, des bombes incendiaires tombèrent sur la toiture ; les trois étages partirent en fumée faute de moyen d’extinction.

Le 31 octobre 1944, les Allemands partaient, et le 1er novembre les Sœurs reprenaient possession des lieux.

A partir de 1946, grâce aux dons envoyés par la Divine Providence, avec l’aide de l’Ambassadrice de France à Athènes (Madame de Vaux Saint Cyr), du Consul Général (Monsieur Paul Forion), les travaux de reconstruction de l’Hôpital pouvaient commencer. En novembre 1949, le rez-de-chaussée est de nouveau aménagé. Puis dans les mois suivants, le fonctionnement redevint normal. De nouveaux travaux furent effectués en 1956.

En 1976 un important tremblement de terre endommagea de façon importante le bâtiment. En 1983, les Sœurs cédaient gratuitement l’Hôpital à la Sécurité Sociale avec l’obligation de garder le personnel soignant. Les Sœurs quittaient alors les services, mais une communauté de 3 Soeurs restait sur place afin d’assurer une présence auprès des malades. En 1995, la dernière Fille de la Charité partait définitivement de l’Hôpital.

Sœur Anna, pour le Service des Archives de la Province Belgique France Suisse

Aujourd’hui, s’émerveiller du passé, pour rendre grâce

2ème partie

En 1864, une Visitatrice est nommée, Sœur Renault.

En 1865, Incendie de la Maison Centrale. Il ne reste que des cendres. Quarante sœurs et 120 orphelines sont logées dans nos hôpitaux.

En 1865, le choléra sévit. Plus de place dans l’hôpital municipal, c’est un café turc qui est changé en ambulance. Le médecin grec, seul pour soigner les malades, offrit spontanément le soin des malades à la Sœur qui visitait les malades. Puis la construction d’une ambulance fut confiée aux Sœurs avant la construction d’un hôpital en 1866. En 1867, ordre de la Municipalité de ne plus recevoir de malades, de suspendre les soins du médecin, et en 1868 nouvel ordre de la Municipalité, recevoir à nouveau des malades.

En 1866, l’Orphelinat Cukur, (quartier d’Istanbul) appelé Saint Joseph.

Le Sultan voulant récompenser les Sœurs, elles lui dirent souhaiter une maison pour les orphelines. Ce fut fait et en 1869 elle était terminée. Encore un fait raconté par une sœur.

« Permettez-moi de vous raconter un trait touchant de la bonté de nos ouvriers. Pendant que l’on construisait les murs de la maison, les fonds vinrent à manquer. En leur donnant la solde de la semaine ils furent prévenus que les travaux seraient suspendus pendant quelques temps et qu’ils pourraient s’occuper ailleurs. Il n’y avait que pour trois semaines à peu près d’ouvrage pour couvrir la maison. Bientôt ils se concertent entre eux et un, député au nom de tous, (c’était un Turc) déclare que lui et ses compagnons veulent travailler sans être payés pour que les enfants soient plus tôt logées. »

En 1872, l’Hospice des Artisans. 

L’Hospice né en 1841 est sous la protection de Sa Majesté Impériale le Sultan et des lois du pays.

C’est en 1872 que le Conseil d’Administration demande des Sœurs de Saint Vincent de Paul. Elles commencent à quatre.

En 1878, la Guerre turco-russe, sept ambulances sont confiées aux Filles de la Charité. Mais plusieurs sœurs tombent malades et les Provinces d’Autriche, de Syrie, de Sienne envoient du renfort.

A cette époque les Sœurs à titre de « médecins » peuvent pénétrer dans les harems, et indirectement aider les femmes spirituellement. Entrer aussi dans les prisons, en obtenant même de libérer un homme père de sept enfants.

En 1881, l’Hôpital Geremia, maison donnée par Monsieur Geremia aux Lazaristes pour en faire un hôpital et confié aux Filles de la Charité pour que les catholiques pauvres puissent être soignés.

En 1900, laSoeur Visitatrice veut établir à Bebek une succursale de la Maison Centrale, la maison « Louise de

Marillac » pour procurer aux enfants trouvés un asile plus vaste et mieux aéré.

En 1893, l’Ecole St Vincent, annexée à l’hôpital français de Taxim.

Classes et ouvroir groupent 500 élèves. Mais en 1914, la maison est prise et pillée, les sœurs chassées.

Après la guerre, la maison est transférée et deviendra l’école Ste Pulchérie.

En 1912, la Guerre des Balkans, les Filles de la Charité donnent leurs soins dans 12 ambulances.

Avec la guerre de 1914-1918, le catholicisme est visé, ordre de fermeture des écoles française, le personnel condamné à quitter la Turquie, perquisition aux collèges Saint Benoît et Sainte Pulchérie, les sœurs sont expulsées.

Des sœurs sont emprisonnées. Puis libérées, elles partent pour Salonique dans les ambulances de l’armée française d’Orient, soigner les soldats.

Après la guerre, les maisons se réorganisent. Deux ans plus tard à la Maison Centrale l’école compte 535 élèves.

Dispensaire, orphelinat, crèche, ouvroir fonctionnent de nouveau.

L’hôpital de la Paix n’est pas épargné, mais le Dr Mazar Osman obtient de garder les Sœurs pour soigner les aliénés.

L’hôpital peut recevoir les sœurs des maisons fermées. Tous les bâtiments scolaires qui ont été pillés sont réaménagés par les Sœurs et les classes fonctionnent à nouveau.

En 1920, consolation pour les catholiques, a lieu le Congrès Eucharistique, procession dans les grandes artères de la ville, conduite par la cavalerie turque, escortée par la musique militaire, et grandiose reposoir à Taxim.

En 1923, la République est proclamée en Turquie, Mustafa KEMAL en devient le premier Président.

En avril 1924, tout emblème religieux doit disparaître. Les sœurs sont envoyées en Syrie, en Palestine et en Algérie. En octobre, Rome demande le maintien des écoles. Des sœurs viennent de France.

En 1925, des jours meilleurs ? Non, des problèmes financiers et des difficultés administratives….

En 1930, interdiction de recueillir les enfants abandonnés, ils doivent être envoyés à l’Asile turc.

En 1931 Constantinople devient Istanbul, les classes sont à nouveau florissantes, mais sont à nouveau fermées en fin d’année, puis réouvertes sous une autre forme.

En 1935, une loi interdit le port de tout habit. Les sœurs ont le choix : quitter la Turquie ou quitter l’Habit religieux. Que de souffrances !!! Pour celles qui partent et pour celles qui restent.

En 1937, tracasseries administratives, difficultés financières, manque de personnel, il faut fermer l’orphelinat de Cukur. Les enfants sont replacés dans nos maisons.

« Si le grain de blé ne meurt, il ne peut porter du fruit. »

La vie donnée des Filles de la Charité dans ce pays s’est poursuivie jusqu’en 2021.

Rendons grâce au Seigneur et prions pour ce pays.

Sœur Janine ARNOLD pour le Service des Archives de la Province Belgique-France-Suisse

Aujourd’hui, s’émerveiller du passé, pour rendre grâce

1ère partie

En 1839, pour la première fois, les Filles de la Charité posent le pied sur le sol de Constantinople, précédées par les Lazaristes en 1783. A cette époque, les femmes ne sortent pas, et l’instruction est considérée comme « nuisible et inutile » aux femmes.

En 1839, une école pour les filles est ouverte à St Benoît par Mesdemoiselles Tournier et Opperman (qui deviennent Filles de la Charité) et sous la direction des Lazaristes. Le 8 décembre, deux Filles de la Charité les rejoignent pour prendre en mains l’œuvre commencée. En 1840, trois sœurs rejoignent les quatre premières. Et les classes comptent 230 élèves.

En 1843, la maison compte quinze sœurs, 100 enfants à demeure et 3 classes externes soit 400 élèves, ainsi qu’un ouvroir, un dispensaire, une pharmacie. Les visites des Pauvres à domicile, l’œuvre du catéchuménat, celle de la première Communion et du catéchisme de persévérance s’ajoutent aux autres œuvres.

En 1844, l’œuvre des enfants trouvés à Galata. Enfants recueillis d’abord par nos pères Lazaristes, et confiés à des nourrices. Les Lazaristes sont généreux, l’un offre des berceaux.

En 1846, l’hôpital français, St Louis est confié à nos sœurs. Trois sœurs y sont envoyées. Dès la première année, les malades doublent.

En 1847, ouverture de l’école primaire à Bébek, Saint Joseph, sur les rives du Bosphore. Six sœurs prennent possession de la maison. Elles accueillent des enfants catholiques et arméniennes, des petits orphelins. Les malades sont soignés au dispensaire.

En 1850, l’œuvre des prisons :

« Bien intéressante est l’œuvre des prisons qui commence en l’année 1850. Un ancien domestique des sœurs, étant sorti de chez elles, se fit mettre en prison. Les sœurs auraient bien voulu lui porter secours, mais on leur disait : « jamais vous n’y parviendrez ; jamais on n’a pu pénétrer dans ces repaires affreux et une femme le peut moins encore. » Un jour de Mai 1850 une Sœur du dispensaire de Galata, accompagnée d’une jeune fille du pays hardie et entreprenante, se fait conduire en caïk (bateau) pour visiter quelques malades au fond de la Corne ’Or. En passant devant l’arsenal, qui sert à la fois de forteresse et de prison pour les Turcs, la Sœur se sent pressée de secourir son prisonnier…

Toutes deux abordent. « Que veux-tu ? dit-on impérieusement à la Sœur au premier corps de garde. Voir un prisonnier. Où sont-ils ? en haut. Elles montent ; au deuxième même demande, même réponse.

Elles montent encore ; au troisième elles trouvent des gardes plus nombreux et plus malhonnêtes que les précédents ; que vont-elles subir ? De loin le marmiton de la compagnie aperçoit la Sœur : « Hekim, hekim » (médecin) et toute la respectable société des « cavas » (policiers) de se lever, et de s’incliner devant le « hekim ».

Celle-ci commence à se sentir forte de sa dignité. Elle se met en devoir de satisfaire aux nombreuses consultations que chacun lui adresse, car tous ont trouvé des maux à guérir. Elle leur promet des médicaments et obtient en paiement la visite de la prison… »

En 1853, acquisition d’un terrain afin d’élargir l’orphelinat qui quitte Galata. Acquisition d’un grand bâtiment pour les élèves à côté de la Cathédrale Saint Esprit. Pensionnat remis en 1858 aux religieuses de Notre Dame de Sion.

En 1854 les sœurs entreprennent la construction de la chapelle de l’hôpital. Mais avec la Guerre d’Orient, faute de place dans l’hôpital, les sœurs accueillent les malades dans la chapelle non terminée, ainsi que dans les classes.

En 1854-1855, la Guerre de Crimée :

« Dès le début de la guerre, les Filles de la Charité arrivent nombreuses de France et du Piémont. Quatorze ambulances leurs sont confiées. Les sœurs entourent les soldats français et italiens de leurs soins. Dans le seul hiver 1855-1856, 47000 soldats français entrent dans les hôpitaux, 9000 meurent soit du choléra, soit du scorbut, soit du typhus.

Une centaine de Filles de la Charité contractent le terrible typhus qui décime les armées, et sur 255 sœurs qui viennent successivement au secours de leurs compagnes, 33 sont victimes de l’épidémie. A Galata, 5 salles sont transformées en infirmerie pour les sœurs, et les convalescentes sont envoyées à Bebek. »

En 1856, l’Hôpital de la Paix

L’hôpital de la Paix, à Constantinople est le touchant souvenir du passage de l’Armée d’Orient en cette période troublée. Avant de quitter cette ville, le Général LESPINASSE vient, au nom de l’Empereur, remercier Sœur LESUEUR des soins que les soldats ont reçus des Filles de la Charité pendant la guerre et lui annoncer qu’une décoration va lui être remise. Cette sorte d’honneur ne va nullement aux Filles de la Charité, la Croix qu’elles portent à leur chapelet leur suffit, et elles n’en veulent pas d’autres.

  • « L’Empereur désire vous témoigner sa reconnaissance par quelque chose qui vous soit agréable. »
  • « Ce qui me serait agréable, Monsieur le Général, serait un hôpital à notre libre disposition, où nous pourrions recevoir tous les pauvres qui n’ont ni chancellerie, ni hôpital de leur nation et qui souvent meurent abandonnés, sans que nous puissions les placer, un asile puisqu’il n’y en a point ici pour eux ».
  •  L’Empereur n’a point de possession à Constantinople, il ne peut donc vous donner, mais en son nom, je vous promets le matériel pour cet hôpital désiré. »

En effet, l’armée en quittant Constantinople, laisse aux sœurs en plus des 20 baraques de l’ambulance du camp de manœuvre, le matériel nécessaire pour 300 lits, ainsi que d’abondantes provisions. Les armées anglaises et serbes envoient aussi leurs présents en provisions et matériel et les Turcs, pendant un an laissent aux Sœurs la jouissance du terrain. Ainsi commence, sous les baraques du champ de manœuvre, l’hôpital de la Paix. Sœur RENAULT en est l’organisatrice. L’année suivante le sultan désirant l’emplacement occupé par les Sœurs pour y célébrer le mariage de ses trois filles, fait don en échange, d’un terrain de plus de 2000 m2.

Il y ajoute une somme de 250 000 piastres, environ 45 000 F pour construire la bâtisse de l’hôpital. Le grand Vizir (Ministre) et beaucoup de personnes font aussi des aumônes à cette intention. Enfin, après beaucoup de tribulations, de peines et de fatigues, l’hôpital est construit, et à la fin de 1858, il commence à fonctionner avec une douzaine de malades.

L’hôpital devient rapidement un foyer de charité à en juger par une lettre de Sœur RENAULT :

« Sœur LESUEUR nous envoie tous les petits garçons, enfants trouvés, à mesure qu’ils sortent de nourrice…

Les habitants de Ferriköy, (quartier d’Istanbul) trop éloignés d’une école où ils puissent envoyer leurs enfants, nous ayant fait de pressentes instances, nous avons satisfait leur désir en ouvrant deux classes tout dernièrement…

Nous avons ouvert aussi un petit dispensaire qui est très fréquenté…La Messe du dimanche est entendue par plusieurs personnes qui en étaient privées avant qu’elles n’eussent à leur disposition la chapelle de l’hôpital.

La situation des pauvres aliénés catholiques avait toujours oppressé le cœur de Sœur LESUEUR : il n’y avait aucun lieu pour les recevoir. Avant de quitter cette terre, elle a la consolation de les savoir à l’abri dans une des constructions nouvelles de l’hôpital de la Paix. »

En 1861, l’Œuvre des Bagnes, nos sœurs peuvent y entrer grâce à l’ambassadeur qui a obtenu l’autorisation de l’amiral drogman (interprète) de l’Ambassade. Nos sœurs, chargées de vêtements, de pain blanc et d’oranges visitent les galériens. Ils sont au nombre de 1200. Un médecin italien condamné lui-même aux galères les soigne.

Sœur Janine ARNOLD pour le Service des Archives de la Province Belgique-France-Suisse

A suivre le mois prochain…

Fribourg est la capitale du canton du même nom. Elle se trouve dans la partie ouest de la Suisse. Située dans la vieille ville médiévale, qui surplombe la Sarine. La Sarine coupe le Canton de Fribourg en deux.

Au 18ème siècle, les plus aisés de la ville habitaient au Bourg et à la Grand-Rue, tandis que les plus défavorisés s’installèrent en Basse-Ville, notamment à la Neuveville.

 

Situation de Neuveville dans Fribourg

 

En 1841, une dame française, originaire de Franche-Comté, Adélaïde DE LA POYPE, réfugiée à Fribourg pendant la Révolution française, achète une maison dans la rue de la Neuveville aux Pères Rédemptoristes.

 

Fribourg la Providence

Elle remet cette maison à Mgr YENNY, Evêque de « Lausanne et Genève », pour y accueillir des petites filles pauvres et des malades. Mgr YENNY et Adélaïde de la POYPE demandent qu’elle soit confiée aux Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul. Mais la Compagnie des Filles de la Charité n’accède pas à leur désir par manque de Soeurs disponibles. Ce sont donc les « Sœurs de Ste Jeanne Antide Thouret » de la Roche-sur-Foron (Haute Savoie) qui en assurent le service. Elles y restent jusqu’à la Révolution de 1848, époque où un décret d’expulsion les atteint ainsi que d’autres Ordres religieux. La Maison de la Providence est fermée. En juillet 1850, une Directrice laïque prend la responsabilité de l’Etablissement avec des « maîtresses séculières ». Le nom « Providence » devient « Asile ».

Mgr MARILLEY, nouvel Evêque, craignant que le Gouvernement soit à nouveau défavorable aux Sœurs de la Roche, réitère la demande et obtient trois Filles de la Charité, détachées de la Maison de Charité de Genève.

Le 21 novembre 1858, trois Filles de la Charité arrivent à l’orphelinat, baptisé « Maison de La Providence », rue de la Neuveville.  Elles apportent pour tout bien une petite statue de la Sainte Vierge. Elles lui donnent la place d’honneur et lui confient l’avenir.  A cette époque, FRIBOURG compte 9 000 habitants. Leurs robes bleues et leurs cornettes blanches attirent l’attention.

En janvier 1859, deux autres Sœurs les rejoignent. La Comtesse de la POYE leur remet une rente de quatre mille francs à la condition que cela soit utilisé pour les enfants et pour les œuvres de la charité.

Sœur Marie-Louise THIERY, fut la première Sœur servante. Elles sont appelées « Sœurs de la Providence ». Les débuts sont un chemin de croix. Sœur Marie-Louise supporte, avec une patience inaltérable, des méchancetés et des calomnies. Mais sa confiance est récompensée :

               « Petit à petit, en raison de leur dévouement, du bien qu’elles accomplissent, des misères qu’elles soulagent, la mentalité change, les témoignages de sympathie se multiplient, de solides liens d’amitié se nouent avec des gens de toutes conditions ».

 

Cours des orphelines

L’orphelinat se développe grâce aux agrandissements successifs et aux bienfaiteurs. Il accueille 7 petites filles, puis 12, puis 30, puis 40, jusqu’à 80 en 1870. Leurs parents sont décédés, ou en incapacité de les élever.

               « Bientôt, l’Etablissement jouit d’une telle réputation que des Suisses allemands y placent leurs filles en vue d’y apprendre le français ».

Comme beaucoup ne paient rien ou presque rien, et, que les revenus de la Fondation se montent à quatre mille francs, c’est une lourde charge pour la Maison de la Providence.

Les enfants vont en classe en Ville. Puis sur la demande des parents, les Sœurs ouvrent une école primaire avec l’accord du gouvernement, en 1861.

En 1867, c’est l’ouverture de classes secondaires et une Ecole Normale avec Internat, appelée « Œuvre des Elèves Institutrices ». Les Ecoles Secondaires et Normales fermeront en 1975.

Les demandes de services augmentent toujours…

Au cours de visites médicales à domicile, Sœur THIERY rencontre beaucoup de petits enfants sans surveillance. Elle ouvre un asile (garderie d’enfants) en face du bâtiment de la Providence grâce au produit d’une souscription. 

 

Soeur et enfants

Les parents du quartier manifestent leur reconnaissance aux Soeurs. Bientôt affluent les enfants d’autres quartiers car, à cette époque, aucune école enfantine n’existe à Fribourg. Mais tout augmente, sauf les ressources. Plus que jamais, il faut compter sur la Divine Providence. Celle-ci se manifeste plus d’une fois en des occasions touchantes.

Après les classes primaires, bien des jeunes filles perdent leur temps au lieu de s’adonner au travail. Cette constatation amène Sœur THIERY, à ouvrir en 1860, un Ouvroir externe avec le concours charitable de dames.

Les Sœurs apprennent à ces jeunes filles des travaux de lingerie. Vingt à trente jeunes filles suivent les cours. Une fois formées, celles-ci travaillent à la pièce et sont rétribuées.

En 1859, les filles internes qui le souhaitent s’engagent sur le modèle de la Vierge Marie à servir les pauvres et les marginalisés, à l’exemple de Saint Vincent de Paul au 17ème siècle. 

En 1862, Sœur THIERY fonde l’Association des Enfants de Marie (1). Des jeunes filles externes prennent un engagement chrétien sur le modèle de la Vierge Marie.

 

Procession dans les rues

En 1866, Sœur THIERY quitte FRIBOURG ; elle est remplacée par Sœur GAUDEFROY.

En 1864, les Sœurs ouvrent un atelier de tressages de la paille.

Dès 1867, les Sœurs visitent les prisonniers. Elles servent aussi la soupe populaire et le pain.

Puis, les Communes du district de la Sarine préconisent une étroite collaboration avec l’Evêché et les Sœurs, afin de créer un Hospice.

En 1869, Mgr MARILLEY achète l’immeuble où se trouvent déjà les Classes, l’Asile et l’Ouvroir, en vue de l’ouverture d’un Hospice : « Hospice du district de la Sarine » (2-3).

               « On y admettra des malades et des blessés des deux sexes, des aveugles, d’autres infirmes, des      incurables, à l’exception des aliénés. Des malades y seront soignés gratuitement. »

Lors de la guerre en 1870, à l’entrée de l’armée de l’Est en Suisse, deux Sœurs sont réquisitionnées pour soigner les pauvres soldats français dans le lazaret (4) établi aux Neigles (proche de Fribourg).

En 1871, suite à la guerre franco-allemande, 179 militaires sont établis à la Maison de la Providence.

En 1886, le « Bureau de placement et de la Protection de la jeune fille » s’installe à La Maison de la Providence.

La Maison de la Providence a une succursale dans le quartier de Beauregard où les mamans rencontrent une aide précieuse à la crèche et à l’école enfantine.

En 1888, une pharmacie s’installe à la Maison de la Providence, contrôlée par un médecin.

 

Sr et jeunes filles

En 1898, Sœur KAMOSKA, Sœur servante, ouvre le Patronage Sainte Agnès. Ce groupe de jeunes filles de 13 à 20 ans, organise des séances récréatives. Elles y reçoivent des causeries instructives et une solide formation religieuse de Sœur KAMOSKA, qui les intéresse aussi à la cuisine et à la préparation de leur trousseau, les initie à leur futur rôle de mère de famille. Dans le même temps, les Filles de la Charité établissent un Patronage aussi pour les fillettes de 7 à 13 ans.

En 1901, les statistiques indiquent 28 797 journées de malades à l’Hôpital.  

En 1903, de l’Ouvroir est sorti une grande école de blanchisseuses, tailleuses, lingères et cuisinières. 

En 1904, commence l’œuvre des « Soupes scolaires ». Chaque hiver, à la sortie des classes, près d’une centaine d’élèves des écoles primaires reçoivent gratuitement de la soupe et du pain à discrétion.

 

Dispensaire

En 1906, ouverture d’un Dispensaire pour répondre aux nombreux besoins de la population de la Basse-Ville. Les blessés et les accidentés y reçoivent les premiers soins et y reviennent aussi longtemps qu’il le faut pour le changement des pansements.

En 1908, un Atelier de Confection Professionnel est ouvert ; il remplace l’Ouvroir externe.

 

Salle de confection

En 1911, l’ouverture du Patronage Saint Louis rassemble chaque dimanche 100 à 120 garçons pour entretenir des liens d’amitié.

En 1930, les Soeurs forment des brodeuses, de stoppeuses et des repasseuses.

               Pendant les deux dernières Guerres, des centaines d’enfants réfugiés ont pu trouver un lit sous le vieux toit hospitalier, en attendant le placement dans les familles.

En 1945, après la transformation des locaux, 110 lits pour personnes âgées et malades sont mis à disposition à la Providence.

En 1960, les Filles de la Charité de la Maison de la Providence commémorent le troisième centenaire de la mort de leurs Fondateurs, Saint Vincent de Paul et Sainte Louise de Marillac, et plus d’un siècle d’activité sur les bords de la Sarine.

Durant les années 1960, divers aménagements sont réalisés pour favoriser les soins aux personnes malades, handicapées, hommes et femmes. Sous l’impulsion de la Fondation La Poype et d’une direction laïque, la Maison de la Providence, dans ses murs anciens, s’adapte sans cesse et devient dès 1980, « un Home médicalisé » moderne et fonctionnel (EMS).  Une Communauté de Filles de la Charité y reste présente et collabore avec le service d’aumônerie.

Les œuvres de la Maison de la Providence sont le fruit de l’attention des Sœurs aux diverses pauvretés qu’elles ont rencontrées ; de leur confiance inébranlable en la divine Providence et de la générosité des Fribourgeois (quêtes à domicile, kermesses…). Les « bienfaiteurs » ont été les « collaborateurs » précieux de leur service des pauvres.

Service des archives de la Province Belgique France Suisse

 

 

 

  • Association des Enfants de Marie : fondée après les apparitions de la Vierge à Sainte Catherine Labouré en 1830 à Paris.
  • District de la Sarine : un des sept districts du canton de Fribourg en Suisse. Son chef-lieu est Fribourg.
  • La Sarine est une rivière de Suisse qui traverse longitudinalement le canton de Fribourg. 
  • Lazaret : lieu où sont isolés les sujets suspects de contact avec des malades contagieux.

 

Du XVIIème au XIXème, beaucoup d’Hôpitaux font appel aux Filles de la Charité et à d’autres Congrégations hospitalières réputées plus sûres, disponibles et peu coûteuses pour gouverner un « Hôtel-Dieu » ou un « Hôpital Général ». De plus, la Règle et le charisme de la Congrégation des Sœurs de Saint Vincent de Paul, qui font un 4ème vœu « le service des pauvres » forgent un état d’esprit mis « au service des pauvres malades ». Durant cette période, elles étaient présentes dans un grand nombre de Diocèses.

Dans les hôpitaux, hospices et les Bureaux de Bienfaisance, des Filles de la Charité ont eu la mission de préparer les médicaments pour soigner les malades. Elles étaient chargées de confectionner des potions et mélanges guérisseurs ou préventifs dans des « apothicaireries », qui devinrent des « pharmacies » après la Révolution. Si l’office de la Sœur apothicaire est peu décrit dans le contrat entre les administrateurs des hôpitaux et les Supérieurs de la Congrégation, le poste qu’elle occupe est plus important qu’il n’y paraît.

 

 

  • Dès 1682, à l’Hôtel-Dieu d’ANGERS (Maine-et-Loire), une des vingt-cinq Filles de la Charité reçue la charge de l’apothicairerie.

 

Son rôle est « d’entretenir la pharmacie, de faire des huiles, des miels, des onguents, des sirops, des eaux, des emplâtres, des électuaires (1). Elle est chargée de la confection de poudres, de sucre de réglisse, d’infusions, d’onguents et de cataplasmes. Elle fait aussi la distribution des remèdes et la gestion de l’apothicairerie. Les produits sont d’origine végétale (herbes et fleurs) et animale.  Elle contribue ainsi à soulager les pauvres malades en préparant divers remèdes.

 

 

 

 

 

  • En parcourant les inventaires des archives de France de ces époques, nous découvrons des lieux où sont mentionnées des apothicaireries ou des pharmacies tenues par des Filles de la Charité :

Alise-Sainte-Reine – Angers – Auch – Bailleul – Beaune – Bayonne Saint Léon – Bazas – Beaumont de Lomagne – Castelnaudary – Chantilly – Châtillon-sur-Chalaronne – Compiègne – Drancy – La Beaume-d ’Hostun – La Gennevray – La Teppe – Le Tréport – Lodève – Lyon Saint Jean – Montpellier Miséricorde – Moutiers Saint Jean – Rouen –  Tournus – Saint-Denis – Saint-Germain-en-Laye – Saint-Macaire – Saint-Malo – Senlis – Thourotte – Ussel.

Pharmacie de Bazas

Pharmacie de Bazas

A Paris, les Communautés : des Invalides – de Notre Dame de Bercy (2), de Notre Dame de la Gare, de St Jean de Montmartre, de St Jacques du Haut Pas, de St Jacques St Christophe, de St Louis en L’Ile.

 

 

  • L’œuvre de la Communauté des Sœurs de MONTPELLIER (Hérault) au 1 rue de la Monnaie, à « La Miséricorde » et au « Bureau de Bienfaisance ».

 

« En 1715, installation d’un dispensaire et d’une « Apothicairerie ». L’ensemble est baptisé « La Miséricorde ». A la pharmacie sont préparés les médicaments distribués aux pauvres de la ville. On leur donne aussi du bouillon tous les matins et on fait les pansements. »

 

« Les lettres patentes donnée par le Roi en 1771 à Fontainebleau, consacrent l’existence légale de la Miséricorde et fixe son rôle : la visite et le soin des malades à domicile, la distribution de bouillons et de remèdes préparés dans l’apothicairerie de la maison… Le programme à exécuter est défini : bouillon, écoles et apothicairerie ».

 

A la Révolution, « le départ des Sœurs exciterait le plus grand mécontentement parmi le peuple ». L’Agent national, préposé pour recevoir le serment à la constitution civile du clergé, sentit la perte irréparable qu’allait faire la cité : alors, changeant hardiment la formule, il leur proposa de « promettre à Dieu de continuer à servir les pauvres comme par le passé »

 

En 1796 « Le Bureau de bienfaisance a ses médecins propres, ses chirurgiens, sa pharmacie dans laquelle sont gratuitement exécutées toutes les ordonnances prescrites par son service médical. Il utilise les services de vingt Sœurs de Saint Vincent de Paul qui visitent les indigents, gèrent la pharmacie et y préparent elles-mêmes tous remèdes… ».

Le développement de l’œuvre nécessite d’agrandir l’Apothicairerie qui se dote de pots de plus en plus raffinés, commandés d’abord à de simples potiers puis par la suite à des Maîtres Faïenciers qui les décorent de plus en plus artistiquement : les pots droits de forme cylindriques, les grandes cruches, les chevrettes, les petits pots, les pots blancs, les petits vases sur piédouche (3).

En 1839 « Les prescriptions de 7 médecins sont exécutées à la pharmacie, où les drogues sont toujours de première qualité et manipulées avec une rare propreté ; on y trouve les préparations les plus coûteuses… on exécute trente-six mille ordonnances. Quatre Sœurs desservent la pharmacie ; elles font aussi tous les jours, de dix à onze heures, les pansements que tout individu peut réclamer, en se présentant dans la salle chirurgicale. »

« Les produits pharmaceutiques sont enfermés dans des bocaux placés sur des étagères ouvertes qui garnissent les murs, en faïence blanche. Le nom des produits sont inscrits en manganèse ou en bleu dans un encadrement de traits, de rubans, de branches en bleu chatironné (4) très souvent de manganèse ».

En 1830, un article leur notifie : « Les sœurs de la charité, préposées aux pharmacies des hospices, ne peuvent débiter ou vendre des médicaments à des individus étrangers à l’hospice ».

 

 

  • A l’Hospice de SAINT-MACAIRE (Gironde)

 

Quelques habitants de la Ville, s’étant adressés aux Sœurs de la Charité de l’hospice, pour avoir des remèdes dont ils avaient besoin, ces remèdes leur furent vendus et le prix versé à la caisse de l’hospice. « Un pharmacien a cité en justice la Supérieure de l’hospice pour fait de vente au poids médicinal : sirop de violettes, sirop de pêche, farine de lin, pastilles et pommade verte ».

La décision du Ministère Publique est : « les Sœurs ont pu être induites en erreur par une circulaire du ministre de l’intérieur qui paraissait les autoriser à vendre certains remèdes connus sous le nom de magistraux (5) ; aucune peine ne saurait être prononcée contre la dame X » (la Supérieure).

Au sein de leur Congrégation, ces femmes ont assuré un service avec une compétence qui se transmettait tout naturellement de l’une à l’autre. Dans des registres et des petits carnets sont consignées les recettes de la Pharmacie auxquelles l’apothicaire nouvelle peut se référer, héritage de plusieurs siècles d’observations. Formées de façon empirique (6), elles acquièrent une solide expérience et une véritable autonomie par rapport au corps médical. Mais elles assumaient cette mission en lien avec les médecins qui faisaient les ordonnances. Les 4/5 des produits achetés sont d’origine végétale (herbes et fleurs).

 

Dans leur correspondance, Saint Vincent de Paul et Sainte Louise de Marillac, eux-mêmes, indiquent des remèdes à prendre pour se soigner :

  • l’hydropisie : « un demi-verre de jus de cerfeuil, avec autant de vin blanc, bien versé par un linge, pris à jeun, sans manger que deux heures après et boire qu’un demi setier (7) de boisson par repas… » (St Vincent – Coste I,519)
  • la gravelle (8) : «je vous envoie un mémoire concernant la manière de faire l’eau qu’on prend pour remède contre la gravelle, la façon d’en user et ses propriétés » (St Vincent – Coste VI, 601)
  • le rhume : « j’ai pris tous les soirs une espèce de sirop de julep (9) que notre frère Alexandre me donne. Quant à l’état de mon rhume, il est diminué de la moitié de la petite incommodité que j’en avais… » (St Vincent – Coste VI,136)
  • l’ulcère à la jambe : « Si vous le jugez à propos, essayez cette douce pommade, en frottant légèrement et par-dessus un linge mouillé en 2 doubles dans de l’eau tiède… » (Ste Louise à St Vincent – Coste V,465)

 

Les Filles de la Charité se seraient-elles pas les dignes héritières de leurs Fondateurs ? En envoyant des Sœurs pour soigner les soldats sur les champs de bataille, ils devaient leur donner de bons conseils pour soigner les blessures !

Vincent de Paul et Louise de Marillac ont voulu des « Filles de la Charité » au Service des pauvres partout où il y a des souffrances à soulager, des soins à donner. La Sœur qui, dans sa pharmacie, prépare ce qui va soulager le malade répond au charisme voulu par les Fondateurs.

 

 

Service des Archives de la Province Belgique France Suisse des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul

 

 

  1. Electuaires : médicament d’usage interne à consistance de pâte molle, constitué d’un mélange de poudres fines avec du sirop, du miel ou des résines liquides.
  2. La Communauté a pour nom celui de la Paroisse
  3. Piédouche : petit socle servant de piédestal.
  4. Chatironné : en céramique, une ornementation où les couleurs sont entourées d’un trait noir ou violet.
  5. Remèdes magistraux : médicaments composés sur le champ d’après l’ordonnance du médecin
  6. Demi setier : quart de litre de vin.
  7. Empirique : qui ne s’appuie que sur l’expérience, l’observation, non sur une théorie ou le raisonnement.
  8. Gravelle : petits corps granuleux semblables à du sable ou à du gravier.
  9. Sirop de julep : à base d’eau distillée, d’eau de fleur d’oranger, de sirop, de gomme arabique.