A l’Hôpital de la Paix, les Sœurs s’en vont…

Petit rappel historique   

« Après la guerre de Crimée (1854- 1856), le gouvernement ottoman voulant reconnaître les services rendus par les Filles de la Charité dans les ambulances de l’armée et ne pouvant leur faire accepter des décorations, songea à les récompenser sous une autre forme. Le Sultan Abdülmecit, sur la requête de l’ambassade de France, concéda aux Sœurs un vaste terrain situé aux portes de la ville, à Sisli. C’est là qu’elles construisirent un hôpital qui, en souvenir de son origine, fut appelé La Paix. (La Paix 1858-2008 Rinaldo Marmara)

Ce bref rappel des débuts nous introduit dans l’hôpital de la Paix. Durant les premières années, les Sœurs accueillent des orphelins, des pauvres, des personnes âgées. Fin 1858, y sont admis les premiers patients, puis les malades mentaux, quelles que soit leur religion et leur nationalité et cela jusqu’à nos jours. ¨ ! L’hôpital devient alors le premier hôpital psychiatrique de Turquie. Et nous voici en 2021 ! Ce sont de belles pages d’histoire de la Compagnie des Filles de la Charité qui ont été écrites par nos vaillantes devancières durant chacune de ces 163 années ! Le grain tombé en terre a porté beaucoup de fruits…, mais aujourd’hui, les forces jeunes manquent et ce n’est pas sans peine que les Supérieurs ont pris la douloureuse décision de la fermeture de la communauté. Le manque de jeunes Sœurs pouvant venir apprendre la langue et s’inculturer dans ce pays est un des motifs majeurs de cette décision. Cependant, nous devons tout d’abord rendre grâce à Dieu pour tout le bien réalisé par celles qui nous ont précédées au cours des siècles. Tant de malades, d’enfants, de pauvres ont été aimé et servi dans cet hôpital. Dieu seul le sait !

« L’Amour est inventif jusqu’à l’infini » disait St Vincent de Paul et aujourd’hui, il nous encourage à poursuivre la mission en collaboration avec des laïcs.

Progressivement, la communauté a transmis les responsabilités, tout d’abord en engageant des infirmières diplômées pour répondre aux exigences de l’Etat. Puis la Direction de l’hôpital a été confiée à un administrateur turc. Actuellement, c’est un médecin turc qui en est le Directeur. Nous collaborons avec eux, comme cela est précisé dans notre Règle de vie : « Les Sœurs travaillent avec d’autres personnes en collaboration loyale, dans un esprit de partage et la mise en œuvre des valeurs que la Compagnie cherche à vivre… Statut 9 ».

Déchargées de la responsabilité, durant ces dernières années, les Sœurs ont fait ces passages importants, en étant une simple présence au cœur de l’hôpital, rendant quelques services, mais surtout en étant là, en aimant, en partageant, avec le langage du cœur et l’attention aux plus démunis ! Notre départ va sans doute créer un vide chez les malades et le personnel, mais les liens d’amitié tissés sont fixés dans nos cœurs reconnaissants pour tout ce que nous avons reçu. Dernièrement, nous avons fait un pèlerinage à Meryem Ana afin de remercier La Vierge Marie de tout ce que nous avons reçu durant notre séjour ici, à commencer par sa protection. Elle veille sur la Paix depuis le jardin où sa statue est érigée.

Et c’est une immense action de grâce qui monte de nos cœurs dans la petite chapelle de Meryem Ana, sur la colline du Rossignol. Nous lui confions l’hôpital et tous ses habitants…l’Eglise de ce pays, ainsi que l’avenir de ce coin du monde !

Chacune de nous va repartir dans son pays. Sœur Minh au Vietnam, Sœur Bruna en Italie, Sœur Madeleine en Suisse, mais il est certain que la Turquie restera gravée dans nos cœurs.

Au revoir ! Nous vous gardons dans notre cœur et notre prière.

                                                                                   La communauté de « La Paix »

Sources : « La Paix 1858-2008 » Rinaldo Marmara

Archives de la communauté

Cet article a été écrit pour la revue « PRESENCE » qui donne les nouvelles de l’Eglise de Turquie.

Et maintenant….

Nous vivons notre dernière semaine à « la Paix »   et nous voyons chaque jour combien notre départ est ressenti émotionnellement autour de nous et en premier, par la communauté des Filles de la Charité de l’hôpital autrichien de St Georges, ainsi que le personnel de « La Paix », qui viennent en groupe et individuellement nous dire au revoir, en plus des adieux émouvants au personnel qui ont déjà  eu lieu, les malades chroniques auxquels nous sommes très attachées, une famille de réfugiés syriens et  les personnes en difficulté que nous avons aidées etc…

Nous espérons vraiment que le comité d’accompagnement du Directeur de l’hôpital, mis en place par Sœur Elise, soit une aide pour lui et  un lieu de réflexion, de dialogue et de discernement pour l’avenir de l’hôpital, et la poursuite de la mission auprès des malades psychiatriques.

Nous les confions à St Vincent et Ste Louise… Inch Allah !  “Güle , Güle…. Au Revoir!”