Genève, histoire du Vicariat
L’événement « déclencheur » : l’incendie de l’église du Sacré-Cœur de Genève le 19 juillet 2018.
En tant que Filles de la Charité, cet événement ne nous a pas laissées indifférentes, car l’église du Sacré-Cœur avait été notre église pendant des années, lorsque nous avions la Communauté rue Général Dufour.
L’incendie du bâtiment et de tous ses locaux a contraint l’Eglise catholique et ses responsables à réfléchir à l’avenir de cet édifice, jusqu’alors un peu sous-occupé. Après réflexion, il a été décidé de louer ou vendre le siège de l’Eglise catholique genevoise, appelé le Vicariat », situé rue des Granges, dans un quartier résidentiel, plutôt aisé, et de transférer ses activités au centre-ville, à proximité des principaux lieux d’activités, dans un endroit plus accessible à tous, notamment par les transports publics. Ce déménagement a permis de regrouper, au Sacré-Cœur, sous un même toit, une église, différents services pastoraux et même un restaurant. Depuis juillet 2024, l’église reconstruite avec ses annexes, remplace donc le « Vicariat » et devient la Maison diocésaine. La réouverture de cette église permet aussi aux catholiques hispanophones de retrouver leur lieu de culte. La situation privilégiée de cette église et sa nouvelle conception lui permet d’être ouverte à toute personne qui désire s’y arrêter, s’y rencontrer et s’y recueillir. Pour l’Eglise catholique de Genève, une nouvelle page de son histoire a commencé à s’écrire. Et modestement, nous faisons partie de cette histoire.
Avant de quitter définitivement le « Vicariat », la population genevoise a été invitée à une journée « Portes ouvertes ». Ainsi, avec les Sœurs de Genève, nous avons pu visiter une dernière fois, cette maison dans laquelle nos sœurs ont vécu de 1930 à 1962.
Le 13 février 2024, a été l’ occasion d’évoquer l’engagement des sœurs avec de nombreux visiteurs.
L’immeuble de la rue des Granges se trouvait dans la vielle-ville, loin des transports publics et pour y aller, il fallait monter, rejoindre la maison par des rues pavées. « Allant et venant », après une journée passée auprès des pauvres, ce n’était pas facile !
Dans cette maison, qui regroupait quelques activités pastorales, les sœurs y avaient un appartement dans les combles. En fait, des chambres de louage ! Elles s’y retrouvaient chaque soir, au retour de leurs services, pour vivre un bon temps de vie fraternelle et de partage, comme nous le rappelait récemment Sr Colette, qui y a vécu les 2 dernières années, avant de fermer la communauté. C’est de là que les Soeurs partaient le matin pour rejoindre les pauvres qu’elles servaient en ville et à la campagne. Leurs services : soins à domicile, visite des malades, des personnes seules et familles en situation précaire, enseigner le catéchisme et même, organiser des colonies de vacances en été, en lien avec les paroisses.
Au rez-de-chaussée de la maison, une sœur assurait une présence pour les consultations sociales et pour divers services d’hygiène et de soins. C’était avant tout un lieu de conseils et d’écoute. Il n’y avait pas de dispensaire à proprement parler. D’autres lieux de soins, confiés aux sœurs étaient établis dans d’autres quartiers : Chêne-Bourg, Rue Général-Dufour et Lancy. Aujourd’hui, tous ces services sont repris, sous d’autres formes, par l’Etat.
Pour rappel historique
Des Sœurs étaient déjà venues à Genève de 1810 à 1876 avant d’en être expulsées le 23 août 1875, comme d’autres congrégations religieuses, dans un contexte politique et religieux tendu. Les Filles de la Charité avaient été des pionnières et elles ont été les dernières à quitter Genève, malgré tous ceux qui s’opposaient à leur départ. Ils reconnaissaient tout le bien fait aux pauvres et les besoins de la population catholique qui ne bénéficiait pas des mêmes droits que tous. Elles ont été contraintes à l’exil.
Elles sont revenues à Genève en 1929, dans le quartier ouvrier de la Jonction. L’Abbé Schuh, voyant les besoins des mères, obligées de travailler, avait fait appel aux Filles de la Charité pour l’ouverture de la Crèche Ste Clotilde, première crèche à Genève. Les Sœurs y ont servi les enfants et la paroisse jusqu’en l’an 2000. Quand l’Eglise se fait proche, elle peut être prophète…